Dimanche 13 juin 2021

L’autre matin, consultant le programme du Hot Club, je n’en revins pas. Un concert à vingt heures. J’allais donc sortir d’une cave à la nuit tombée. Mais le 11 juin tout est possible. A Cologne, le 11 juin 1964, un allumé a bien tué dix personnes avec un lance-flammes, alors… Naturellement, l’ambiance était chaude au Hot pour cette réouverture attendue, tant espérée, si souhaitée et follement désirée (malgré la jauge limitée). Et avec Komorebi, quintet emmené par la chanteuse Célia Forestier, que j’étais plus que curieux d’écouter enfin, je me préparais à une bonne surprise, étant entendu que mes confrères étaient majoritairement convaincu et que j’ai tendance à leur faire confiance… enfin pas tous. D’entrée, l’espace musical habité se révéla ancré dans l’entredeux, en un lieu placé entre émotion brute et complexité harmonique, entre douce exubérance et expressionnisme accentué. Accompagné par un quartet à la sonorité particulière (guitare, violoncelle, contrebasse, batterie), la chanteuse s’imposa par une diversité vocale persuasive. Elle susurra, vocalisa, souffla, chanta et habita des mélodies aux atmosphères contrastées qui, d’un genre à l’autre, naviguaient sans à-coups entre les esthétiques musicales. Également capable d’improvisation hardie, et parfaitement soutenue par ses acolytes, elle démontra avec une solide maturité que l’aventureux lui seyait fort bien. Les heureux spectateurs du club ne s’y trompèrent pas et, au bout de deux sets un peu courts, le firent savoir avec un plaisir jovial post pandémique du plus bel effet, plaisir qui, avant le rappel, s’invita sur scène (plus on est de fous, plus on rit, n’est-il pas ?) afin d’achever au mieux cette soirée de retrouvailles dans le plus vieux club d’Europe. Il y eut donc de la lumière filtrant au travers des feuilles ce soir-là car aux dires de Célia Forestier, c’est ce que signifie le mot japonais komorebi. Mais de lumière, il n’y avait plus quand je sortis de la cave aux alentours des vingt-deux heures, sinon celle des lampadaires qui, eux, n’ont jamais été concernés par le couvre-feu. Et le pire, c’est qu’ils ne se cachent même pas.


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