Le saxophoniste Wayne Shorter est mort à Los Angeles le 2 mars 2023. Il avait 89 ans. Christian Ducasse ouvre sa boîte à souvenirs et commente une sélection de ses clichés...

Notre génération a tôt connu l’existence du génie de Wayne Shorter souvent présenté comme le nouveau Coltrane. Le grand John qui l’avait recommandé à Miles Davis pour lui succéder … on connait la suite.

Après avoir écouté émerveillé les enregistrements déjà glorieux de Wayne Shorter au sein des Jazz Messengers, ses débuts en leader chez Blue Note, puis l’épopée du second quintet de Miles Davis, ce fut l’épisode retentissante de Weather Report, des rencontres fécondes avec quelques anges Brésiliens.

Nous découvrions de visu celui que Miles avait surnommé « Iron Man » ("parce que j’avais une volonté de fer"). Wayne Shorter ne fut jamais avare en apparitions publiques que ce soit dans des salles immenses ou moins vastes lors de tournées souvent initiées en Europe par les Autrichiens de Saudade.

Marseille 1er avril 1988, un concert du Cri du Port, ouverture mémorable du show dans le noir avec « Causeways » (album Joy Rider). L’été 1988 , Wayne tourne en all stars avec Carlos Santana qui confesse à la journaliste Fara C « Wayne est le plus tendre combattant de la paix que j’ai rencontré. À travers sa musique sans cesse en mouvement, en recherche, il nous invite à remettre en cause nos habitudes, nos a priori, à nous questionner sur le monde et à y apporter notre contribution ».
Pas mal de filles dans ses formations : Terri Lyne Carrington (batteuse), Renee Rosnes, Rachel Z, Patrice Rushen (claviers)…

L’été 1996 le drame, quand survint l’accident du vol de la TWA le 17 juillet, Wayne perdit sa femme Ana Maria (Ricky Ford, sa maman). Rebond en duo avec le fidèle Herbie Hancock, rencontre singulière d’un jour avec Martial Solal.

2000-2018 : une longue ligne droite de totale liberté, comme hors du temps, de l’époque avec son dernier quartet : Danilo Perez piano, John Patitucci contrebasse et Brian Blade batterie.

En 2008 Wayne Shorter se confie à Franck Médioni (Miles Davis 80 musiciens témoignent, Actes Sud) : « … Charlie Parker, le be-bop, le son de cette musique, c’était le son de la révolution. Une révolution sociale pour l’Amérique. C’était un son "nécessaire" , cela me rendait fier (Wayne avait 15 ans). Non pas fier d’être noir, mais fier d’être un être humain.  ».

Wayne Shorter aura à coeur de transmettre, Esperanza Spalding sera parmi les élues.