Suite et fin des aventures clunisoises 2012.

  Céline Bonacina trio / Journal intime

Massilly, le mercredi 22 août 2012

Céline bonacina
Jazz Campus 2012

Alefa ! Dans la salle communale de Massilly, Céline Bonacina et ses compères n’ont pas manqué de mettre l’ambiance. Avec cette rythmique si particulière, qui laisse à la saxophoniste toute latitude, la musique de ce trio ne manque pas d’atout, Une couleur originale, du re-recording savamment orchestré, des compositions dont on retient rapidement la mélodie, voilà qui doit suffire à combler les plus exigeants. Et il est vrai que sur les premiers morceaux on se laisse convaincre.
Ensuite vient l’interrogation.
Et si l’on cassait ce rythme qui tourne en boucle et lasse ?
Également, il nous vient à l’idée que la saxophoniste, dont nous ne mégoterons pas sur les qualités intrinsèques, devrait moins s’occuper de re-recording et donner plus de réelle interaction au trio, de travailler plus en profondeur les combinaisons et leurs possibles.
Nous n’avons pas passé une mauvaise soirée, loin s’en faut, mais nous attendons encore de voir évoluer ce trio vers plus de liberté.





Journal Intime
Jazz Campus 2012

Jimi Hendrix à la sauce Journal Intime ? C’était la deuxième partie de soirée.
Nous les avions vu au printemps à Brême, nous les avons retrouvé avec plaisir. L’inventivité est chez eux une marque de fabrique. Le plaisir de jouer aussi. Si l’on ajoute à cela la réelle performance de ces trois soufflants qui osent se frotter au guitar hero le plus « hype » de tous les temps en le détournant à chaque phrase ou presque, on obtient un show musical punchy mais pas seulement.
Car il y a bien de la finesse dans leur approche du géant gaucher, de la complexité à la pelle et suffisamment d’humour pour satisfaire les plus grincheux.
Ce pourrait être hermétique et c’est tout à fait jouissif tant la musicalité prime. Que dire de plus ?






  François Corneloup, Simon Goubert Duo / Das Kapital

Cluny, le jeudi 23 août 2012

François Corneloup
Jazz Campus 2012

Hélène Labarrière absente (hélas) pour raison personnelle, le saxophone baryton et le batteur ont décidé d’improviser un duo. Entre compositions originales, standards et improvisations, ils n’ont pas laissé respirer le public. _ Chopé dès le début du concert par là où vous voyez, ce dernier n’a pu que subir la leçon. Car, à bien y réfléchir, c’était une leçon et les professeurs, croyez-moi, n’étaient pas débutants. François Corneloup et Simon Goubert, on ne les présente pas ! L’épaisseur de la musique qu’ils ont jouée ce jeudi soir avait à voir avec le dépit causé par l’absence de l’amie et l’urgence qui, en ces moments particuliers, animent ceux qui se doivent de tenir le cap.
Riche et dense, entre plainte et cri, les sonorités du duo ont fouetté l’auditoire du théâtre de Cluny avec une précision que seuls les artistes de très haut niveau peuvent offrir.
N’importe qui peut les écouter et être interpellé, qu’il aime ou non le jazz. C’est le miracle des musiques vraies.
Ce soir-là, c’était Goubert et Corneloup.





Daniel Erdmann
Jazz Campus 2012

N’importe qui peut les écouter disions-nous ? Ceci est également valable pour Das Kapital qui terminait la soirée en jouant, pour l’essentiel, son répertoire autour de Hanns Eisler. Mélodique en diable, ce dernier offre à Das Kapital un terrain de jeu qui a tout du billard à la française. Avec des rebonds inattendus, une magie de la trajectoire sans cesse avortée, sans trêve ressuscitée, cette musique permet à Hasse Poulsen, Daniel Erdmann et Edward Perraud de dynamiter les poncifs et autres lieux communs.
Savamment décalés, les deux placides et l’agité des baguettes se partagent un festin d’apparatchiks Rdaesque qui auraient invité dans leur cave Ayler, Hendrix, la p’tite Carla et Frank la moustache pour une soirée franchement bordélique.
La musique est foisonnante, joyeuse et lyrique à la fois, et le trio s’amuse (mais s’amuse-t-il vraiment ?) à dégoupiller des bombinettes à chaque détour de ligne directrice, histoire de dire et prouver que c’est bien eux qui la font la musique de Hanns et pas Eisler qui fait Das Kapital. Avec, pour finir la soirée, une Internationale à tiroir propre à désespérer l’homo sovieticus basique (instinct quand tu nous tiens...), les trois européens ont définitivement achevé un public conquis.
- Youpi ! S’exclama-t-il.






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