Le Périscope, Lyon le 16 novembre 2010

Au Périscope, les semaines se suivent et se ressemblent. Las ! il y a toujours des groupes de qualité à écouter. Au programme hier, le jeune saxophoniste néerlandais Joris Roelofs accompagné par Aaron Goldberg, Joe Sanders et Greg Hutchinson. Excusez du peu.

  • Joris Roelofs : saxophone, clarinette basse
  • Aaron Goldberg : piano
  • Joe Sanders : contrebasse
  • Greg Hutchinson : batterie

A mi-chemin ou presque d’une tournée européenne, le quartet du jeune Joris Roelofs (né en 1984) était de passage à Lyon pour une unique date en France. Quatre instrumentistes remarquables, dont trois connus de longue date, qui font entendre un jazz contemporain ancré dans la tradition, sur le papier, c’est l’assurance que la soirée sera bonne, et plus si affinité.

Joris Roelofs
16/11/2010, Lyon

De fait, le concert fut plaisant bien que le trio piano, basse, batterie, ait quelquefois donné l’étrange impression de ne pas toujours comprendre les chemins de traverse empruntés par le saxophoniste. Joris Roelofs, lauréat de nombreux prix (dont le Stan Getz/Clifford Brown Fellowship Award, une première pour un musicien européen), très convaincant à la clarinette basse, est à l’évidence un impeccable soliste. Il nous a cependant paru, à certains moments, hésitant dans le placement, voire flottant. Aaron Goldberg, lui, attentif de bout en bout, a su tenir (et soutenir) l’ensemble par une présence pianistique aussi solide qu’imaginative. Aidé en cela par un Joe Sanders au placement scrupuleux et un Greg Hutchinson en gardien du temple vitaminé (pléonasme), il a déployé un savoir-faire appréciable, avec une réelle autorité, pour que cela passe (bien, de préférence). La cohésion ne fut donc pas toujours au rendez-vous d’un concert néanmoins de bonne facture et, nonobstant ce bémol, on sait gré aux musiciens d’avoir "mouillé la chemise" avec plaisir et convivialité. Mais on demande une séance de rattrapage avant d’avoir un avis définitif sur la question.

Tiens d’ailleurs, nous nous étonnons de voir de plus en plus souvent en tournée des groupes qui n’ont pas toujours assez travaillé en amont pour offrir dès les premières dates des sets de "qualité supérieure" ! Est-ce un manque de chance ? Un hasard malencontreux ou une constante en développement ? Toujours est-il que c’est quelquefois désagréable pour le public et, qu’à long terme, cela risque d’être dommageable pour les musiciens. Le jazz a bien assez d’ennemis dans les sphères publiques de la culture pour éviter d’en rajouter de l’intérieur par des comportements qui empruntent plus à la légèreté qu’au travail peaufiné. Enfin... nous aimons croire au malencontreux hasard. D’autant plus qu’il existe bien de possibles aléas pour qu’un combo soit moins en verve certains soirs, ce qui ne le disqualifie ad vitam aeternam.

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