Ne cherchez pas , c’est chez Hatology que les perles réapparaissent ces temps-ci. Un travail intelligent sur un catalogue exigeant, c’est assez rare pour être signalé.
En préambule, ne manquons pas de dire que le disque de Marc Copland avec Drew Gress et Jochen Rueckert, Haunted heart & other ballads a égelement été réédité. Thierry Giard l’a chroniqué ici.
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PAUL BLEY, FRANZ KOGLMAN, GARY PEACOCK : "Annette"
> hatOLOGY 564 - distribution Harmonia Mundi
Paul Bley : piano / Franz Koglmann : trompette / Gary Peacock : contrebasse
Touching 1 / 2. El Cordobes / 3. Cartoon / 4. Albert’s Love Theme / 5. Kid Dynamite / 6. Miracles / 7. Blood 1 / 8. Annette / 9. Both / 10. Blood 2 / 11. Mister Joy / 12. Touching 2
Annette Peacock est une artiste culte qui n’enregistre que très parcimonieusement depuis presque un demi-siècle. Ses compositions sont tenues dans l’estime la plus élevée par beaucoup de musiciens respectés, notamment ses deux anciens maris, Gary Peacock et Paul Bley. C’est pourtant bien Franz Koglmann qui est à l’origine de ce disque paru en 1992 et réédité aujourd’hui. Cette « célébration » est un régal. La délicatesse et de l’émotion crue de compostions tristes d’Annette Peacock, mais si belles dans leur nudité, sont parfaitement relues par des musiciens exigeant qui ont su traduire l’univers étrange, et quelquefois difficile d’approche, de l’artiste new-yorkaise. Le souffle délicat de la trompette, la juste mesure, la profondeur aussi, de la contrebasse et les savants placements du piano marient les nuances avec un brio sans fard. Le clair obscur qui en résulte est un ensemble de pièces parmi les plus belles enregistrées chez Hatology.
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RAN BLAKE : "That certain feeling (George Gershwin songbook)"
> hatOLOGY 699 - distribution Harmonia Mundi
Ran Blake (piano) / Ricky Ford (tenor saxophone) / Steve Lacy (soprano saxophone)
Un peu plus rythmique qu’à l’habitude, Ran Blake livre ici une vision musicale de Gershwin qui privilégie la matière. Les chansons de Gershwin (avec ou sans paroles) ne sont rien moins qu’excellentes, on le sait depuis longtemps. Formellement improvisées par Blake, accompagné de Steve Lacy et Ricky Ford), elles demeurent, parées de l’imaginaire blakien, aussi évocatrices qu’à l’origine. Loin des interprétations familières, Ran Blake leur offre une éloquence autre, notamment grâce l’application systématique des particularités de son jeu pianistique. D’authentiques constructions nouvelles naissent ainsi sous ses doigts. Ricky Ford et le regretté Steve Lacy, quand ils interviennent, ne sont pas en reste. Il y a dans ce disque tout le meilleur d’une vision aventureuse du jazz : la richesse d’une spontanéité réfléchie, la prescience des grands improvisateurs, leur insondable originalité et le goût du beau.
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