La musique d’une utopie...

Ambiance planante pour entamer le concert : une nappe ? un tapis ? un fond d’écran sonore ? Une atmosphère que Régis HUBY, violon et rond de sorcières de pédales d’effets, Marc DUCRET, guitare et deux accessoires à ses pieds, Michele RABBIA batterie, percussions, corps, ordinateur et pad, Bruno ANGELINI au piano, Fender, Mini-MOOG, (deux bras, trois claviers), vont habiter.

Bruno Angelini, Régis Huby, Marc Ducret, Michele Rabbia
Bruno Angelini, Régis Huby, Marc Ducret, Michele Rabbia
© Florence Ducommun- 2015
© Florence Ducommun 2015

On pourrait imaginer un groupe de potes, des mecs enclins à raconter des histoires, à se raconter. Angelini ouvre la tchatche « Moi tu vois, j’étais installé peinard.... » et Rabbia le rejoint, met de la 3D sonore dans son histoire, pousse, pas encore remis d’une récente soirée rock, Huby sur fond de Fender poursuit. Oui oui, ils vont nous raconter des histoires, chacun la sienne, en forme de Suite. Tiens, il ne manquait plus que celle de Ducret : c’est fait. Et ça cogne, Rabbia à fond se démène, il aurait bouffé de la miche de Pont-Saint-Esprit ?
Bien sûr, enchaîner chacun son histoire, quel intérêt ? Se réunir pour monologuer ? Y’a déjà l’assemblée nationale, non ? Alors, ils se recentrent sur des passages écrits, très écrits qui sonnent comme un refrain. Puis, maîtres des nuances, offrent des moments presque silencieux, vides de tension, on croirait entendre un clin d’oeil au Voyage de Pierre Henry. Oui oui, entendre un clin d’oeil.
Une histoire, un dialogue, les encouragements et commentaires des uns et des autres, un temps de digestion-réflexion et hop, au suivant !!
Dans equal , il y a l’idée d’égal à égal, donc hors du monde de la domination, dans crossing , il y a l’idée du croisement, du métissage et surtout pas celui de frontière, de limitation, de repli sur soi ( la solution des gens qui n’aiment pas les autres parce qu’ils se détestent eux-mêmes ).
RABBIA colonise des interstices subtils avec des sons inouïs, DUCRET distille un propos tout en retenue élégante, ANGELINI passe du Fender au piano au MOOG et HUBY viendra rassembler tous ces récits dans un solo électronicovioloneux puissant. L’électricité et l’électronique font bon ménage dans ce concert, ces quatre hommes les mettant à leur service, au service de leur musique et non le contraire.
Alors, comme la parole a commencé de circuler, elle commence à se retirer : retour à l’ambiance planante : chacun se recentre sur lui-même, un mot jaillit encore, une exclamation mais pourquoi en rajouter quand tout a été dit ? Les derniers sons glissent alentour, s’amenuisent, s’éteignent.
Silence habité.

Jeudi 12 mai 2016
Théâtre 71
3 Place du 11 Novembre
92240 Malakoff


Régis HUBY 4tet : "Equal Crossing"
Régis HUBY 4tet : "Equal Crossing"
Le disque sur Abalone Productions (parution fin mai 2016)

Lire aussi à propos d’’Equal Crossing (sur CultureJazz.fr) :