D’Jazz de comptoir avec Francis Marmande.

Critique de jazz dont la réputation n’est plus à faire, Francis Marmande est aussi professeur de littérature, écrivain et bien d’autres choses encore.
Il avait choisi un intitulé pour ce rendez-vous qui mettait en appétit :
« Joyeuse autocritique d’un critique de jazz »
Nous nous mimes donc à table pour écouter le maître.
Se trouvaient là, les béats d’admiration, les courtisans, les sceptiques, les qui ne comprennent rien mais qui font semblant, les qui ne disent rien mais qui n’en pensent pas moins, les qui se font prendre en défaut de ne pas boire les paroles, ceux qui sont là par hasard et ne voient pas bien où on va en venir, les « bons élèves » qui posent une question au critique de jazz et se voient embarqués sur le terrain de la tauromachie ou du rugby, ceux qui prennent des airs entendus et qui sourient aux anges quand il pratique l’art de flatter.

Le Journal du Centre : Francis Marmande à Nevers...
11 novembre 2011

Très vite, nous avons compris que l’autocritique ne serait pas au menu. « Ce que j’ai détesté le plus, c’est l’autocritique des mouvements politiques, alors... » Soit !
Joyeuse alors ? Quelques anecdotes ont prêté à sourire, certes, mais le fil est souvent difficile à suivre. Enfin... c’est la règle du jeu !
Certains ont même peut-être ri jaune quand le professeur les a interpellés en pratiquant cette fois l’art de mettre l’auditoire mal à l’aise. Si cela s’appelle de l’humour, y’a d’la joie !
Puits de connaissances, c’est indéniable, Francis Marmande aime ne pas être compris. Il en fait son fond de commerce depuis belle lurette.
« Il y a des choses qu’on ne peut pas comprendre mais on s’habitue » dit-il.

Sa réputation de « rédacteur illisible » (dixit lui-même), y compris parmi ses collègues, semble lui être particulièrement jouissive. Une façon de se démarquer ? C’est une interprétation mais j’ai peut-être mal compris.
Lire Francis Marmande dans Jazz Magazine ou dans la rubrique culture du Monde tient du plaisir intellectuel pour certains et/ou du snobisme pour d’autres.
N’empêche que pour réussir un pareil challenge, il faut en avoir sous le pied. Dans la tête aussi mais de ça, on n’en doute pas.
Désarmer le lecteur au cours de ses joutes littéraires, il aime, et comprenne qui pourra !

Au cours de cette rencontre, il m’est venu une question que je n’ai pas posée quand Francis Marmande a souhaité se livrer au jeu des questions/réponses.
Je n’ai pas osé, je n’étais pas sûre de comprendre la réponse.
Est-ce que des chroniques de jazz "incompréhensibles" servent le jazz et les musiciens ?
Si quelqu’un a un avis sur la question, je ne demande qu’à comprendre.
Il reste à parier néanmoins que pour son dossier de presse, un musicien préférera sans doute avoir une critique obscure signée Marmande qu’une critique claire signée Machin. Il n’y a rien à comprendre !
A propos, « Qu’est-ce qu’on comprend quand on ne comprend pas ? », c’est la question qui intéresse Francis Marmande et qui a rempli l’espace temps de ce
« D’JAZZ de COMPTOIR ». Question philosophique dont on ne peut nier l’intérêt mais qui, dans ce contexte, me donne envie de reprendre le slogan de l’AJMI [1] "Et le jazz, bordel ?"

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> Liens :

[1Association Jazz et Musiques Improvisées à Avignon