Le festival des Boréales décline chaque année le jazz venu du Nord. Ici, place à la Norvège !
Les Boréales obligent : théâtre, classique, danse, cirque, jazz …sont les disciplines coutumières de ce festival d’automne de la région caennaise, avec pour cette édition la Norvège comme pays invité. A ce titre, avant de faire entendre ses notes venues du froid, le quartette scindé en deux, entre l’Allemagne pour le pianiste et Oslo pour le trio a donné des sueurs froides aux organisateurs. Un quart d’heure avant le concert tout le monde était enfin là, musiciens bien sûr et public venu nombreux.
Très vite les musiques d’ambiances du pianiste s’imposent.Musique d’ambiances au pluriel et non celle, singulièrement envahissante, qui fait office de son ambiant dans les lieux publics. D’emblée, le fin mélodiste réputé s’impose à l’oreille de l’auditeur ; à peine quelques soubressauts de la rythmique( Sigurd Hole à la basse, Jarle Vespestad à la batterie) osent apporter leur vibration propre. C’est sans compter sur un second titre –ou le second temps du même titre(?)- dans lequel le piano devient à son tour percussif, créant ainsi un univers contrasté et faisant entendre une musique inédite. Dès lors, on peut dire que le concert est lancé ! Le jeu du pianiste n’est pas celui de Esbjorn Svensson du groupe E.S.T pas plus que le quartette ne sonne pas comme celui de Rymden et enfin le son du saxophone de Tore Brunborg - invité du trio de Tord Gustavsen ne peut être identifié à celui de cet autre célébrité,Yan Garbarek ; au contraire le plus souvent, il donne une impulsion jazz à une musique qui pourrait parfois perdre le fil conducteur au risque d’un certain maniérisme. Alors, certes le swing n’est pas la maître mot du quartette : nous sommes plus près du rythme de la rêverie (il qualifie lui-même sa musique de “romantisme minimaliste”) que de celui de la danse, avec un usage répété de l’archet à la contrebasse, de la batterie comme percussions et d’ un piano en quête de mélodie et de sons inédits, d’un saxophone,enfin, sans réels chorus. Malgré tout, le quartette n’en produit pas moins une musique comme les aime le label ECM (avec leur dernier CD paru The Other Side) et comme l’a aimé le très nombreux public enthousiaste du Théâtre de Caen. Trois rappels ont été nécessaires pour combler son appétit et satisfaire sa curiosité, pour ce jazz suédois. Venu il y a 10 ans en trio à Caen, le pianiste concluait ce troisième rappel en solo !
Tord Gustavsen : piano
Jarle Vespestad : batterie
Sigurd Hole : basse
Tore Brunborg : saxophone