SIMONA PREMAZZI . Wave in gravity

Autoproduction

Simona Premazzi : piano

Voici un très bel album de piano solo. Simona Premazzi est italienne et installée à New York. Hormis quelques compositions originales, l’on trouve dans ce Cd des titres de Cole Porter, de Bach, d’Andrew Hill, de Monk ou encore de Rogers & Hart et Frank Loesser. Une palette variée donc à laquelle la pianiste, avec un jeu clair et délié, dynamique et fioritures excessives, donne une autre vie. D’une sensibilité évidente, ses interprétations sont remarquables d’inventivité. Les arabesques qu’elle dessine fort la part belle à un lyrisme point trop emphatique. L’on entend avec grand plaisir une pianiste qui joue avec son âme et sa raison, oscillant sans cesse entre les deux pôles. Ses pièces improvisées démontrent quant à elles une science de l’harmonie et de la couleur redoutables. Ajoutez à cela une phraséologie du discours entièrement maîtrisée et vous obtenez « un très bel album de piano solo ». Vivement recommandé.


https://simonapremazzi.com/


  LEAP DAY TRIO . Live at the café Bohemia

GiantSteps Arts

Matt Wilson : batterie
Mimi Jones : contrebasse
Jeff Lederer : saxophone tenor

Un nouvel album chez GiantSteps Arts, organisation à but non lucratif axée sur le soutien aux musiciens, c’est toujours un plaisir car on est sûr de la qualité de la musique enregistrée. Avec ce trio sax / contrebasse / batterie capté live par le légendaire Jimmy Katz, c’est une évidence. Dans le mythique Café Bohemia ouvert en 1955 et fermé en 1960 avant de rouvrir en 2019, Matt Wilson, Mimi Jones et Jeff Lederer forment un trio très ouvert qui ne se refuse rien. L’auditeur est le premier à en profiter. Le titre du premier morceau étant « Dewey spirit », vous savez d’entrée où vous mettez les pieds. L’interplay et l’improvisation se taillent la part du lion. C’est une terre d’aventure qui permet à chaque musicien d’exister sous le regard de ses condisciples. Chacun amène son lot de compositions et les trois, ensemble, les malaxent, les réinventent. Le dialogue est fécond, il est mélodique aussi. Le son ample de la contrebassiste est un régal, tout comme la souplesse dynamique du batteur et leader. Jeff Lederer est, avec son discours inventif et tourmenté, à l’unisson de ses collègues. Du grand art.


https://www.mattwilsonjazz.com/
https://www.giantsteparts.org/


  ZACK LOBER . No fill3r

ZenneZ Records

Zack Lober : contrebasse
Suzan Veneman : trompette
Sun-Mi Hong : batterie

Ce trio serait presque hollandais si le leader n’était pas canadien et la batteuse coréenne. Ceci dit, les trois vivent au Pays Bas et ils ont bien fait de se rencontrer. Quelque part entre le swing et Ornette, leur musique improvisée se développe en mouvements amples faisant à l’âpreté comme au relâchement. Enregistrée en live dans le studio, elle se nourrit d’elle-même ; au-delà de l’instantanéité, elle profite de la culture musicale des musiciens pour voir plus loin que le bout de son nez. Le contrebassiste comme la trompettiste ne manquent pas d’âme et de désir exploratoire. Avec eux, la batteuse fait montre de jeu d’une extrême finesse (ce que nous avions noté sur scène en décembre dernier) qui laisse de l’espace aux sonorités qu’elle déploie. Sur cette terre d’aventure harmonieuse, le trio se laisse aller pour le meilleur. C’est aéré et aérien, avec à l’évidence une belle complicité qui simplifie les choses et densifie leur musique. Un très beau disque qu’il ne faut pas rater.


https://www.zacklober.com/


  PAPANOSH . A very big lunch

Labels Vibrants / enja Yellow Bird

Raphael Quenehen : saxophones
Quentin Ghomari : trompettes
Sébastien Palis : claviers
Thibault Cellier : contrebasse
Jérémie Piazza : batterie

sortie le 03 mars 2023

Jim Harrison n’a jamais été aussi présent que depuis qu’il est mort. Après le documentaire de François Busnel, voici l’approche musicale de Papanosh de l’ogre américain grand ami de la France et de sa bouffe en particulier. Alors quoi ? La question est la suivante : cela colle-t-il à l’auteur avec la verve de l’auteur, entre autres, des « Légendes d’automne » ? La réponse est oui, indiscutablement. Le quintet exprime avec des couleurs hautes et des textures denses, le sel de l’œuvre harrisonienne, toujours faite de chair et d’émotions, de vent et d’espace. Dans un registre original qui leur appartient depuis une quinzaine d’années, le groupe embrasse les genres et improvise une bande originale faite d’images, de respiration paysagère et d’éclats dignes du célébrissime borgne de l’Arizona. Homogène et d’une musicalité xxl, le very big lunch de Papanosh est gourmand et roboratif.


https://www.lesvibrantsdefricheurs.com/papanoshome