Irréalités augmentées

Jeudi 7 novembre 2019

Le Jean-Charles Richard Trio, lui-même aux sax soprano et baryton, Manu Codjia à la guitare et Pipon Garcia batterie et effets, crée en première mondiale son programme Irréalités augmentées.

Le morceau d’ouverture demande une production minimale aux trois lascars parce que chaque son est instantanément immédiatement subito presto augmenté prolongé échoïsé doublé triplé rythmé nappé. Garcia ajoute même sa voix transforméconnaissable. Totale bidouille. Et pourquoi pas puisqu’ils ont annoncé Irréalités augmentées  ? À écouter ces nappes, on serait revenu dans les 70’s joyeuses et libertaires, les années de l’utopie encore vive ? Il y aurait du back to yesterday dans l’air du foyer-théâtre 71 ? Mais non, ces irréalités augmentées cèdent la place à un solide trio pur jazzy : thème à l’unisson baryton-guitare, solo de guitare avec contrechant au baryton. C’est beau et la différence avec l’intro saute aux oreilles : qu’est-ce que tu préfères, mec : du planant-électro ou du jazz bio ? En fait, leur usage des petits machines s’avère limité et pas plus allumé que chez d’autres. Donc du jazz avec des gros morceaux d’improvisations. À retenir, Mousse ( ? ) : le thème arpégé quasi répétitif au soprano et nécessitant un brin de vélocité mène au solo du même soprano dans le même souffle, le guitariste prend la suite avec au baryton, un solide contrechant ou une ligne de basses qui courent délicieusement. À la batterie, Pipon Garcia, toujours dans une position discrète, jamais ramenard à moi les mecs à moi, relance les soli, ajoute son grain de sel fin, joue de la charleston et de la charley avec une légèreté élégante. Il montrera son immense talent dans Marimba, une de ses compositions où, mêlant mailloches, fûts, caisses et effets, il construit le socle rythmique et mélodique sur lequel ses deux compères vont s’épancher. Une pièce introduite de manière free-bruitiste-radio-friture tourne en intense co-production sur fond de boucle répétitive au baryton avec un solo de guitare façon Hendricks, ça déchire sa race. On n’entend pas de ballade lentissime, leur excellence se déploie dans des rythmes soutenus, souvent casse-gueules, la dimension mélodique de leur jazz le rend accessible et scotchant, ce trio vaut de l’or en barre voire même un de ces métaux rares qui nous promet de saignantes aventures dans peu de temps.


Théâtre 71
3 Place du 11 Novembre, 92240 Malakoff


http://www.theatre71.com