Abysskiss : le baiser des abysses ? l’amour des trous profonds ? l’attirance des crevasses ultimissimes ? Ils sont quatre pour cette première mondiale : Camille MAUSSION sax ténor et soprano, voix et compos, Pierre TEREYGEOL, guitare basse, voix, quincaillerie électro et compos, Illya AMAR vibraphone voix, Victor AUFFRAY euphonium, flugabone, quincaillerie électro et voix. Ils commencent par une pièce au titre inaudible (##@*^^^$$^%%^ !!!) qui sonne comme un chant d’église : quatre instruments et deux voix. On est dans les abysses inversés, comme quoi les mots sont trompeurs : on s’attend à descendre, ils nous font monter. Deux instruments polyphoniques, deux instruments monophoniques, quelques voix : ça autorise nombre de formats du quartet à la fanfare voire au bigband. Si si, ils sonnent «  puissant ». Il convient de noter tout de suite que l’écriture ne suppose aucune approximation quant à la mise en place des thèmes : millimétrée avec la rigueur et la précision du pied à coulisse. Et impossible pour les auditeurs, de se reposer sur une forme connue ( couplet-refrain, AABA par exemple ), de plonger dans un pianissimo durable ou un tempo uniforme du début à la fin : ils fabriquent une musique d’une instabilité permanente : le même morceau va opposer une séquence planante (quand le flugabone convoque Jon Hassel) à une séquence scandée, martelée, puis enchaîner divers rythmes inattendus. Ils empruntent à la musique répétitive, au free, à la chanson, au bruitisme, au jazz bien sûr. Il y a cette pièce au tempo de marche déjantée très dansante, avec un solo de ténor sophistiqué pas du tout académique genre je commence par une petite phrase, je la reprends, je l’enrichis je la développe, etc..., non non : le solo est, dans une mise en abîme, à l’image de toute la musique de ce soir : inattendu, imprévu, disruptif ( mais pas macroniais ). Il y a cette pièce au tempo pépère, faussement planant, où l’euphonium soloïse, avant que, du ténu ténor, ils passent au big four éclatant et enfin au solo de vibraphone entouré de trois voix. Nous entendons Auffray vocaliser ( il n’est pas sans rappeler Méderic Collignon ), Tereygeol chanter (oui oui, avec de vrais paroles ), Amar s’arracher les mailloches et Maussion les lèvres. C’est beau, prenant, chaud, intime. À se demander si Abysskiss ne fricote pas avec Frenchkiss.
On les rappelle bien évidemment.


Atelier du Plateau
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