... sous le grand chapiteau...

Pour avoir assisté à maintes cérémonies des Victoires, j’avoue que je n’ai pas tout d’abord compris grand-chose à celle qui s’est déroulée sous le grand chapiteau de Marciac. Il faut dire l’émigré que je suis maintenant n’avait pas fréquenté le cérémonial en question depuis un bon moment.

Sandra NKaké et sa Victoire !
© JazzVillage / Harmonia Mundi


C’est alors que cela fit tilt dans ma tête : bon sang mais c’est bien sûr, il s’agissait tout bonnement du tournage du documentaire destiné à la diffusion sur France 3 les 13 et 20 octobre, avec public invité. Tout avait été changé et on ne m’avait rien dit !

Car ce fut une longue suite de prestations pas vraiment présentées dans le contexte des nominations par catégories ( Jean-Jacques Milteau était le Maître de cérémonie ), et les changements de plateau furent interminables. Nous avons dû patienter en regardant sur les écrans géants des extraits des cérémonies précédentes, dont c’était ce soir la 10eme. Il est à craindre que les trois quarts des spectateurs n’aient jamais su qui était à l’écran. En conséquence de quoi le public commença à quitter les lieux par bataillons entiers.

Misja Fitzgerald-Michel
Photo © CultureJazz

Et on n’a jamais vraiment su qui était nommé, évidemment cela ne pouvait être que les musiciens présents sur scène, on a juste su qui avait gagné. À savoir Bojan Z et Sandra NKaké. Bojan n’a plus rien à prouver et je pense que Misja Fitzgerald Michel aurait dû être récompensé pour un accomplissement artistique enfin à la hauteur de son talent singulier. Mais ils ne concourraient pas dans dans la même catégorie. Défilèrent donc Bojan Z, Pierrick Pédron avec Laurent de Wilde, Misja Fitzgerald Michel et Sandra NKaké.
La prestation de cette dernière fut éblouissante, dans un registre où personne ne s’était encore aventuré. Son originalité repose sur une parfaite imprégnation des racines africaines, et non de la soul music, et d’un traitement musical très "hard". Si l’on devait à tout prix risquer une comparaison, ce serait avec Abbey Lincoln.

Puis vint le clou de la soirée, j’allais écrire "le clown" de la soirée, en tous cas le clou que l’on a dans la chaussure et qui fait mal. Et ça s’appelle Electric Epic. Pour vous situer le niveau de ce que nous avons subi, sachez qu’une incandescence colorait l’intérieur du pavillon du saxophone ténor de Guillaume Perret et fluctuait avec l’improvisation.
Putain, John Coltrane n’y avait pas pensé ! Mais lui n’avait pas besoin d’artifice pour que le feu jaillisse de son instrument.

Guillaume Perret (mai 2011)
Photo © Christian Ducasse

Et quand je dis improvisation, il a dû jouer trois accords en tout et pour tout, dans un vacarme électronique et une transe de pacotille. L’immense batteur Yoann Serra tenait la baraque de main de maître. Mais Yoann, que viens-tu faire dans cette mascarade ?
Et le pire c’est que ça risque de marcher du « feu de dieu » !

Quand à la sauterie qui s’en suivit, nul musicien ne vint l’honorer. Tristounet. Je me souviens de celle de Cannes un jour, où j’ai rencontré en prime Jackie Berroyer et Alain Corneau. Nostalgie…


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