Une immersion créative dans la culture marocaine.

ORCHESTRE NATIONAL DE JAZZ – Daniel YVINEC
CARAVAN(E) dans le cadre de la Saison Culturelle France-Maroc 2013

  • Caravan, le standard jungle d’une vision exotique du Moyen-Orient par Duke Ellington et Juan Tizol.
  • Caravane, convoi de marchandises ou groupe de personnes qui se déplacent ensemble.

Une immersion créative dans la culture marocaine

Daniel Yvinec et son aventure comme directeur musical au sein de l’ONJ, n’en sont pas encore tout à fait au bout de leur route commune et force est de constater la constance qu’a eu Daniel de rester fidèle à son projet, celui de provoquer des rencontres.
Les voyages forment la jeunesse et favorisent l’ouverture, c’est bien connu.
Encore faut il en prendre le risque et pour ce nouvel épisode, Daniel n’a pas hésité, à la demande de l’Institut Français du Maroc, à envoyer des membres de l’orchestre se frotter à une autre culture et rendre compte de l’importance dans la création, de l’altérité si mal menée aujourd’hui.

Le but n’est pas ici d’imiter mais de créer cette osmose qui peut faire naître et transcender une complicité musicale sans affadir le propos de chacun, c’est le risque à prendre. Et après une tournée aboutie au Maroc, c’est à l’Institut du Monde Arabe qu’ils sont venus nous présenter les résultats de cette aventure.

Laissez moi d’abord planter le décor. En premier lieu les images, car chaque moment ou rencontre était ici représentée par des images, des films qui appelaient les spectateurs à plonger au plus profond de l’environnement dans lesquels se sont retrouvés les musiciens : Fès avec Matthieu Metzger & Sylvain Daniel, Agadir avec Antonin-Tri Hoang, Pierre Perchaud, Vincent Lafont, Tanger & Tétouan avec Sylvain Bardiau, Rémi Dumoulin, Yoann Serra, Oujda & Figuig avec Eve Risser & Joce Mienniel.
De ces quatre tableaux, autant de lieux, autant d’images : cérémonie du thé, médinas, senteurs figurées, palmeraie, montagnes que l’on imagine sacrées, visages d’enfants rieurs, soleil… Mais aussi autant de lieux autant de musiques que l’on devine ancrées dans le quotidien, faisant corps avec des traditions séculaires.
Est née une œuvre originale sans collage, faite d’imprégnations, d’échanges, mêlant les instruments et les talents : trompes, tambourins, zamer (sorte de flûte à deux cornes), chants et danses, des sons originaux, une énergie dont se sont nourris les instrumentistes de l’ONJ qui n’ont fait aucune concession quant à leur propre identité et à leur liberté d’improvisateurs sinon à quoi bon ce projet qui n’était pas de refaire mais d’oser.

Et là encore il faut louer l’esprit d’ouverture des artistes. La musique ou toute autre forme d’art quand elle est sincère s’adresse, presque involontairement, au fond de l’âme. Le message sans mots s’avère là presque politique, nous avons besoin d’altérité pour faire vivre notre propre identité et non de pureté sinon l’inertie, l’usure et la redite sans fin nous guettent. Certes la voix est étroite et il ne faut pas se perdre dans de vains lissages commerciaux, et il en va de même pour le swing, forme mémorielle (l’Afrique) et altérée du rythme.

On croit deviner que l’accueil, la magie et la spontanéité ont été présents tout au long du séjour, les liens se tissant et se rejoignant comme les traits d’un dessin à la craie sur le sol d’une médina, dessin que l’on retrouve sur le visuel de Caravan(e) (voir image), le concert se finissant entre transe, danse et youyous dans un collectif festif.

Au-delà des définitions, Caravan(e) est donc, pour l’ONJ,d’abord un carnet de route, celui d’un voyage à travers le Maroc et ses traditions, mais qui va plus loin en honorant sa musique et en incorporant en son sein ses particularismes.

Le voyage de 5 ans de Daniel Yvinec avec l’ONJ est près de s’achever, reste quelques dates, un disque à paraître (The Party avec Michael Leonhart, sortie décembre 2013). Mais cette aventure au fil des projets, des enregistrements restera dans l’histoire de cette institution comme celle d’une musique d’ouverture faite par des gens dont l’éclectisme n’est pas l’effet d’une mode et qui donne sa pleine dimension sur scène. Rendons grâce à Daniel Yvinec d’avoir su tirer le meilleur des musiciens qu’il avait choisi pour cet orchestre, d’avoir fait confiance à leur plasticité et à leurs talents créatifs.

ONJ – CARAVAN(E) - samedi 30 septembre 2013 - Institut du Monde Arabe Paris 1, rue des Fossés Saint-Bernard Place Mohammed V
Une production originale de l’Institut français du Maroc pour la Saison Culturelle France-Maroc 2013 avec le soutien de l’Institut français de Paris et de la Région Champagne-Ardennes.


Musiciens marocains
Confrérie des Hamadcha de Fès : chant, percussions, trompes /Zouhair Affaifal : gembri /Abderrahman El-Khammal : guitare, chant /Abdelhakim Gagou : oud/ Abdellah Haddou : trompe

ORCHESTRE NATIONAL DE JAZZ – Daniel YVINEC
Eve Risser : piano, flûte alto / Vincent Lafont : Piano, clavier / Antonin-Tri Hoang : saxophone alto, clarinette basse / Rémi Dumoulin : saxophone ténor, clarinettes / Matthieu Metzger : saxophones / Joce Mienniel : flûtes / Sylvain Bardiau : trompette, bugle / Pierre Perchaud : guitare / Sylvain Daniel : basse électrique / Yoann Serra : batterie

Tournages, Vidéastes & Visuel
Jérôme Witz & Emmanuel Lorrain


> Liens :