Une de ces associations qui font avancer le jazz...

De notre point de vue, le jazz n’est surtout pas un simple produit de consommation fut-elle culturelle. On ne le "vend" pas à travers une campagne de promotion et des effets d’annonce. La diffusion du jazz et des musiques improvisées ne peut se dissocier de projets porteurs de valeurs fortes sur le plan artistique, humain, social (voire sociétal). Un sens de l’engagement qui fait la différence pour conquérir un public autrement par l’éveil de la curiosité pour le plaisir de la découverte.

À travers notre territoire national, des militants de l’action culturelle se mobilisent pour défendre leurs conceptions de l’art et de la culture avec le support d’associations qui contribuent à garder l’espoir... Ils se regroupent et s’organisent à travers des structures fédératrices : FSJMI [1], SMA [2] et d’autres encore...

C’est ainsi qu’au bout du bout de la France, côté ouest, une association œuvre depuis 1997 pour "promouvoir le jazz et les musiques improvisées en faisant intervenir des artistes régionaux, nationaux et internationaux." À l’origine de Penn Ar Jazz, le clarinettiste Christophe Rocher a voulu prendre le contrepied de Dizzy Gillespie qui aurait dit un jour "Si vous ne savez pas encore ce qu’est le jazz, ce n’est pas la peine de poser la question."

Penn Ar Jazz : le visuel de la saison 2010-2011, régalez-vous !

Dans cette association du Penn-ar-Bed (le Finistère en langue bretonne), on s’interroge sans cesse et on cherche à définir les dimensions du jazz "dans tous ses états" à travers des actions de diffusion, de formation, et de sensibilisation en milieu scolaire par exemple. Des artistes en résidence présentent leur travail au public, s’associent à des musiciens locaux dans un esprit de partage. C’est en cela que Penn Ar Jazz se définit comme "un lieu d’échanges, de rencontres et de création avec les autres disciplines et structures artistiques de Brest et du Finistère".

Dans la mission de Penn Ar Jazz, le champ du jazz englobe très largement les musiques d’improvisation, la free music ou ce que les afro-américains appellent creative music. Nous ne pouvons que rendre hommage à la prise de risques qu’impose la défense de musiques à la fertile exigence.

Les actions prévues à Brest et dans la région pour les cinq premiers mois de 2011 méritent un coup de projecteur particulier. Loin d’être perdu à la "fin des terres", ces brestois et finistériens sont au contraire à la pointe de l’innovation par la qualité et l’inventivité de leur programme et des actions qu’ils entreprennent. Certes, ceux qui aiment le jazz "peinard" risquent de devoir reformater leurs oreilles pour découvrir des formes d’expression diverses et variées mais jamais éloignées des "fondamentaux" du jazz. Il y a en pour bien des goûts !

Parmi les événements organisés par Penn Ar Jazz, nous en soulignerons quelques-uns en vous invitant à une lecture attentive du programme (à télécharger en .pdf) pour profiter de des textes d’introduction qui en disent long sur l’état d’esprit qui règne dans cette structure fort sympathique qui sait aussi ne pas (trop) se prendre au sérieux.

> À (re)découvrir absolument car on ne les entend guère (voire pas du tout) ailleurs : le trio du saxophoniste Charles Gayle (26 janvier - Brest) ; le quartet du violoncelliste américain Daniel Levin avec son univers si singulier, proche lde la musique de chambre (22 février à Brest) ; le quartet "all new-stars" du contrebassiste Michael Formanek (9 avril-Brest)... entre autres...

Tony Malaby à Junas, le 23 juillet 2010
Photo © CultureJazz

> Quelques "noms" du jazz actuel, toujours d’une grande vitalité : le batteur Ari Hoenig en trio (17 février - Brest) ; le quartet Apparitions, à deux batteurs (rien que John Hollenbeck et Tom Rainey !) du saxophoniste Tony Malaby (26 mars - Brest) ; le trompettiste Dave Douglas et son Brass Ecstasy (un clin d’œil au regretté Lester Bowie) (13 avril - Brest) et Steve Coleman & Five Elements (4 mai - Brest). Le saxophoniste sera à l’honneur en mai puisqu’il assurera la direction artistique du concert du 21 mai (Brest) : Nimbus Orchestra (grande formation finistérienne) jouera la musique de Steve Coleman.




> Parmi les musiciens "nationaux" (et pour certains, résidents des terres bretonnes) :

Pellen / Ziad / Callac : "Offshore"
Boutou Productions

Le guitariste Jacques Pellen jouera en trio avec le batteur Karim Ziad et le bassiste Étienne Callac le 21 janvier (Espace Vauban - Brest). Ils présenteront la musique d’un nouveau disque fort intéressant (et très accessible pour un large public !), Off Shore (chronique sur CultureJazz). Ils inviteront pour l’occasion l’harmoniciste Olivier Ker Ourio. Une forme de rencontre entre la Bretagne et le Maghreb... Dans le même esprit inter-culturel, le violoniste Jacky Molard présentera son projet "N’Diale" le 9 février (Brest).

François Corneloup (saxophone baryton) jouera avec Hélène Labarrière (contrebasse) et Simon Goubert (batterie), à savoir son trio actuel ("Noir Lumière") le 12 mars à Brest.

Ce n’est là qu’un aperçu parcellaire (et partial ?) sur un programme exemplaire... en attendant la prochaine saison et la nouvelle édition de l’Atlantique Jazz Festival en octobre 2011.

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> Liens :

[1Fédération des Scènes de Jazz et de Musiques Improvisées - www.la-fedurok.org/FSJ-

[2Syndicat des Musiques Actuelles - www.sma-syndicat.org -