vendredi 26 novembre 2021

Si l’on excepte l’épisode Couture du début de ce mois, après une année de disette, les farinois ont retrouvé leur festival de jazz, pour la dix-huit ou dix-neuvième fois covid oblige, un festival dont j’ai déjà vanté les mérites par le passé. N’ayant pas pour habitude d’entériner les choix des médias, je fis étonnamment une infidélité à mes principes en venant écouter une jeune chanteuse médiatisée, dans le microcosme français du jazz bien sûr. À Fareins, quoi qu’il se produise sur scène, l’ambiance est assurée et s’emmerder relève de la gageure : les soirées se dérouler sans accroc et sont festives, sans prise de tête. Quant à la tête d’affiche, Camille Bertault, elle n’eut aucune difficulté à convaincre le public réceptif de l’espace Carjat. Emplie d’une sémillante énergie, disposant d’un sens rythmique et d’une justesse irréprochables, dotée d’un phrasé ne manquant jamais de clarté et d’expressivité, soutenue par un trio serein, elle produisit, titre après titre, une performance sui generis, homogène et proprement calibrée. Rien à dire donc, si ce n’est que, la première (bonne) impression passée, je m’étonnais de n’adhérer à cette petite affaire musicale que du bout des oreilles. Étais-je trop concentré sur ma boîte à images ? Étais-je venu sans moi ? L’expression joyeusement vocale du voisinage alentour était-elle en cause ? Je ne saurais vous dire, si ce n’est qu’il m’apparut qu’ici ou là une forme irritante de superfétation gesticulatoire m’agaça imperceptiblement. Qui sait si ce n’était pas l’orientation musicale prise par l’artiste tenant le swing à une distance respectable qui me désappointa. Je n’en sais foutre rien et je ne perdrai pas trois minutes sur le sujet. Sur scène, arrive ce qui survient ; et d’un lieu à l’autre je voyage plus souvent entre les hauts et les bas, dans le ventre mou du jazz, que dans les tréfonds ou sur les sommets du genre. C’est ainsi. En première partie de soirée, Un autre Camille était à la tête du Mettà Trio. Vu et chroniqué l’été dernier, je ne reviendrai pas dessus, si ce n’est pour affirmer que je ne renie pas ce que j’ai écrit : du jazz inventif et empathique. Et tout cela se passa un 26 novembre, jour qui vit en 1865 Lewis Carroll publier Alice au pays des merveilles. Un sommet de la littérature dans un genre non genré ou presque (cette dernière allégation est là pour titiller les concerné(e)s) ; il y a tout de même un drôle de lapin blanc aux yeux roses... Et puis, dites-moi pourquoi l’auteur a-t’iel (?!) un nom de prénom féminin et un prénom de nom masculin ? Allez, je vous le dis : c’était un pseudonyme.


https://www.jazzafareins.com/