Un soir au George’s Club.

Un concert au George’s Club le jour d’un mariage princier en Grande-Bretagne, ce pourrait presque être un clin d’œil des granvillais aux anglais. Il n’en est rien. Juste l’opportunité d’investir un lieu habituellement réservé par d’autres musiques nocturnes pour y faire écouter le jazz exigeant et personnel du saxophoniste Sylvain Cathala.

Après une soirée test dans ce club lors du festival Jazz en Baie en août 2010, un petit noyau de passionnés (où on retrouve notre ami incontournable Christian Ducasse) a profité d’une date disponible dans la tournée du trio pour réussir un joli coup : organiser ce concert, faire venir Yvan Amar pour qu’il capte ce concert dans le cadre du Jazz Club qu’il présente chaque vendredi sur France Musique et réunir un public nombreux et (relativement) attentif pour remplir ce lieu. Bien joué !

Christophe Lavergne, Sylvain Cathala, Sarah Marcia à Granville, le 29 avril 2011.
Photo © Christian Ducasse

Le trio de Sylvain Cathala, est soudé par la solide complicité entre le leader, compositeur et saxophoniste et la rythmique hyper-expressive que constituent la contrebassiste Sarah Murcia qui fait corps avec sa contrebasse pendant que Christophe Lavergne développe son jeu de batterie, très carré mais aussi ludique et inventif.

Il faut un peu de temps pour ouvrir la porte de l’univers de Sylvain Cathala car cette musique écrite et structurée qui déploie une énergie maîtrisée peut ressembler à un jardin secret. S. Cathala appartient à cette catégorie de saxophonistes au jeu plutôt intériorisé basé sur un phrasé linéaire aux contrastes peu marqués. Il ne va pas chercher l’auditeur comme le ferait un Raphaël Imbert quand il joue en trio. C’est une musique qui exige une adhésion implicite pour en découvrir les qualités. Un de mes voisins me disait se trouver comme face à une œuvre graphique contemporaine qui "parlera" à certains, en laissera d’autres indifférents alors que d’aucuns y chercheront des points d’accroche qui finiront par les mettre en vibration avec l’œuvre. Une démarche qui exige de s’impliquer activement.

  • C’est bien ce que nous percevons également tout en saluant respectueusement le travail accompli de l’artiste et le choix de l’exigence sans compromis. C’est ainsi que l’art avance !

En trois sets, le trio a eu la possibilité d’exposer les différents aspects de son répertoire qui privilégie la densité des échanges entre les trois protagonistes tout en laissant à chacun des espaces d’expression personnelle. La contrebasse de Sarah Murcia se fait dansante et volubile avec une aisance remarquable. Christophe Lavergne, lui, explore des jeux de couleurs autour des multiples ressources de sa batterie. Chacun joue à fond le jeu du collectif et c’est là une des grandes qualités de cette formation.

Ceux qui auront pu assister à cette belle soirée et faire un bout de chemin avec le trio de Sylvain Cathala espèrent bien qu’il y aura une suite... Peut-être un nouveau rendez-vous de jazz vivant et intense au George’s Club ?

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> Liens :

> On peut écouter ce concert sur le site du Jazz Club / France-Musique pendant un mois : > ICI !<