Quelques disques du label Futura & Marge.

Joachim KÜHN : "Solos Volume 2"

> Futura GER 31 - distribution Disques Futura & Marge et Impro Jazz

Joachim Kühn (piano, piano électrique en rerecording sur 2)

01. Solo 14 "Dandy Ponty" / 02. Duo 18 / 03 à 07. Solos 4, 20, 28, 25, 30.

Joachim KÜHN : "Solos Volume 2"
Futura GER / Futura & Marge

Les 15 et 19 mars 1971, le pianiste Joachim Kühn, arrivé à Paris deux ans plus tôt, enregistrait au moins une trentaine de pièces, si l’on en croit les numéros de ces sept improvisations qui s’ajoutent aux sept parues sur le premier "Solos" (Futura GER 18). Lors de la réédition de ce premier disque, en 1993, le producteur Gérard Terronès m’avait demandé d’écrire un texte pour le livret dont j’extrais ce passage, en demandant au lecteur de m’excuser de ne pas me paraphraser. " C’est en 1971 que Joachim Kühn enregistre pour Futura ses premiers solos de piano, pièces "improvisées réfléchies" qui sont les fruits d’une longue pratique de l’instrument et qui reflètent, bien au-delà du free jazz, les multiples apports de sa culture, en particulier la musique romantique (Schumann, Mendelssohn, Liszt, Brahms…) qui nourrit un lyrisme, un sens de la mélodie et un toucher d’une sensibilité que lui permet sa brillante technique, rares chez les jeunes pianistes de cette époque. En effet, s’éloignant très largement des conceptions de Cecil Taylor, Kühn défriche une sorte de voie souple entre, par exemple, Paul Bley et Keith Jarrett, et où les racines be bop, gospel ou funky sont remplacées par la tradition classique européenne augmentée par une dynamique de jeu typique du jazz. C’est ce qui fait la puissante originalité de l’art du pianiste."

on aime !

Revu à Vitrolles cet été en compagnie de Majid Bekkas et Ramon Lopez, je peux assurer que Joachim Kühn, 40 ans après, n’a rien perdu de cette puissance créatrice, de son intelligence de jeu, et de la réceptivité dont il fait preuve face à l’instant musical. J’ajouterai, mais il va de soi, que ce second volume constitue le complément indispensable du premier.

Et aussi…

Gérard Terronès réédite également une rareté de son catalogue, enregistrée à la même époque : "Aorta" du sextette de Paul van Gysegem (Futura GER 27). Ce contrebassiste flamand s’était entouré de musiciens belges, qui comme lui sont restés peu connus en dehors de leurs frontières, et hollandais, Jasper van’t Hof (piano) et Pierre Courbois (batterie), eux beaucoup plus renommés. Ne méprisons pas ce post free européen qu’on disait balbutiant et que certains pourraient considérer comme un peu archaïque et dépassé.
J’aimerais bien savoir — mais je ne serai plus là pour le voir ! — quels sont les disques actuels qui s’écouteront encore dans 40 ans ? En attendant, celui-ci mérite largement d’être (re)découvert.

Paul van Gysegem : "Aorta"
Futura GER / Futura & Marge
John Tchicai Trio : "Trues Lies In-Between"
Hôte Marge / Futura & Marge

Notre ami Terronès, infatigable pionnier de l’édition totalement indépendante, ne se contente pas de réassortir son catalogue. Il demeure toujours sur la brèche et prêt à enregistrer ou accueillir de nouvelles productions. Ainsi ce disque original du John Tchicai Trio : "Trues Lies In-Between" largement consacré aux œuvres du poète afro-américain John Stewart, qu’il récite lui-même. Pour cette suite singulière, le saxophoniste danois s’est entouré de la pianiste Margriet Naber et du percussionniste Ernest Guiraud Cissé. Un disque à la fois aéré, intense et totalement hors mode (Hôte Marge 01).

Rob Brown : "Unexplained Phenomena"
Marge / Futura & Marge

Après "Visage" (Marge 24) et "The Big Picture" (Marge 31), enregistrés à Paris respectivement en 1998 et en 2003, Gérard Terronès publie un troisième disque de Rob Brown, saxophoniste-alto américain de solide tempérament, au jeu sans concessions ni facilités. "Unexplained Phenomena" (Marge 48) a, cette fois, été enregistré à New York lors du 15e Vision Festival, en compagnie de musiciens de premier plan, Matt Moran (vibraphone), Chris Lightcap (contrebasse) et Gerald Cleaver (batterie). Une musique exigeante, remuante et au swing rebondissant qui tient l’amateur éclairé en alerte d’un bout à l’autre de ce concert, une " musique visionnaire parfaitement enracinée dans l’aujourd’hui, puisant à pleines mains dans l’hier et manœuvrant avec soin et bravoure à travers tous ces phénomènes inexpliqués pour atteindre l’incertitude du demain ! " (Steve Dalachinsky). C’est toute la problématique du jazz aujourd’hui.

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