Cinquante-huitième équipée

Jean Pierre Como, Christophe Panzani, Bruno Shorp et Rémi Vignolo. Un quartet ayant déjà de la bouteille et pour lequel faire de la musique en-semble n’est pas une vaine expression. Que disais-je du pianiste par le passé ? Como vous dire ? Ah oui, qu’il puise dans sa besace les idées qui feront vibrer les marteaux et qu’il regarde dans celles de ses partenaires celles qui le feront résonner. Avec de l’écoute et de la fidélité, avec un sens patent de l’improvisation et un goût marqué pour la spontanéité ultime, sachant que chaque seconde est égale à la suivante, un pianiste comme lui fait de son quartet une aventure musicale qui est en toute circonstance une aventure humaine. Et oui ils font ce qui leur plaît, mais ils le font de concert, terme approprié s’il en est puisqu’il est ici question de leur passage au Chorus lausannois où j’avais omis d’arrêter ma course depuis quelques temps déjà, par paresse plus que par désintéressement. C’est ainsi et c’était un 1er février 2020, jour qui vit en 1587 Élisabeth Ière d’Angleterre (également appelée « la reine vierge », c’est pas de bol…) signer la condamnation à mort de Marie Stuart, souveraine d’Écosse, pas des cossards, et cheville ouvrière du rapprochement entre le peuple du whisky et le peuple du pinard ; une référence donc. Cet aparté mis à part… les improvisateurs réunis eurent des fourmis plein les doigts dès les premières notes de la première composition et le lyrisme transfrontalier du pianiste prit les affaires en main avec ce désir d’évasion qui caractérise son univers musical et impose un sceau créatif particulier à chaque mélodie explorée. Appuyés par une rythmique solide (presque dure par moment, tout de même) piano et saxophone portèrent jusqu’à l’incandescence les mélodies chantantes et/ou groovy du groupe. Qu’elles soient écrites par l’un ou l’autre des musiciens importa peu car toutes brillèrent d’un éclat fédérateur propice à la transmission vers le public (un peu faiblard) d’un frisson de contentement largement renouvelé tout au long des deux sets. Normal me direz-vous puisque Jean-Pierre Como démontra que la virtuosité ne l’inquiète pas et qu’elle peut aisément soutenir un propos musical lisible par tous. Christophe Panzani, quant à lui, fit preuve d’un bon tempérament, entre expression lunaire et verve déclamatoire, tandis que Bruno Shorp et Rémi Vignolo, la main sûre et l’oreille à l’affût, se jouèrent des articulations de la mesure avec la vigueur précédemment évoquée. In fine, avec ces qualités-là, le quartet responsable du bel et bon « Infinite » exposa fièrement les atours d’une machine bien huilée et par bonheur éloignée de toute forme de standardisation honteusement économique (ta mère). En fallait-il plus pour que je retournasse à ma caverne heureux (qui comme Ulysse) ? Non. Petite tête jaune avec un sourire en coin…


Dans nos oreilles

Ray LaMontagne - God willin’ & the creek don’t rise


Devant nos yeux

Ruth Klüger - Refus de témoigner


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