Cent trente troisième épisode

Raphael Schwab

Or donc, après l’hibernation officielle due aux fêtes qui vida de leur substance la programmation de divers lieux que le pérégrin fréquente usuellement, la lumière revint cette fin de semaine avec un bien beau et bon concert. Au fait, le barbu hippie, lui, a fait ses 2018 ans. Mais qui paye sa retraite ? Putain de question, n’est-ce pas ? Enfin bref, finie la capitolade festive, plus de fruits de mer en vue, plus de génocide volailler, plus de marrons glacés ou non, le sapin au feu, le foie au clou, plus rien, nada, sinon du jazz et, éventuellement de l’eau gazeuse pour les plus atteints. Il faut savoir pérambuler léger. Nous vous prions d’apprécier ces temps nouveaux et prometteurs où les jours rallongent timidement mais sûrement, de les savourer avec la musique que l’on aime. A ce propos, nous avons reçu en partage le coffret de cinq disques, avec un livret de qualité, couvrant une période allant de 1974 à 1982, sorti à l’occasion de soixante-quinze ans du guitariste Philip Catherine. Quatre albums anciens et introuvables en CD plus un concert inédit. L’occasion pour celles et ceux qui pensent que l’anglo-belge est juste mainstream de s’apercevoir qu’il a été par le passé, à l’époque où Mingus l’appelait « Young Django », plus aventureux qu’il ne l’est aujourd’hui. Oui, on aime, c’est la petite phrase consacrée dans l’espace culturejazzien où nous sévissons. Ah ! Toute une époque dirions-nous également si n’avions pas peur de passer pour un vieux con (trop tard…). Mais une période assurément foisonnante dont l’influence est encore palpable en ce début hésitant de XXIème siècle merdique dans lequel se démènent encore des associatifs enragés au service de la culture et du jazz en particulier ; le Chien à Trois Pattes de Michel Dugelay, par exemple, qui débuta la nouvelle année civile, ce 13 janvier dernier, avec le duo de Raphael Schwab et Julien Soro. Dans la petite salle du Pêle-mêle café de Montmerle sur Saône, les deux musiciens offrirent deux sets de grande facture architecturés autour de leurs compositions et de standards parfaitement choisis (Stardust, I let a song go out of my heart, Monk’s dream, Subconcious Lee, Solar, Sentimental journey). Nous notâmes à cette occasion que leur duo (six ans d’âge), issu de Ping Machine, possède des caractéristiques assez inhabituelles dans cet espace discret de dialogue musical intense. Fort charpentée et puissante, leur musique s’affranchit avec brio du théorème selon lequel le duo est par essence doux, paisible et intime (bref, qui fait pas de bruit). Impétueux et lyriques, poétiques et mélodieux, Schwab et Soro évoluèrent sur des structures régulièrement atypiques où l’harmonie et la spontanéité tinrent une place de choix. De la belle ouvrage, très expressive, non dénuée d’onirisme, pour une soirée non exempte d’humour et de convivialité avec un public joyeusement participatif. Mais nous étions en terre beaujolaise. Ceci explique peut-être cela. C’était un 13 janvier donc, jour qui vit hélas en 2007 la disparition de Michael Brecker. Pour vous consoler, sachez que c’était aussi «  la journée mondiale sans pantalon » à laquelle nous n’avons pas participé, ignorant que nous étions de cet événement poilant.


Dans nos oreilles

Ron Miles - I am a man


Devant nos yeux

Diane Di Prima - The poetry deal