Emmener ses petites-filles à un concert de jazz, c’est déjà un premier pas (franchi depuis longtemps). Leur proposer une mission de reporters d’un soir, ça change la donne... C’est ainsi que Louisa (bientôt 11 ans ; texte et photo) et Manon (bientôt 8 ans) sont devenues des collaboratrices éphémères de CultureJazz... Je m’éclipse donc pour revenir plus loin. (Thierry Giard)

Dimanche 17 juillet 2022 à 21h
dans la cour du château de Tallard (Festival de Chaillol)

De très nombreux spectateurs étaient venus dans la cour du château pour écouter la musique composée par Fabien Mary pour le Vintage Orchesta.

Parmi les 16 musiciens de l’orchestre voici David Sauzay au saxophone ténor.

Le temps passe vite en écoutant cette musique de jazz. La nuit est tombée, le soleil s’est couché derrière la montagne. Les projecteurs éclairent un autre saxophoniste : Olivier Zanot à l’alto.

Le public ravi a beaucoup applaudi le Vintage Orchesta qui a joué un morceau de rappel. Fabien Mary à la trompette et David Sauzay sont venus sur le devant de la scène pour un duo de solistes.

Le salut final pour ce beau concert.


Fabien Mary : trompette, composition
Dominique Mandin, Olivier Zanot, Thomas Savy, David Sauzay, Jean-François Devèze : anches, flûtes
Erick Poirier, Jean-Baptiste Bridon, Malo Mazurié : trompette
Michael Ballue, Michael Joussein, Jerry Edwards, Didier Havet : trombones
Florent Gac : piano
Yoni Zelnik : contrebasse
Andrea Michelutti : batterie

Louisa Giard


Vintage Orchestra : le passé d’aujourd’hui.

"Le Festival de Chaillol a pour vocation de concilier musiques des patrimoines d’ici et d’ailleurs et création par des musiciens d’aujourd’hui" précisait Michaël Dian dans son introduction au concert. Honneur donc au compositeur et trompettiste Fabien Mary qui a confié ses compositions au Vintage Orchestra, dont il est l’un des membres fidèles. Le directeur du festival rappelait que ce solide big-band avait été invité en 2018 avec un programme consacré à la musique d’un autre trompettiste (légendaire), Thad Jones (lire ici...).
Permettez que l’on nuance quelque peu les propos de Michael Dian. Certes, Fabien Mary est un musicien vivant et toujours jeune, sa présence sur scène en atteste mais la musique qu’il écrit reste profondément incrustée dans le jazz du dernier quart du XXè siècle.
Ce jazz là est totalement vintage et utilise les formes codifiées aux charnières du swing (l’ère des big-bands), du be-bop et des premières aventures novatrices de Gil Evans cité ce soir là comme référence pour l’arrangement "boisé" de Sakura. On rappellera toutefois que Gil Evans fit évoluer ses choix esthétiques et ses formes orchestrales jusqu’à son dernier souffle... Sa musique n’a jamais été figée dans une esthétique.
Pour coller à notre époque, , il faudrait chercher l’innovation et l’invention de formes nouvelles chez Régis Huby (Large Ensemble), le Onze heures Onze Orchestra et bien d’autres. Ou encore L.U.M.E. au Portugal pour ne citer qu’une infime partie de la galaxie des grands formats européens [1].
Signalons cependant que le festival invitait aussi le Kami Octet le 6 août, formation beaucoup plus intrépide, preuve de l’ouverture et de la diversité de cette manifestation (nous n’avons pu y assister).

Ceci étant écrit, il n’en reste pas moins que la musique de Fabien Mary, parfaitement arrangée et orchestrée pour le brillant Vintage Orchestra aura comblé les oreilles d’un auditoire ouvert et attentif. Les solistes sont évidemment excellents dans le registre que nous avons évoqué plus haut et s’engagent dans cette musique avec enthousiasme et un bonheur évident. Ce jazz-là, c’est leur truc et c’est aussi le nôtre, qu’on ne se méprenne pas !
On ne peut que louer les qualités de pédagogue de Dominique Nandin, remarquable directeur musical de l’ensemble et excellent saxophoniste alto. Sans se perdre dans de longs discours, il a su présenter la musique, expliquer simplement et avec clarté les modes de jeu, les choix de couleurs, les combinaison des sections. Une telle qualité de communication n’est pas si fréquente pour la souligner. Cela donne aussi des clés d’écoute à un public moins "averti" pour mieux apprécier la musique jouée ce soir-là. Un exemple à suivre...

Thierry Giard


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[1Compte tenu de l’esprit multi-culturel du festival de Chaillol, je verrais bien l’Organik Orkeztra de Jérémie Ternoy et Kristof Hiriart figurer au programme... Enfin , ce n’est qu’une idée, comme ça....