> Mercredi 19 avril 2017 - La Générale, 11 rue Rabelais, Montreuil.

Jean-Philippe Viret "Supplément d’âmes"
© Pierre Gros

De la vie de François Couperin nous ne connaissons pas grand chose sinon qu’il devint musicien par tradition familiale et fit montre dès son plus jeune âge d’un exceptionnel talent d’organiste (titulaire de l’orgue de Saint-Gervais à 18 ans) et d’improvisateur, spécificité française (cocorico) toujours bien vivace aujourd’hui. L’improvisation étant par définition éphémère il nous reste peu de choses du Couperin organiste sinon deux messes d’une qualité exceptionnelle, n’ayons pas peur des mots. N’appréciant pas les rampantes mondanités et autre ronds de jambe princiers, fussent-t-elles royales, modeste et surtout poète le musicien nous a laissé outre une méthode, un important corpus de pièces pour le clavecin qui ont renouvelé le genre s’émancipant peu à peu de la traditionnelle suite de danses pour une vision plus personnelle de la chose qu’il renomma ordre. Reconnu par ses pères jusqu’à nos jours, il est pourtant pratiquement inconnu du grand public, du moins sa musique. Jean Philippe Viret avec son ensemble à cordes Supplément D’Âme, a entrepris de réparer à sa mesure et à sa façon cette injustice. Le concert auquel nous avons assisté durant cette soirée nous a permis d’apprécier à sa juste valeur ce travail qui loin de l’hommage ronflant tend plus à rendre compte de la couleur et de l’intimisme poétique du prestigieux modèle.

Jean-Philippe Viret, Eric-Maria Couturier.
© Pierre Gros

Il faut dire que la salle de La Générale, que nous ne connaissions pas, a l’immense avantage de respecter l’acoustique du quatuor sans avoir recours à la moindre sonorisation et à nos oreilles ce fut bien agréable. Pas de branchements, de links, d’ordinateurs ou autres D.I. Nous ne sommes pas contre bien sûr quand ceci sert le propos, mais nous avons pu ainsi apprécier le son dans son aspect le plus nu et le plus musical, au bord de l’intime sans verser dans l’impudeur des effets de manche et de la virtuosité sans tête et bébête. Jean Philippe trouve ici le cadre idéal pour donner libre cours à l’amour qu’on lui connaît des mélodies chantantes et à un humour subtil qu’il partage avec le grand François, mêlant compositions personnelles : Peine perdue, Docile, L’idée qu’on s’en fait, relecture de Les idées heureuses, L’an tendre inspiré de Dodo ou l’amour au berceau, Tocs et tics et chocs tiré de Tic-toc-choc, ou réorchestration pour La muse Plantine.

Taro Sakaki Bara et Hugo Sachetti
© Pierre Gros

Les pizz à quatre évoquent le clavecin ou le luth dans des contrepoints où s’enchevêtrent écritures et improvisations. Gens de cordes et d’âmes, les fins archets s’en donnent à cœur joie : improvisations subtiles, communication fluide, Viret et Couperin, François et Jean-Philippe, heureuse idée, oui nous on aime !

Ps : nous avons apprécié le fait que Jean Philippe propose à deux de ses élèves Hugo Sachetti, guitare et Taro Sakaki Bara, contrebasse d’assurer la première partie ouvrant la voie à un concert tout en finesse où la qualité sonore faisait la part belle à l’écoute et la complicité.

De Couperin à Viret, les Idées Heureuses
à la Générale, 11 rue Rabelais, Montreuil, mercredi 19 avril
Jean-Philippe Viret : contrebasse / Eric-Maria Couturier : violoncelle / David Gaillard : violon alto / Sébastien Surel : violon.


Le disque :

Jean-Philippe VIRET : "Les idées heureuses"



> Disque présenté dans la Pile de disques d’avril 2017 sur CultureJazz.fr : lire ici...

> Mélisse - MEL666019 / OutHere

Sébastien Surel : violon / David Gaillard : alto / Éric-Maria Couturier : violoncelle / Jean-Philippe Viret : contrebasse, compositions.

01. L’idée qu’on s’en fait / 02. L’an tendre / 03. En un mot commençant / 04. La muse plantine / 05. Peine perdue / 06. Contre toute attente / 07. Docile / 08. Jour après jour / 09. Tocs et tics et chocs // Enregistré à La Courroie, Entraigues-sur-La-Sorgue (France) en octobre 2016.