Les déménageurs ne se ménagent pas !

On arriverait pour le brunch, à peine réveillés, les yeux emplis de d’un je ne sais quoi pas encore organisé, on s’installerait autour des petites tables ah bonjour t’es là aussi comment ça va t’as réussi à sortir du lit ? Et pendant les mamours de reconnaissance faciale, le pianiste aurait commencé de jouer. Seul. Histoire d’attirer l’attention des unes et des autres. Puis l’orchestre enchaîne et envoie un bon vieux gros swing comme on n’en fait plus ( Blues in Orbit de George Russell ? ). Le truc qui fait bouger le bassin à en vider l’eau et qui alterne tempo rapide et tempo lent. Un trompettiste soloïse, à fond dés le début du concert mais on n’est pas tout à fait prêt, on ne tape même pas dans nos petites mains. Il va falloir attendre Thisness ( déjà entendu dans l’inoubliable album Personal Landscapes ) pour que les oreilles et les mains s’emballent. Tiens au fait, qui colonise la scène dans ce Gil Evans Paris Workshop ?

Laurent CUGNY et le Gil Evans Paris Workshop
© Léo Andrès
© Léo Andrès

Laurent CUGNY au piano, direction et arrangements avec tout prés de lui à la guitare, Marc-Antoine PERRIO, Joachim GOVIN à la contrebasse et Gautier GARRIGUE à la batterie. Le quartet qui tient la baraque. Puis les souffleurs avec en première ligne de cette grosse mêlée à douze : Julien PONTVIANNE au sax ténor et Martin GUERPIN aux sax ténor et soprano, Antonin-Tri HOANG au sax alto, Jean Philippe SCALI au sax baryton ; en seconde ligne Victor MICHAUD au cor d’harmonie, Bastien BALLAZ et Léo PELLET au trombone, Fabien DEBELLEFONTAINE au tuba, en troisième ligne et à la trompette : Quentin GHOMARI, Olivier LAISNEY, Malo MAZURIÉ et Brice MOSCARDINI. Quel âge ils ont ces petit gars pourris de talent qui envoient comme des matous du siècle dernier ( première moitié !!! ) ? Ça ronfle comme sous spi par vent de force 7, chaque soliste qui vient juste d’exposer le pitch de son histoire, se trouve poussé aux fesses par les riffs de l’orchestre et raconte en long en large et en biais oui c’est ici que ça s’est passé non j’y étais pas c’est le gendre de ma concierge qui connait quelqu’un qui le lui a raconté parole.

Et puis King Porter Stomp : Jelly Roll Morton, 1905, grande cuvée !!!!! On aurait fini de goûter le saumon gravlax, séché une tasse d’un café noir sans sucre descendu des hauts plateaux du Pérou et, tout de même est-ce bien raisonnable Aimable, cette musique endiablée, juste avant les oeufs brouillés ? Parce que l’envie te chope aux mollets : aller gambiller tout de suite. Faire toupiner une créature cul par dessus tête, la robe échevelée pendant qu’Antonin-Tri HOANG se laisse aller à une débauche de notes ( inutile de tenter un relevé live, autant capturer un rayon de soleil ). Et l’orchestre qui sonne plein pot : arghhhhhhh !!!! Quel plaisir !!!

À peine tu reprends ton souffle, tes esprits, ta dignité, bam ; un blues roots de chez roots qui invite à retourner en suer une petite collé-serré-pré-emballé. Et GUERPIN qui tricote un solo jouissif au ténor, un truc plein à ras bord. Pffff, le brunch et le jazz, c’est mortel.

Cugny a enlevé ses mains du clavier, les petits se débrouillent sans lui et la machine fait mieux que ronronner : elle rugit. Suit Fun, comme une valse pour finir d’étourdir la chérie : rock-blues lent-valse : résistera-t-elle ?
Et on n’en est qu’au premier set !!!! Jusqu’où s’arrêteront-ils ?

Ils reviennent aussi déterminés : Un extrait de Porgy and Bess ( revisité tout de même ), très smooth et lento, puis La vie facile. On recommande du café ? Qui en veut ? Ah la vie va bien, c’est sûr. La crise ? Quelle crise ? Un autre solo de trompette, lui aussi poussé au derrière par ses petits camarades. Les tempi moyens ? Génial, t’écoutes, tu regardes s’il ne reste pas un petit quelque chose à grignoter et si Paul emballe Olivia. In Temps de Billy Harper, comme une musique de film, avec encore un trompettiste allumé ( mais lequel ? ). Ces gars là n’ont peur de rien : ils terminent avec le sublissime Goodbye Pork Pie Hat de Mingus. Rien que ça et le Scali se déchire la chemise ; jouer petit bras, il sait pas faire et ça s’entend. Frissons.

On les rappelle bien sûr.

Ils nous refont le King Porter Stomp à une vitesse déraisonnable, un truc à se péter le col du fémur et Hoang y va d’une battle à travers le temps avec Lou Donaldson.

Se souvenir qu’ils reviendront ici même le 12 novembre. Il est conseillé de réserver !!!

Studio de l’Ermitage - 8 rue de l’ermitage - 75020 PARIS
Le mercredi 8 octobre 2014.


> À lire aussi sur CultureJazz.fr :


> Liens :