Tapas nocturnes et bulles de jazz.

Valognes, petite ville de charme réputée pour ses hôtels particuliers de style classique, dispose d’un beau lieu dédié à la vie culturelle. L’ancien Hôtel Dieu accueille désormais des expositions, propose des salles de réunion, des activités diverses et dispose d’une petite salle de spectacle fonctionnelle et agréable.

On peut se féliciter que la programmation du lieu intègre du jazz.
Et ça marche ! Salle comble pour ce concert de Los Mamanos, la nouvelle formation de quatre activistes du jazz bas-normands : Priscilia Valdazo et François Chesnel [1], Jean-Baptiste Perez et, dans le smoking du leader, Ariel Mamane, régional de l’étape (ceci explique peut-être cela...).

Los Mamanos
de gauche à droite : Ariel Mamane, François Chesnel, Jean-Baptiste Perez, Priscilia Valdazo

Certes, l’intitulé de cette formation "sonne un peu ringard" . Los Mamanos n’est pas un orchestre de bal mais se fait une spécialité de la destructuration sans états d’âme de mélodies espagnoles authentiques servies en concert comme un assortiment de petits plats alliant finesse et épices sauvages.

Tout commence comme un récital piano-voix, smoking et robe de soirée parmi quelques éléments de décor façon club des années 50. On se laisse vite séduire par le piano sensible de François Chesnel et la voix chaleureuse de Priscilia Valdazo... jusqu’à l’intrusion bruyante de deux agitateurs, Ariel Mamane et Jean-Baptiste Perez, qui viennent enflammer cette ambiance doucereuse.
Dès lors, le concert s’enchaîne et se déchaîne entre des airs de films d’Almodovar, quelques chansons d’amour, un hymne au Che, Hasta Siempre, (emprunt au répertoire de Canto del Pueblo [2]) et un final en forme de cataclysme avec une version quasi hard-rock de Besame Mucho (chaud !).

Cette formation a de beaux atouts : la polyvalence de Priscilia Valdazo aussi à l’aise dans son rôle de vocaliste que de contrebassiste (voire les deux simultanément), les qualités indéniables de Jean-Baptiste Perez, réellement polyvalent aux saxophones qu’il maîtrise sans tabous. François Chesnel tient ici superbement son rôle de pianiste, entre mélodies ciselées et nappes sonores plus colorées en contrepoint des frappes d’Ariel Mamane (du minimalisme au pilonnage en règle). L’intrusion de l’invité de passage, le trompettiste Samuel Belhomme, créa la surprise et permit d’entendre ce musiciens habituellement discret et retenu dans un contexte plus débridé !

Proposer un concert aussi décalé, décapant et souvent en équilibre pécaire n’avait rien d’évident devant un public sans doute peu coutumier de tels dérapages musicaux fort bien contrôlés. Un beau succès en final et des sourires qui en disaient long sur le plaisir éprouvé au cours de cette soirée.

On attend, d’une part, les prochains concerts à Valognes et d’autre part la suite des aventures mouvementées de Los Mamanos en Basse-Normandie... et ailleurs (on leur souhaite !).


Los Mamanos :

Priscilia Valdazo : chant, contrebasse / Ariel Mamane : batterie / François Chesnel : piano / Jean-Baptiste Perez : saxophones alto, ténor, basse, flûte et voix / + invité : Samuel Belhomme : trompette

Los Mamanos - Embrasse-moi
Le Petit Label 005

Le disque de Los Mamanos, Embrasse-moi, est paru sur le label "Le Petit Label" (n° 005).

Lien :

Le Petit Label / page Los Mamanos http://www.petitlabel.com/005.htm

[1Pianiste caennais sans lien de parenté avec un autre caennais célèbre : Jacques Chesnel !

[2La grande formation que dirige Priscilia Vadazo sur un répertoire de chansons de lutte et de chants révolutionnaires d’Espagne et d’Amérique du Sud