On prend les mêmes et on continue.

Et bien voilà, nous y sommes : 19 novembre. Le beaujolais nouveau trône sur les comptoirs et on dit du millésime qu’il a « une belle rouge avec une structure et une rondeur tout en finesse, un nez fait d’arômes de framboise, de groseille et en bouche des tanins vifs mais longs et souples ». Aucun chimiste n’a été interviewé.

Plus fort que ce pinard de marketing, il y a le trio de Louis SCLAVIS en résidence au Triton. Lui, on peut en abuser.

  • Il est fortement conseillé d’en abuser.
  • Sûr que le lendemain, personne ne portera de casquette à boulons ni ne souffrira de flageolant dans les guibolles.

Ah la vache, quel concert !! Prenant, saisissant, superbe, jubilatoire !! Le pied taille 52. Nains s’abstenir.

  • Autant dire que la résidence de ce trio est déjà un grand succès. Et SCLAVIS, grave comme un croquemort de rire, a annoncé le changement de nom du trio : « on s’appelait Lapidaire, d’aucuns nous ont fait remarquer que ça rappelait l’Iran. Ce soir, on s’appelle Simple Forms. ( Rires dans la salle ). Pour demain, on verra. »
Louis Sclavis

Là aussi, c’est work in progress. Et ça progresse à pas de géant ( le contraire de « nain » ).
Qu’est-ce qui a évolué depuis le 24 septembre ?

  • D’abord le public est là. Des jeunes et des moins jeunes. Qui ne boudent pas leur plaisir. Écoute totale, respiration ramenée au minimum vital puis grands soupirs d’aise et de benaise ( d’accord, il ne gémit pas encore mais la prochaine fois, qui sait ? ).

Les deux musiciens électro-bidouilleurs, Benjamin MOUSSAY, claviers, et Gilles CORONADO, guitare et machins, n’ont rien lâché de leur monde sonore, ils en ont même remis une couche et le souffleur, Louis SCLAVIS, clarinettes, a trouvé le son, le rythme, le genre qui va bien avec.

Des thèmes (numérotés de 1 à 28….., le premier joué N°1, le second N°3, le troisième N°7, etc, simple, non ?) déjà entendus en septembre, remaniés, réajustés et exécutés avec une précision qui relève du pied à coulisse ( là, c’est du SCLAVIS dans la partition), des chorus justes comme il faut, ni trop, ni trop peu avec une complicité-intimité-synchronie telles que, écouté les yeux fermés, ce trio est UN. Bon, d’accord, ça fait limite mystico-allumé mais quand même : ne sommes-nous pas témoins ( et co-acteurs ) de ce phénomène qu’Edgar MORIN, l’homme de la complexité, a nommé « émergence » et défini ainsi :

  • "L’émergence consiste dans le fait que d’une organisation, qu’elle quelle soit, à un moment donné apparaissent des propriétés et des qualités qui n’existent pas dans les éléments qui la constituent".
  • Ah ! La vache, quel concert !
  • Et vivement le 16 décembre, pour la troisième couche !

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