Vendredi 15 mars 2024

Ce 15 mars 2024, Joachim Kühn a fêté ses 80 ans et Charles Lloyd ses 86. Ce dernier a profité de l’occasion pour sortir un double album avec Jason Moran, Larry Grenadier et Brian Blade, pas moins. Des légendes du jazz vivent donc encore et c’est une bonne nouvelle. Ce même soir au Chien à 3 pattes, le quintet Elliavir donnait concert. Lauréat du Tremplin Rezzo de Jazz à Vienne 2022, le quintet n’était pas encore passé par mes oreilles. La salle du Pêle-mêle café était pleine comme souvent et comme un œuf, ce qui fut plaisant et source de satisfaction pour Lou Rivaille et ses collègues dont la musique fut fort appréciée. Lyrique et mélodique à souhait, cette dernière se construisit sur une réelle générosité, des qualités musicales manifestes et quelques audaces, notamment un dialogue intense entre la vocaliste et le trompettiste. A l’exception d’une composition dédiée à celles et ceux qui subissent malgré eux les ravages de guerres qu’ils n’ont pas choisies, chaque titre baigna par un biais ou un autre dans une forme d’imaginaire proche de la fantaisie onirique, même et surtout la reprise d’un thème de Leila Martial. Aérien et puissant à la fois, le quintet, parfaitement en place, me fit songer que cette école aux frontières du jazz qui mêlent les genres avait décidément le vent en poupe. Ce n’est pas nouveau en soi et pas désagréable, d’autant que les musiciens qui l’interprétèrent furent comme toujours avec la jeune génération dotés d’une science musicale hors catégorie incluant une narration fine et un sens assuré du crescendo. Une esthétique en vaut bien une autre, dit-on. Lou Rivaille quant à elle, proche du public et n’hésitant pas à tailler la bavette, tint bon la scène et mena l’auditoire à un ravissement bruyant qui appela l’inéluctable rappel. Walking in the air, le titre en question, s’acheva sur un chœur a capella entre les musiciens et le public, histoire d’officialiser le compagnonnage créé dans une bonne humeur com-plice tout au long du concert. De retour à la casbah, je notai toutefois qu’avec une once de jazz plus proche de l’idiome mon contentement eut été plus conséquent ; mon côté vieux con ?


Lou Rivaille : voix, composition
Rémi Flambard : trompette
Christophe Waldner : piano
Cyril Billot : contrebasse
Maxime Mary : batterie


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