99 : Marc Nammour & Lorenzo Bianchi Hoesch

> Espace 1789 - Saint Ouen - vendredi 23 Mars

Le nombre 99 en plus d’être un palindrome, est, dans tous les sens du terme un uniforme. Il est le lieu d’une incertitude, celui d’un vague lieu de naissance, d’un ailleurs, d’une altérité.
Ainsi ce fourre-tout bureaucratique, n’en déplaise à certains, est aussi le lieu d’un multiculturalisme dont sait se nourrir entre autre la musique mais aussi toute forme de poésie. Elle, la poésie, n’est pas un lieu de rêverie hors sol ou hors temps mais le reflet d’une réalité.
Et ça pique sous les textes âpres et bruts du rappeur Marc Nammour, mondes sans frontières où se mêlent régions du monde, jazz et 
langages, lutherie d’aujourd’hui (formidable Lorenzo Bianchi-Hoesch), saxophones coltraniens d’Akosh-S et qanum de la virtuose Maya Youssef.
C’est aussi l’expression d’un swing bien particulier ancré autour de la basse de Jérôme Boivin, d’une danse subtile celle des mots, de la prosodie, des corps, de la gestuelle. Il ne sert à rien de dire que l’on aime ou pas (mais nous nous aimons beaucoup), ça n’a même aucune importance il nous faut en premier lieu en accepter l’existence.
Oui l’altérité existe et est nécessaire à nos espoirs, seule la perfection est brutale, écrasante, d’une violence inouïe.
Rien, aucun barbelé, aucun mur ne pourront empêcher les croisements et les enrichissements mutuels des êtres, de leur savoir, de leurs envies.
Le 99 est essentiel à notre survie.

Marc Nammour

 : direction artistique, poésie scandée, rap / Lorenzo Bianchi-Hoesch : composition, musique électronique et traitement en temps réel / Jérôme Boivin : contrebasse, basse électrique, claviers / Akosh Szelevenyi : saxophones, / Maya Youssef : qanun

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  Manu GUERRERO Quartet

> Sunside, rue des Lombards, 57001 PARIS - 28 mars 2018

On sait que l’Afrique à son corps défendant a tiré un trait du haut en bas du continent américain étendant son influence des Caraïbes au blues de Congo Square jusqu’aux rives du Pacifique, de l’Afrique à la latinité. Le pianiste Manu Guerrero qui a longtemps fait ce qu’on appelle le métier c’est à dire accompagner des chanteurs de variété, a décidé de reprendre sa musique en main en suivant celle de sa destinée franco-péruvienne. Ainsi nous n’avons pas ici affaire à du latin jazz façon Paquito De Riviera ni à une sous-culture caribéenne mais plutôt à un melting pot de sa propre éducation au moins musicale où l’Afrique à rejoint la musique classique européenne en passant par les contrées andines. Il faut dire aussi que Manu a pu forger ses compositions au piano, in situ, sur scène, les confronter à un public qui n’est pas forcement là pour vous écouter et qu’il faut donc aller chercher, des moments de grande solitude mais aussi d’espoir quand le public répond présent. Alors durant cette soirée nous avons pu reconnaître les différentes pièces de son CD, Nuevo Mondo, sorti dernièrement, d’en mesurer les évolutions et les derniers développements, celle d’une musique vivante et c’est là l’essentiel. Certes il est bien aidé par l’incontestable métier et l’assurance de Felipe Cabrera à la contrebasse fin connaisseur des claves qui nous gratifia de quelques beaux solos, de la belle présence de Samy Thiebault et Stéphane Adsuar aux saxophones et batterie mais nous avons plus particulièrement apprécié les pièces en trio, cette musique chaloupée là où Manu Guerrero nous fait entendre sa science du développement, atténuant les frontières entre exposition thématique et soli. Ici est peut être à creuser sa propre identité son originalité franco-péruvienne qui le feront émerger des multiples trios qui nous entourent comme nous l’a laissé apercevoir dans quelques plages du CD, son association avec Minino Garay malheureusement absent en cette soirée au Sunside. Une musique en mouvement donc, dans tous les sens du terme dont nous attendons les futurs épanouissements.

Samy Thiebault : saxophone ténor / Manu Guerrero : piano / Felipe Cabrera : contrebasse / Stéphane Adsuar : batterie


Le disque :

Manu GUERRERO : "Nuevo Mundo"

Voir la Pile de disques de janvier 2018, ici...

> Jazz Family - JF040 / Socadisc

Manu Guerrero : piano, compositions / Samy Thiebault : saxophone ténor / Minino Garay : percussions / Felipe Cabrera : contrebasse / Lukmil Perez : batterie

01. Belleville la nuit / 02. Boayan / 03. Treinta de marzo / 04. Fresia / 05. Amélie’s monkey dance / 06. La flor de la canela / 07. Lament for freedom / 08. A human story / 09. Nuevo mundo / 10. Fresia (duo avec Minino Garay) // Enregistré du 13 au 15 mars 2017 au Studio Sextan de Malakoff (France).