Cent vingt neuvième épisode

À la recherche de Joachim ou bien à l’aventure avec Kühn ? Ou l’inverse ? Croiser Ligeti, Schönberg ou Eisler (popularisé dans la sphère jazz par Das Kapital depuis quelques années) ? En route, bande de fureteurs assoiffés de sons, de notes, de mélodies, incongrus ou non. Peu importe, pourvu qu’on ait l’extase, n’est-ce pas ? Mais avec qui dites-moi ?

Les Musiques à Ouïr
Denis Charolles, batterie
Julien Eil, saxophones/flûtes/clarinettes
Christophe Girard, Accordéon

Lʼensemble Op.Cit
Laure Beretti, harpe
Amaryllis Billet, violon
Benoît Poly, percussions
Brice Berrerd, contrebasse

Joachim Kühn
Joachim Kühn

Et voici que la Mitteleuropa débarqua dans nos oreilles. Et nous ne la reconnûmes pas vraiment. Fortement structurée dans sa musique, l’entité bicéphale créatrice du projet prit quelques libertés, à l’improvisade, et tissa finement une toile musicale innovante qui ne manqua pas d’abord de nous interroger puis de nous intéresser. Mais que voulaient-ils donc nous faire savoir ? Que ces compositeurs étaient liés à l’âme géographique d’un bout d’écorce terrestre à l’histoire tumultueuse ? Qu’ils avaient en commun pour plaisir enfantin de pêcher dans le Danube cher à Claudio Magris ? Qu’ils avaient tous un esprit complexe qui les poussa à développer une musique contemporaine nécessitant un livret pour auditeur néophyte ? Et tiens, Hans semblait a priori éloigné de György et Arnold, non ? À la réflexion, pas autant que nous l’aurions cru. Et l’exilé d’Ibiza ? Lui, c’est certain, a laissé, et laisse encore, ses oreilles traîner ici et là pour nourrir son incroyable faconde et construire un grand œuvre qui dévoile ses accointances avec les extra-terrestres, notamment le dénommé Jean Sébastien. C’était donc lui le point commun (pour sûr il n’est point comme cet homme-là). Était-ce la réponse à nos questions ? Honnêtement, nous nous en fichâmes comme de l’an mil car nous fûmes emportés par la richesse des timbres présents (un vrai carnet de voyageur spatio-temporel), par l’alchimie étonnante qui s’épanouit devant nous, par le corps musical ainsi constitué sur le postulat ci-dessus inexpliqué et par le discours protéiforme d’où naquirent les histoires qu’il nous raconta.

Nous pourrions gloser plus longuement encore sur cet inhabituel concert mais il s’avère qu’un proverbe chinois dit que «  le ciel nous a donné deux oreilles pour écouter et une bouche pour parler. Nous devrions donc écouter deux fois plus que parler. » Alors achevons là ce pseudo compendium non sans vous faire toutefois savoir que le 1er novembre vit naître Mario Rigoni Stern, en 1921, et que ce dernier dans son ouvrage « Retour sur le Don  » vous fera traverser les contrastes de la Mitteleuropa en guerre, de la Russie au plateau d’Asagio (Vénétie).


Dans nos oreilles

Cowboy Junkies - The trinity session


Devant nos yeux

Marie Darrieussecq - Clèves