L’espace d’une semaine, Coutances devient la capitale musicale de la Normandie. Pluie de cordes, d’instruments à vents, collection complète des mondes percussifs, chants d’ailleurs … il y avait cela ce mercredi 25 mai.

  15h30 : Jardin des Pros

Rendez-vous au « jardin des pros » pour les militants du réseau Focus Jazz qui tout au long de l’année propose une multitude de concerts en mode associatif. Focus est né à Caen par la grâce de musiciens engagés dont le contrebassiste Nicolas Talbot. Focus a fédéré, étendu son audience, gagné quelques subsides public et irrigue maintenant un large territoire Normand réunifié, sa présidente est Catherine Lancien, productrice et agent de musiciens. Cette réunion a souligné l’ostracisme chronique dont est victime la musique de jazz, improvisée ou inventive. En quoi des scènes largement subventionnées (SMAC [1]) rechignent à accueillir un style qui fonctionne en mode artisanal tandis qu’une industrie de la culture prospère.
Belle rencontre d’acteurs, Caennais, Rouennais, Cherbourgeois, du Sud Manche, qui font connaissance et ne renoncent pas.
Détail pour le festivalier lambda et forcément amateur, l’accès au « jardin des pros » ne leur était pas réservé faute d’arborer le badge idoine. Mais le vigile en faction semblait lui aussi un peu amateur.

  18h : Keyvan Chemirani & The Rhythm Alchemy

Au début, ou presque, il y a Djamchid Chemirani (1942) le papa du leader du jour Keyvan (1968) et son frère cadet Bijan (1979).
En famille ils pratiquent au plus haut niveau le zarb. Chemin faisant Keyvan ouvrira l’espace du biotope, agrégera des rythmes en mode alchimique. Dans le magnifique écrin du théâtre de Coutances archi comble, tout est féérie de cadences orientales, indiennes (Prabhou Edouard), swinguantes (Stéphane Gallland). Cerise sur ce gâteau syncopée : la présence du beat boxer Julien Stella alterne voix et clarinette basse.
Sept cordes délivrent des harmonies apaisantes, celles (4 cordes) du violoncelle de Vincent Ségal dialoguant avec celles (3 cordes) de la lyra Crétoise de Sokratis Sinopoulos. Typique d’une programmation qu’affectionne les responsables du festival Jazz sous les pommiers et leur public.

  20h : Michel Portal MP85 et Lionel Loueke

Se lassera-t-on un jour des apparitions live de Michel Portal (1935) ?
Servi d’un quartet tout à sa dévotion, Michel Portal joue exclusivement son dernier album MP85. Équipe du disque au complet. Récital de gala oblige, un invité, le guitariste Lionel Louéké apporte une touche africaine. Loin des improvisations échevelées propre à l’univers Portalien on entend dans l’immense salle Marcel Hélie, au son irréprochable, arrangements et couleurs d’ensemble où chaque acteur a son moment de liberté : Bruno Chevillon (1959) magnifique sur une « folding »contrebasse, Bojan Z (1968) l’architecte du groupe, aimant s’exprimer sur deux claviers en simultané (plug & unplug), Nils Wogram (1972) talent du trombone et le benjamin Lander Gyselinck (1987) à la batterie.
Michel Portal dans le plus simple appareil, clarinette basse et Si bémol, saxophone soprano. Un moment de grâce ? « African Wind » pour la danse, la profondeur.
Pour nombre de festivaliers mélomanes, le moment fort de la 41 ème édition.

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[1SMAC : Scènes de musiques actuelles