Salle 3000, Amphithéâtre de Lyon, vendredi 26 mai 2017.

Nous voici de retour à la cité Popol, lieu aseptisé où tout se ressemble avec cette froideur administrative, avec son architecture roide coincée entre le Rhône et le Parc de la Tête d’Or. Question ambiance ça sent l’ennui, mais heureusement adossée à la ligne du chemin de fer se trouve la Salle 3000. À l’intérieur nous attend Pat Metheny le multi-guitariste à la gouffa ébouriffée.
À peine à l’intérieur les consignes photographiques sont données, il faut montrer « Pat » blanche, la production a bien insisté sur ce point précis. Toute une procédure à respecter pour ce concert exceptionnel où même l’utilisation des portables est proscrite pour prendre des images. À peine les appareils sortis à l’instant recommandé, les deux seuls photographes sont priés de cesser sur le champ. Cela sera trente minutes de peine perdue pour se rendre compte qu’il y avait un gros caillou dans le plat de lentilles au sujet de la transmission d’informations entre la susnommée Salle 3000 et la représentation du producteur. La part réduite du temps, deux à trois minutes, a permis ce résultat que vous pouvez observer après cette brièveté d’exécution.

Pat Metheny
Lyon, vendredi 26 mai 2017.
© Marceau Brayard - 2017

Il a fallu revenir dans la salle respirer un grand coup et se laisser porter par le guitariste émérite. Même si au demeurant il porte une responsabilité sur cet aspect de la chose, revenant à restreindre les images que l’on peut faire de lui sur cette scène, lieu qu’il a choisi d’incarner dans sa propre existence.
Il sait mieux que quiconque astiquer ses guitares dans toutes les directions pour leur donner du volume de l’inspiration de la respiration. Sur l’acoustique il adopte une attitude recroquevillée, ça lui confère une silhouette de grand adolescent à la recherche de la note introuvable à ce jour. Sur l’électrique il grimace continuellement, poussant celle-ci à la transe fusion, sur un registre exponentiel qu’il sait faire évoluer en puissance progressive. Dans sa proximité scénique il disposait du pianiste Gwilym Simcock aux nuances musicales classiques, de la contrebassiste Linda May Han Oh en état de volupté avec son instrument, du batteur Antonio Sanchez maniant la tonitruance avec délectation. En présence de chacun d’eux il s’autorisera un duo à l’improviste sa Gibson en bandoulière. Ceux-ci seront habilement accomplis d’évasions subjuguées par son bras armé, depuis lequel il effectuera des plongeons profonds, propres à venir casser le monde du silence.
À parlementer dans la négociation nous avons été écartés d’une précieuse demi-heure, cet inconfort est fâcheux.
Bref ce concert, quelle organisation mal ficelée à la lyonnaise, ce qui explique sûrement au final, pourquoi l’occupation des sièges le fut de moitié.
Enfin Wally Woilà en quelque sorte l’histoire du chien dans un jeu de quilles !
Nous avons quitté cette austérité mentale à l’encontre des photographes en fredonnant cette chanson de Barbara Drouot « Les choses ont leurs secrets, les choses ont leurs légendes Mais les choses nous parlent si nous savons entendre ». Comme dirait mon vieux Georges adepte de l’art content pour rien « Comprenne qui voudra…  ».