Ça commence comme un concert chez Anne Montaron, sur France Musique : un souffle dans un tuyau, des sons secs et puissants comme des éclats de grenade à Sainte Soline, de la musique inouïe bien sûr, de la musique qui dé-range.
Musique qui naît, pure descendance de la rencontre fortuite entre un parapluie et une machine à coudre sur une table de dissection, de celle, improbable, entre le tuba de Fanny METEIER et le violon alto de Maëlle DESBROSSES. Dont le duo, Météore, s’emploie ce soir, à jouer pour la première fois, une poignée de pièces dues à Dominique Pifarelly, Élodie Pasquier, Marc Ducret, Sarah Murcia et Fred Poulet, Bruno Ducret. La rencontre avec des œuvres de musiciens aguerris à mêler l’écrit et l’improvisé et à se fleurter outrageusement avec les limites de la bienséance musicale, celle qui ne dérange ni n’offusque ni ne gratouille entre les oreilles.
Donc De nuit, en amuse-gueule où elles alternent, l’une au solo, l’autre aux tenues, avec déjà l’insoutenable douceur du tuba qui rompt avec ses pêches fusillantes.
Laissons le train passer a tout d’une pièce de concours où chacune s’efforce de ne rien mettre à côté, pizz à l’alto, pêches au tuba, et des bribes de conversation, celles qu’on entend quand on marche dans la rue sans s’arrêter : non mais non hein bah tout de même….. avant deux monologues enchevêtrés. Elles jouent du fortissimo et du pianissimo, du sec et du liquide, de l’unisson et de la désunion, du soyeux et du percussif ; elles soloïsent aussi et il faut tendre l’oreille pour s’en apercevoir. Elles tentent une conversation paroles-musique, comme un parent parlerait à un enfant qui répondrait par une chanson (succès garanti pour le parent !! ).
Et surtout elles prennent un plaisir évident à cette aventure d’un soir. On entend les inspirs de l’altiste qui annoncent son élan avant un trait soutenu, on perçoit les émotions labiles de la tubiste. Elles s’écoutent, chacune a capella, avant d’oser cette pièce surréaliste ( texte de Fred Poulet, musique de Sarah Murcia ) au discours carrément décalé. Et lâchent leurs cris dans la dernière œuvre (infirmière, psychiatrie, ???? ) qui rend évidente l’ambiance agitée d’un service psy par ces temps d’éco-anxiété, à ce qu’on dit dans les étranges lucarnes.
Le public venu en grand nombre, ne s’y trompe pas : grand plaisir à sortir des sentiers rebattus et à se décrotter les ouïes. Et les rappelle.


Atelier du Plateau
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