| 01- RAJNA SWAMINATHAN . Of agency and abstraction - OUI !
| 02- BILLY MOHLER . Focus - OUI !
| 03- ORBIT
| 04- JONATHAN BLAKE . Trion - OUI !
| 05- ET D’AUTRES CHANTS D’OISEAUX - OUI !
| 06- JASON PALMER . Rhyme and reason
| 07- ADAM BALDYCH . Sacrum profanum - OUI !
| 08- DANIEL GARCIA TRIO . Travesuras
| 09- GWILYM SIMCOCK . Near and now
| 10- MAX STADTFELD . Stax
| 11- DAVID BERKMAN . Six of one
| 12- LE REX . Escape of the fire ants
| 13- VINCENT BOURGEYX . Cosmic dream
| 14- THE WØØØH . Music for wedding and funerals
| 15- STEFANO TRAVAGLINI & MASSIMILIANO COCLITE . The long line
| 16- STÅLE STORLØKKEN . The haze of sleeplessness


  RAJNA SWAMINATHAN . Of agency and abstraction

Biophilia Records

Rajna Swaminathan : mrudangam, chant (12)
Anjna Swaminathan : violon
Maria Grand : saxophone tenor
Miles Okazaki : guitare
Stephan Crump : contrebasse

Invités :

Ganavya Draiswamy : chant (4,5,8,10,12)
Amir Elsaffar : trompette (4,7)

Un album étonnant que ce disque de la percussionniste Rajna Swaminathan. Coproduit par Vijay Iyer, il propose une musique hybride dont la base se trouve dans la musique carnatique, musique traditionnelle de l’Inde du sud. Ancrée dans l’improvisation (qui appartient autant à la musique indienne qu’au jazz) les compositions de cet enregistrement naviguent entre Occident et Asie du sud dans une sorte de mouvement perpétuel qui berce l’auditeur de la plus belle des façons. Chaque musicien porte son authentique couleur instrumentale avec sincérité et l’ensemble réalise une surprenante synthèse musicale entre les différents courants qui la composent. C’est à tout moment apaisant et lumineux, profond et aérien dans un même élan. Rajna Swaminathan dit dans les notes d’album que celui-ci se veut le reflet d’un entrelacement de beauté et de chaos où la déviation, l’incertitude et l’improvisation amènerait à une sublimation de la matière, de l’incarné. Mais quel que soit le postulat, ce CD est indubitablement un modèle d’eurythmie offrant une vision musicale quasi astrale qui ne peut que convertir à son discours ceux qui affectionnent l’imprégnation , le métissage et le syncrétisme. Indispensable !

Yves Dorison


http://www.rajnaswaminathan.com/


  BILLY MOHLER . Focus

Make Records

Billy Mohler : contrebasse
Shane Endsley  : trompette
Chris Speed  : saxophone
Nate Wood  : batterie

Entre le bassiste Billy Mohler, bien connu du monde du rock, de la pop et du R&B pour ses compositions et ses productions, et ses collègues de jeu issus du jazz progressif, la greffe a de toute évidence pris. Serait-ce dû au fait qu’il a par le passé fréquenté la Berklee College of Music et rejoint ensuite le Thelonious Monk Institute of Jazz ? C’est plus que probable. Quoi qu’il soit, le quartet ne s’en laisse pas compter. Il est aventureux et toujours près pour l’escapade sur des rythmes souvent infernaux. De sa fréquentation du monde de la pop, Billy Mohler a conservé le goût des mélodies accrocheuses et, dans ce contexte jazz, elles sont redoutablement efficaces car, avec des improvisateurs de l’acabit de ceux qui l’accompagnent, elles sont souvent réinventées et presque sublimées dans un maelstrom de déviances musicales en tout genre. Les soufflants apprécient de serpenter vivement autour du thème et à l’écoute, on pense à beaucoup de musiciens, de groupes, sans réussir pour autant à poser avec certitude des noms… C’est sûrement cela la réussite du projet : être original par une approche renouvelée de l’existant. Avec ce quartet sans instrument harmonique, Billy Mohler fait mouche et nous affirmons qu’il ravira vos oreilles car aucune des influences potentielles qui parcourent la totalité du disque ne s’impose, laissant ainsi la parole à l’excellence créative particulière d’un ensemble bourré d’énergie positive et d’inventivité.

Yves Dorison


https://billymohler.bandcamp.com/releases


  ORBIT

Yolk Music

Stephan Oliva : piano
Sébastien Boisseau : contrebasse
Tom Rainey : batterie

L’interaction de trois univers musicaux peut s’avérer une gageure, surtout quand les musiciens concernés ont une personnalité marquée. Les deux français du trio, Stéphan Oliva et Sébastien Boisseau, ont travaillé le répertoire de cet enregistrement en amont en pensant au batteur natif de Santa Barbara, Tom Rainey. Dans les faits, ce trio est juste parfait d’élégance, de finesse et de créativité car les trois musiciens qui le composent n’appartiennent à aucune chapelle. Leur maturité s’exprime dans chaque ligne, que ce soit dans l’esthétique sensible ou la force lyrique, ou encore la puissance de l’abstraction. Il nous ouvre un monde de contrastes d’où est exclue toute superfétation. Chaque pièce contient un ADN dont les propriétés sont interactives avec les autres morceaux et cela forme un ensemble dont la cohérence n’a d’égale que la variété des phraséologies musicales abordées. Entre tension rythmique et climats harmoniques, les trois artistes tissent une toile aux effets moirés plus que séduisante. Cerise sur le gâteau, l’enregistrement à La Buissonne est parfait (pléonasme).

Yves Dorison


https://www.yolkrecords.com/fr/index.php?p=album&id=88


  JONATHAN BLAKE . Trion

GiantStep Arts

Jonathan blake : batterie
Chris Potter : saxophone ténor
Linda May Han Oh : contrebasse

Jonathan Blake est ce qu’il est convenu d’appeler un moderne ultime, un gars qui va là où la musique le porte quel que soit le genre. Qu’il donne la pulsation derrière un rapper, Oliver Lake ou Tom Harrell, sa versatilité ne l’empêche nullement d’être en accord avec lui-même. Dans cet enregistrement en public, lui et ses amis de longue date, Linda May Han Oh et Chris Potter, entretiennent la flamme d’un jazz libre où chacun trouve son chemin d’expression personnelle sans nuire à l’unité du trio. La musique couvre une palette aux couleurs fertiles. C’est puissant et délicat à la fois. C’est diaboliquement précis et follement intuitif. C’est totalement ouvert et les membres du trio s’engouffrent dans toutes les brèches qu’ils créent pour développer des axes mélodiques foisonnant d’inventivité. Chacun apporte sa pierre à l’édifice et tous, en bons innovateurs d’un jazz moderne brillant par sa rare intelligence, savent se retrouver dans un espace alchimique d’où émerge une musique somptueuse. Un disque indispensable à toute discothèque qui se respecte. Notons pour votre gouverne que cet enregistrement a pu voir le jour grâce à Jimmy Katz qui, par l’intermédiaire de son organisation (créée en 2018), permet à des musiciens innovants de créer leur musique sur scène dans des conditions financières décentes et d’obtenir en sus 800 Cds et téléchargements qu’ils peuvent vendre directement.

Yves Dorison


http://www.johnathanblake.com/
https://www.giantsteparts.org/


  ET AUTRES CHANTS D’OISEAUX

Label Forge

Pascal Berne : contrebasse
Bernard Fort : Electroacousticien
Michel Mandel : clarinette
Jean Marc Quillet : accordéon
François Raulin : piano, M’Bira
Guillaume Roy : Alto

Et voici une création musicale tout à fait originale par les temps qui courent. Centrée sur le chant des oiseaux, elle associe aux musiciens issus du jazz et des musiques improvisées un compositeur de musique électroacoustique, en l’occurrence Bernard Fort, cofondateur du GMVL (Groupe Musiques Vivantes Lyon) et ornithologue. Le résultat est bouillonnant de vie et de poésie. C’est agile et leste comme un courant d’air forestier, quelquefois interrogatif comme un moineau en terrasse au pied des tables de bar. Cela résonne aux quatre coins du disque par la magie de ces chants naturels que l’on tend à ne plus entendre dans notre quotidien citadin, même quand on souhaite les écouter. Mêlés pour le meilleur à la musique improvisée d’autres drôles d’oiseaux audacieux et joueurs de sons, ils composent un univers inédit, très imagé, propice à l’évasion. Allez dans ce disque les yeux fermés, vous sentirez l’herbe grasse et l’odeur acidulée de l’humus sous les sapins et vous écouterez un chant dont beaucoup ignore à quel point il est inestimable.

En corollaire à cette aventure auditive, vous pourrez lire le révérend Simeon Pease Cheney.Il tint dans les années 1880 le pari audacieux de retranscrire sur portées musicales, et uniquement à l’oreille, les chants d’oiseaux qu’il passait des journées entières à écouter dans les forêts de la Nouvelle-Angleterre, contestant l’idée qu’il n’y aurait pas de musique dans la nature. Son livre « Wood Notes Wild, Notations of Bird Music  » (Boston, 1892) traduit en français en 2009 (La musique des oiseaux, Éditions La Brèche) eut en son temps bien des difficultés à paraître et son auteur à être pris au sérieux. Mais vous pouvez aussi vous procurez « Dans ce jardin qu’on aimait » (folio) de Pascal Quignard qui revient très librement sur ce compositeur aux idées avant-gardistes.

Yves Dorison


https://www.laforgecir.com/project/et-autres-chants-doiseaux-2/


  JASON PALMER . Rhyme and reason

GiantStep Arts

Jason Porter : trompette
Mark Turner : saxophone ténor
Matt Brewer : contrebasse
Kendrick Scott : batterie

Autre projet accueilli en son sein par Giant Step Arts, l’organisation crée par Dana et Jimmy Katz au profit des musiciens américains innovants, cet album enregistré en concert de Jason Palmer possède un line-up qui s’apparente à la crème du jazz new-yorkais des années 2000 et plus. Mark Turner, Matt Brewer et Kendrick Scott pout compléter le quartet, rien que ça. Portée par la trompette subtilement louvoyante de Palmer la musique ici exposée ne manque pas d’intérêt, notamment grâce aux improvisations du trompettiste et du saxophoniste qui trace des soli passionnants. Notre préférence va cependant à ceux de Mark Turner qui nous paraissent plus achevés dans la forme comme dans l’exécution. Ceci dit, Matt Brewer et Kendrick Scott ne font pas de la figuration et savent être aussi créatifs que les leaders du groupe. On navigue donc entre les climats particuliers à ce jazz d’aujourd’hui qui flirte souvent avec un intellectualisme qui nous rebute un peu car, si la matière est riche et très ouvragée, elle nous semble un peu désincarnée, pas assez proche de l’émotion musicale première qui permet à l’auditeur de ressentir le frissonnement que peut convoquer une mélodie simplement lisible. Bon, nous ne sommes pas musiciens et, aller savoir, dans l’incapacité de comprendre ce type d’expression jazz. Mais les musiciens apprécieront à coup sûr l’exercice dans toute sa profondeur.

Yves Dorison


https://www.jasonpalmermusic.com/
https://www.giantsteparts.org/


  ADAM BALDYCH . Sacrum Profanum

Act

Adam Bałdych : violon, violon renaissance
Krzysztof Dys : piano, piano droit prepare, piano jouet
Michał Barański : contrebasse
Dawid Fortuna : batterie, crotales, gran cassa

Le violoniste polonaise dont on a apprécié (grandement) par le passé les audaces virtuoses s’oriente avec « Sacrum profanum » vers une autre dimension musicale qui révèle son éclectisme et son goût de la création. En s’intéressant de près à la musique sacrée, de la musique mystique médiévale d‘Hildegard de Bingen (1098-1179), en passant par la renaissance avec Thomas Tallis (1502-1585) et Gregorio Allegri (1582-1652), pour aboutir à Sofia Gubaidulina (1931), compostrice contemporaine russe, Adam Baldych expérimente pour le meilleur autour d’une culture musicale étendue, à laquelle il ajoute ses propres compositions, les possibilités d’un renouvellement de son art jazzistique. Car c’est bien de jazz qu’il s’agit dans cet album. Avec son quartet, il s’exprime avec des modes d’improvisation que nous connaissons bien mais qu’il arrive à dépoussiérer grâce à l’utilisation de sonorités aux couleurs et aux techniques aussi variées que sophistiquées. C’est virtuose et empli de trouvailles étonnantes. C’est mélodique aussi et toujours construit comme un langage musical qui bannit les frontières. L’homogénéité du groupe, son art du discours, sont par moments proche de la magie. Adam Baldych (qui dans sa jeunesse s’était fait viré de son école de musique pour avoir improvisé) et ses acolytes offrent là un enregistrement d’une rare profondeur qui fera date dans sa carrière.

Yves Dorison


http://adambaldych.com/


  DANIEL GARCIA TRIO . Travesuras

Act

Daniel García : piano, Fender Rhodes, synthétiseurs
Reinier Elizarde "El Negrón" : basse
Michael Olivera  : batterie

Invité :
Jorge Pardo  : flûte (4, 10)

Daniel Garcia souhaite effacer les différences entre les styles de musique, notamment entre le jazz et le flamenco qu’ils considèrent comme frères. Il en résulte un album aussi surprenant que passionnant. En mêlant les vocabulaires avec ingéniosité et une bonne dose de feeling, le pianiste arrive à formuler un nouveau théorème de la fusion musicale. Il en découle une musique incroyablement expressive, voire expressionniste, dans laquelle on perçoit parfaitement l’intrinsèque et l’organique brasier du flamenco croisant le fer avec la liberté improvisatoire du jazz. Le mélodique et l’harmonique ouvrent des espaces où la virtuosité des musiciens (remarquables Reinier Elizarde et Michael Olivera) et leur interaction conforte encore l’impression première d’intensité incandescente qui parcourt la musique de cet album jusque dans les compositions les plus lentes. Le jeu de Daniel Garcia brille également par sa connaissance de la musique classique, notamment dans l’approche des timbres, des cadences et des harmonies. L’ensemble est bien sûr porté par un souffle lyrique propre à la contrée natale du pianiste, ce qui ne déplaira à personne. En tout cas, pas à nous.

Yves Dorison


https://www.actmusic.com/en/Artists/Daniel-Garcia


  GWILYM SIMCOCK . Near and now

Act

Gwilym Simcock : piano

Gwilym Simcock avait envie d’enregistrer son deuxième album solo à la maison. Il a donc acheté un piano et l’a réalisé et produit. Cinq compositions, dont deux découpées en trois mouvements, composent le disque. Elles sont dédiées à Billy Childs, Brad Mehldau, Lee Chisnal, Rufus Ferrante et Egberto Gismondi. Qu’elles soient particulièrement composées ou plus libres de forme, les pièces présentées ici possèdent leur singularité propre et offrent un bel aperçu du talent fécond du pianiste gallois. L’écoute est exigeante certes, mais l’ensemble est diablement créatif, très attractif et par certains côtés presque romanesque (si tant est que l’on puisse attribuer ce qualificatif à un disque… mais on ose). Les atmosphères sont concentrées et englobent des lignes mélodiques puisant leur originalité dans le traitement des textures et la versatilité des émotions transcrites. Ajoutons pour achever de vous convaincre que si Gwilym Simcock avoue volontiers être admiratif de nombreux pianistes, et pas des moindres, il réussit le tour de force de ne pas leur ressembler.


https://gwilymsimcock.com/


  MAX STADTFELD . Stax

Act

Max Stadtfeld : batterie
Matthew Halpin : saxophone tenor
Bertram Burkert : guitare
Reza Askari : contrebasse

La jeune garde allemande du jazz est là. Avec le batteur Max Stadtfeld (26 ans à la fin du mois), elle trouve un musicien qui prend soin de ses peaux. Aucune agressivité déplacée n’est a noter dans son jeu, mais de la finesse et de la légèreté qui porte l’ensemble du CD vers des ambiances aériennes, apaisantes et aucunement fades, oui sans conteste. Pour accomplir cela, le natif de Constance est accompagné de musicien qui savent s’écouter et lâcher prise pour produire un jazz agréable, plutôt contemporain dans la forme et actuel dans l’esprit mais non exempt de références. Le guitariste excelle dans l’art de la circonvolution, le saxophoniste sait captiver l’auditeur par ses talents de conteur et le contrebassiste sait être là où on ne l’attend pas avec un à-propos convaincant. Hormis deux standards joliment renouvelés, toutes les pièces jouées sont du batteur et elles laissent entrevoir un bel univers musical qui ne demande qu’à s’épanouir. A suivre.

Yves Dorison


https://www.max-stadtfeld.de/


  DAVID BERKMAN . Six of one

Palmetto Records

David Berkman : piano
Dayna Stephens, Adam Kolker, & Billy Drewes : saxophones
Chris Lightcap : contrebasse
Kenneth Salters : batterie

Invités :
Tim Armacost  : saxophone
Rogierio Boccato : percussions

Trois saxophones pour un sextet mené par le pianiste ? L’assurance de varier les couleurs et les approches dans un continuum orchestral soudé par des années de jeu commun. David Berkman, qui réside à Tokyo depuis quelques années, entreprend avec cette évolution de son groupe d’aller plus avant encore dans la fluidité des formes mélodiques, fluidité qu’il dit avoir perçue dans le mode de vie et la culture nippone et qui l’ont inspiré. Les dix compositions laissent beaucoup d’opportunités aux solistes d’exprimer leur art et ils ne s’en privent pas en mêlant quelquefois les lignes avec un savoir-faire remarquable. La rythmique assure une assise impeccable et l’ensemble constitue un jazz contemporain extrêmement précis et fin qui coule avec aisance et une forme de simplicité très aboutie. C’est ce que voulait le concepteur de l’album et il y est parvenu de belle manière.

Yves Dorison


https://www.davidberkman.com/


  LE REX . Escape of the Fire Ants

Cuneiform Records

Benedikt Reising : saxophone alto
Marc Stucki  : Saxophone ténor
Andreas Tschopp : trombone
Marc Unternährer : tuba
Rico Baumann : batterie

Ce brass band suisse propose là son quatrième album. Les compositions sont nourries de multiples influences passant de la Nouvelle Orléans à Chicago, de Cap Town à Lagos. Offrant à tout moment des harmonies savamment décalées, le groupe produit un groove efficace renforcé par l’aspect homogène d’une palette riche de nuances qu’ils maîtrisent parfaitement. Il n’y a pas dans ce disque une suite de morceaux puisant chacun à une source, il y a une musique originale, colorée et pleine d’humour, créée avec une intelligence musicale remarquable. Les mélodies, rondes à souhait, emplissent un cadre souple au sein duquel les improvisations se déploient avec une belle inventivité. Kaléidoscopique dans l’âme, cette musique helvète ne manque pas de sel, ni de finesse. Elle devrait surprendre et séduire nombre d’auditeurs intéressés par les brass band. A vous de l’écouter maintenant.

Yves Dorison


https://lerexmusic.ch/


  VINCENT BOURGEYX . Cosmic dream

Paris Jazz Underground

Vincent Bourgeyx : piano
David Prez  : saxophone tenor
Matt Penman : contrebasse
Obed Calvaire : batterie

Avec « Cosmic dream », le discret Vincent Bourgeyx continue à épaissir son univers musical paisiblement. Parfaitement épaulé par une rythmique luxueuse (nous avons un goût prononcé pour le jeu dObed Calvaire) et sur certaine plage par David Prez et son saxophone ténor, il mêle compositions et standards avec bonheur. Sa vision de la musique s’appuie le dialogue ouvert et la densité de la forme. Sa musique, qu’elle se heurte au tempo ou qu’elle s’écoule dans le soyeux sait raconter les histoires et tenir par conséquent l’auditeur par les oreilles. Également adepte de l’art de la suggestion et de la spontanéité, il sait dans cet enregistrement concilier la rigueur orchestrale et l’émotion première qui nait au détour de l’improvisation.

Yves Dorison


http://vincentbourgeyx.net


  THE WØØØH . Music for wedding and funerals

Ormo Records

Henrik Pultz Melbye . saxophone tenor, clarinette
Lars Bech Pilgaard : guitare
Rune Lohse : batterie
Sylvain Didou  : contrebasse

Il nous avait semblé à l’écoute de la première des deux pièces de ce disque qu’elle était un peu bruitiste. Or le seconde l’est plus encore, le service de presse le confirme. Si le premier titre est donc une litanie en forme de crescendo d’une quinzaine de minutes intitulé « wedding », le second, intitulé « funerals » est une déconstruction effectivement bruitiste qui débute furieusement et se calme ensuite, jusqu’à cesser d’être, comme on sort du cimetière quand la messe est dite. Comment dire ? C’est un disque enregistré en public et peut-être eut-il fallu que nous fussions sur place pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce projet résolument contemporain. Qui sait s’il ne faut pas disposer d’un instinct imaginatif inné pour lire cette musique avec les oreilles ? Nous, dénués de psychotropes et de drogues dures, nous n’avons su, au naturel, par quel bout l’entendre. Mais cela n’engage que nous et d’autres seront certainement sensibles à ce disque bref (37mn27s).

Yves Dorison


https://ormomusic.wixsite.com/ormo/the-woooh-music-for-weddings-and-fu


  STEFANO TRAVAGLINI & MASSIMILIANO COCLITE . The long line

Odradek Records

Stefano Travaglini ; piano
Massimiliano Coclite : piano

Il est annoncé par les musiciens eux-mêmes que ce disque est un concept album basé sur l’improvisation et la composition instantanée. Influencés par Hindemith, Bull ou Stravinsky, mais aussi par les éléments formateurs de la tragédie grecque selon Aristote, ils délivrent une musique qu’un musicien, peut-être un pianiste rompu à l’exercice, peut assurément apprécier. Nous, nous n’avons pas vibré. On affirme même que rien ne nous a émus dans cet enregistrement et nous considérons cela comme un cuisant échec. Seule concession de la set-list, un Body and soul sombre et linéaire qui semble important aux yeux des deux musiciens. Mais là encore, nous sommes passés à côté. Nous ne sommes définitivement pas assez savants. Et vous ?

Yves Dorison


www.odradek-records.com


  STÅLE STORLØKKEN . The haze of sleeplessness

Hubro

Ståle Storløkken : musique et interprétation

On trouve régulièrement chez Hubro, maison de disques norvégienne dédiée aux jazz et musiques improvises plutôt expérimentales, des pépites musicales épatantes. De temps à autres, l’on reçoit une œuvre qui nous met en échec. C’est le cas avec ce disque de Ståle Storløkken dont le titre en français est « La brume de l’insomnie ». Nous nous sommes ennuyés, presque endormis, ce qui est un comble. Rien n’a pu retenir notre attention ou n’a pu nous interdire de rêvasser à bien d’autres choses. Mais d’autres que nous seront assurément intéressés et entreront dans cet univers à l’épaisseur lente et feutrée où surnagent par moments quelques expressions musicales moins lénifiantes que le disque dans son ensemble.

Yves Dorison


https://hubromusic.com/stale-storlokken-the-haze-of-sleeplessness-cd-lp/