Soixante-douzième étape

Giovanni Mirabassi

Giovanni Mirabassi aura toujours pour lui cet inénarrable sens de la mélodie, ce chant intérieur, celui de son Italie natale, qui peut magnifier en toute occasion une mélodie désuète et a priori banale. Mais ça, vous le saviez déjà. Passons. Christos Rafalides, vous connaissez ? Nous, oui. Depuis le 4 juin de l’an de grâce 2016. Vibraphone, c’est son instrument. New York, son lieu de villégiature. Grèce, son pays de naissance. Les deux latins ne sont aucunement des étrangers l’un pour l’autre. C’est néanmoins la première fois qu’ils jouent en duo. À certains moments, cela se sent. Vous savez, cette verdeur dans le geste à la limite de l’imprécision, ce léger décalage accompagné d’un coup d’œil interrogateur. Mais qui questionne qui ? L’artiste, son double ? Ou le collègue de jeu ? Allez savoir. Un peu de tout cela à la fois. Entre standards et compositions originales de l’italien, les deux ont envie de musique et ne se privent pas. Ils ne jouent pas l’un contre l’autre. Plutôt en double. Et c’est le public qui prend deux sets secs dans la figure. Et comme il est masochiste le public, il en redemande. Allez comprendre, hein. On lui sert de la musique de qualité et lui, il voudrait se goinfrer ? Il ne pourrait pas économiser les artistes ? Goûter leur art avec modération ? Que nenni.

Christos Rafalides

Le pérégrin pense que c’est l’effet « dernier concert de la saison. » Après cela, l’aficionado ira suer, ou se les geler, ou se mouiller, à des concerts en plein air entre effluves de godiveaux et fûts de bière tiède. A-t-il raison de croire ceci cela le pérégrin ? On lui posera la question. À l’heure qu’il est, il affûte son crayon et nettoie ses lentilles car il ira suer, se les geler ou se tremper, à Jazz à Vienne (big machine) et au Respire Jazz Festival (artisanat local), manière de s’abreuver aux extrêmes. Et notre extrémisme consistant à pousser dans leurs retranchements nos propres opinions, histoire de considérer les choses et le jazz autrement, nous allons nous marrer. Par le passé déjà, à notre avis, nous opinions souvent du chef. Mais là, le pérégrin et son double sentent comme un vent nouveau souffler dans le stylo. Voyez donc, on a presque oublié Giovanni alors qu’il ne le mérite pas. Et Christos Rafalides aussi, et le Chorus également (le club de l’avenue Mont-Repos). Que d’injustice et d’outrecuidance ! Serait-ce la fièvre du samedi soir qui se déclare par avance ? Méfions-nous et méfiez-vous, ces temps-ci, on meurt à 49.3. Le plus drôle, c’est que nos bourreaux ont le cerveau en hypothermie depuis bien longtemps, sinon toujours. On n’arrête pas le progrès. Tout va bien. Je t’aime moi non plus.

A part ça, la triste nouvelle se référant au 4 juin, c’est que Steve Lacy l’a vécu comme son dernier jour sur terre (2004). Sinon, veuillez noter que Casanova a définitivement débandé ce jour-là (1798) et que Angelina Jolie est apparue du côté de Los Angeles (1975). Ça compense ? Stay tuned !


Dans nos oreilles

Tocanne, Erdmann, Quillier – Live @ the LS JAZZ Project


Sous nos yeux

Virginia Woolf – Une chambre à soi