Millimètre après millimètre le jazz fait son nid
En musique comme ailleurs certains ont essayé de renverser la table, voulant repartir de zéro ce qui est impossible car que l’on soit pour ou contre on est toujours avec, on peut trouver ça déprimant ou amusant. D’autres au contraire ont la révolution douce avançant alors millimètre après millimètre.
Maurizio Minardi : piano
Maurizio Congiu : contrebasse
Thomas Delor : batterie
Pianiste, organiste, accordéoniste italien basé à Paris Maurizio Minardi publie ici son quatorzième album fruit de voyages et de parcours à travers l’Europe et sa diversité. Et quoi de mieux que le jazz et la composition pour exprimer cette multiplicité. Une musique moderne et raffinée, des couleurs harmoniques que l’on devine puisé au sein d’influences diverses, traduction onirique d’un monde poétique qui entre la promenade au bord de l’eau, les miroirs, la femme lunaire nous offre ici un bien beau voyage. Ne pas croire que l’on soit dans la rêverie molle mais plutôt dans la recherche d’une force inspirée par la nature avec un grand N. Entre tradition de la musique écrite et l’audace de l’improvisation, cet opus témoigne de l’ingéniosité d’un trio de musiciens remarquables. Il faut dire qu’ils ont de quoi faire, face aux compositions de Maurizio, à écouter au delà de l’invisible.
https://www.mauriziominardi.com/
Eric Barret : Saxophone
Emil Spanyi : piano
Gautier Garrigue : batterie
sortie le 8 mars
Pour cet enregistrement public le saxophoniste et pédagogue Eric Barret a écrit tout le répertoire de ce trio sans basse. Quand on dit écrit il faut le comprendre dans le sens jazzistique du terme, l’improvisation et l’échange restant les maitres mots de ce trio où, comme son nom l’indique, la musique est toujours en chantier, s’en est même le sens profond. Comme il le dit lui même dans la description du titre Working Out le présence du public est ici primordiale car quelque chose échappe au processus de création sis là devant nous qui tient au lien entre les auditeurs et les musiciens, s’en est même déterminent. Mais surtout ne pas croire que tout ceci est le fait du hasard, non ça serait trop simple, on peut appeler ça alchimie, magie musicale nous lui préférerons tropisme (sentiment fugace, bref, intense mais inexpliqué). Citons encore Eric pour le morceau DreamWork : le processus créatif passe par le rêve et le rêve ne peut s’émanciper que par le travail de tous les jours. Nous sommes là à l’antithèse du divertissement dont ce disque est le témoin, loin des futilités et proche de nous par son énergie rythmique et mélodique. Une musique qui s’émancipe et nous interpelle où comme le dit encore Eric Barret étirable à l’infini, le but de tout Work In Progress.
Ali Jackson : batterie
Omer Avital : contrebasse
Aaron Goldberg : piano
sortie le 1er mars
Encore un piano-contrebasse-batterie vous me direz et moi je vous réponds pourquoi pas si c’est fait avec intelligence et bonheur. Car oui de ce trio ressort une sorte de joie et de plaisir indéfinissable. Est-ce leur indéfectible amitié (25 ans d’âge), le plaisir du jeu naquit au Smalls de New York, la joie des retrouvailles. La sensibilité du jeu, les références évidentes (on pense à Ahmad Jamal, aux Jazz Messengers, des clins d’œil au Kind of blue de Miles Davis, à Charlie Mingus), des mélodies qui vous restent dans les oreilles et cette irrépressible envie de danser. Un swing puissant, des couleurs harmoniques chaudes, du blues et surtout un esprit triangulaire où personne n’est leader et tout le monde acteur que ça soit sur des compositions écrites pour l’occasion ou des standards ces mélodies intemporelles qui finalement ne vieillissent jamais, tout dépend de ce qu’on en fait. Et cerise sur le gâteau des personnalités différentes que certains voudraient voir se détester et eux qui leur font la nique. Vous voulez passer un bon moment il y a ce disque pour ça !!!
Ali Jackson
https://www.omeravital.com/
https://aarongoldberg.com/
