Soixante-quatorzième et dernière équipée

Les concerts à l’affiche alléchante ne sont pas légion dans les parages depuis que le bidule nous oblige à cacher nos bouches. Et pour une fois qu’une soirée retenait mon attention, le 03 octobre dernier (jour de naissance de Stevie Ray Vaughan), mon carrosse s’évertua à me contrarier et me fit rater le trio de Samuel Blaser avec Marc Ducret et Peter Bruun, trio que j’avais déjà vu/écouté quelques années auparavant et dont je gardais un souvenir ému. Ah ! Cruelle déception. Alors aujourd’hui, jour où l’on annonce le décès d’Eddie Van Halen (1955-2020), dont le titre « Eruption » servait de générique à l’émission culte de Bernard Lenoir « Feedback », sur France Inter au tout début des années quatre-vingt et à 21 h 00, je me demande à demi-mots si ma boite à pixels ne va pas mourir d’ennui sur l’autel de la pandémie. Mes oreilles, elles, vont plutôt pas mal si ce n’est qu’elles reçoivent un peu (beaucoup) trop de disques à écouter. Dois-je écrire que certains d’entre ces derniers, pour ne pas dire un bon nombre, m’ont carrément irrité, endormi, assommé, gêné et désolé ? Je ne citerai pas de noms. Même si d’autres sont passionnants, surprenants et franchement jouissifs, l’interrogation demeure cependant. À quoi bon faire tout ces enregistrements ? Pour qui ? Pourquoi ? Qui les achète ? Trop de musique tue la musique… et les musiciens aussi qui ne prennent plus le temps de faire vivre les groupes. La nouveauté élevée au rang d’obligation par les marchands ne voit que le bout de son nez, voire de son nombril. Elle n’envisage jamais l’avenir, ses lointains, et va jusqu’à ne plus lui faire confiance. L’urgence a ses avantages et plus d’inconvénients. La maturation, le mûrissement paisible possèdent l’inestimable atout de laisser du temps au temps. Et si l’on excepte quelques rares génies musicaux toujours capables de surprendre, c’est sous ses auspices que naissent le plus souvent les chefs d’œuvre peuplant nos discothèques. Mais bon, ce que j’en dis…

Bref, peu de concerts et trop de CDs, et pas de photographie. Si c’est une équation, le résultat est forcément négatif. En attendant, en attendant quoi… j’attends. Une activité comme une autre pendant laquelle l’on note que le directeur de l’Opéra Underground, la petite salle de l’opéra de Lyon, a changé de directeur, le précédent a tenu deux ans et avait renvoyé le jazz aux oubliettes ou presque. Celui-ci sera-t-il plus enclin à programmer la musique que l’on affectionne ? Je vous en reparle dans six mois, mais à priori, cela n’en prend pas le chemin. Déjà que nous avons perdu un club, le Bémol 5, au train vont les choses, je vais peut-être devoir chroniquer des concerts en ligne et faire des photos de mon écran. La suite dans un prochain épisode.


Dans nos oreilles
Johnny Cash : American VI : Ain’t no grave


Devant nos yeux

Pascal Quignard - L’enfant d’Ingolstadt


Pour la route :