SEBASTIEN AMMANN . Change of course

Ropeadope Records

Sébastien Ammann : piano
Ralph Alessi : trompette
Caroline Davis : saxophone alto (5.6)
John Hebert : contrebasse
Eric McPherson : batterie

Dans la galaxie du jazz moderne, le pianiste Sébastien Amman trace des routes qui n’appartiennent qu’à lui. Installé dans la grande pomme depuis 2008, il ne fréquente que des musiciens aux univers originaux et, quand il les réunit comme ici, cela donne un quartet de luxe aux intentions audacieuses qui développent une musique toute en circonvolutions déambulatoires dans lesquelles un auditeur avisé prendra toujours plaisir à se perdre. Les musiciens qui l’accompagnent, le magnifique Ralph Alessi en tête, projettent des irisations musicales d’une densité imparable qui soutiennent parfaitement le travail de composition du leader. Eric McPherson est d’une incroyable légèreté dynamique, John Hebert d’une présence aussi puissante que raffinée et Sébastien Amman sait les lier à sa musique avec un naturel presque déconcertant. Caroline Davis apporte se contribution au saxophone alto sur deux titres et on la remarque immédiatement. Bien évidemment, l’interplay est à son maximum et l’évocation voulue par le leader dans ses compositions de la crise climatique et de la perte de biodiversité nous est servie comme une merveille de cette nature en danger à laquelle nous tenons (enfin pas tous).


http://sebastienammann.com/


  MILTON SUGGS . Pure intention

Imani Records

Milton Suggs : chant
Michael King : piano

Milton Suggs et Michael King sont chicagoans. Un chanteur de jazz et un pianiste dont nous n’avions jamais entendu parler ! Encore une fois me direz-vous. Mais on le regrette et on leur rend justice en chroniquant le disque de leur duo qui sort ces temps-ci. D’abord parce qu’il nous a touché, ensuite parce qu’il est toujours bon d’élargir le champ des possibles du jazz pour nos lecteurs. Avec une voix puissante de baryton utilisée toujours avec justesse, une faculté nette à la retenir fort agréable, une fluidité impressionnante et une capacité non négligeable à moduler, il narre des histoires simples et intenses à la fois. Harmoniquement sophistiqué, son travail est un modèle du genre (quelque part entre Joe Wiliams et Andy Bey). Parfaitement soutenu par pianiste plus que doué et très à l’écoute, il porte chacun de ses textes (posés sur des thèmes composés dans le passé par les plus grands) avec une diction impeccable sans jamais nous infliger d’effets de manche virtuoses de mauvais goût. Tout pour la musique et rien d’autre. C’est beaucoup me direz-vous, mais c’est ce qu’il faut produire un disque magnifique qui a déjà comme un goût de classique qui restera méconnu par chez nous, comme souvent.


https://www.miltonsuggs.com/


  MARI KVIEN BRUNVOLL & STEIN URHEIM WITH MOSKUS . Barefoot in bryophyte

Hubro

sortie le 08 août

Mari Kvien Brunvoll : chant, électronique, percussion, cithare, carillon
Stein Urheim : chant, guitares, flûtes, électronique
Anja Lauvdal : piano, synthétiseurs, harmonium, électronique, chant
Fredrik Luhr Dietrichson : contrebasse, violoncelle, sifflement, chant
Hans Hulbækmo : batterie, percussion, flûte à bec, harmonica, boîte à rythmes tabla, chant

Quand on écoute un nouveau disque sorti chez Hubro, on est toujours surpris. C’est la raison première pour laquelle on aime cette maison de disques. Ensuite, nous sommes sûrs à chaque nouvel enregistrement d’écouter une musique originale. Ce disque qui réunit quelques uns des fers de la lance de la riche scène norvégienne est donc, une fois de plus, un ovni comme on les aime. Des chansons apparemment folk, des improvisations qui tirent sur le free, des ambiances diverses et variées, ludiques, chantantes, étranges et surprenantes, popisantes un peu ici et là, bref de quoi nourrir les plus audacieux qui se procureront cet album. Comme toujours, c’est parfaitement bien réalisé et l’originalité est la pierre angulaire d’un monde musical baroque, extravagant, décalé, qui nous a fait penser de temps à autre au Pink Floyd des débuts. La musique, usant de timbres toujours typés, peut être tour à tour flottante et rêveuse ou un poil emphatique, mais elle reste en toute circonstance étonnamment organique. C’est de l’orfèvrerie inventive en diable et cela ne peut, on le répète, que combler les oreilles les plus aventureuses. A ne pas manquer.


https://moskus.bandcamp.com/album/barefoot-in-bryophyte


  PAT METHENY . MoonDial

BMG

Pat Metheny : guitare baryton

Sortie le 26 juillet

Pat Metheny sera septuagénaire le 12 août et il sort un nouveau disque en solitaire dont on est obligé de parler. C’est un peu irritant quelquefois mais l’on est contraint d’avouer que les fautes de goût sont étrangères à ce musicien en perpétuelle recherche. Avec une guitare baryton et des cordes spéciales fabriquées en argentine qui lui permettent un autre système d’accordage, le guitariste livre un disque solo sans bidouillage aucun. Le son est aussi redoutable que les compositions personnelles et les standards qui composent la playlist de l’album. Mine de rien, l’homme du Missouri sait toucher l’auditeur là où ça fait du bien, à la recherche d’un graal musical qu’il frôle plus souvent qu’à son tour. D’ailleurs, s’il le touchait enfin, à pleines mains, il n’aurait plus rien à nous raconter. Ce disque possède tous les attributs d’un grand parfum humé non loin d’une oreille, il vous renverse insidieusement et, chaque que vous le croisez dans une rue, il vous séduit encore, sans jamais vous lasser. C’est un alliage subtil d’harmonies toutes essentielles qui composent un bouquet à la rondeur chaleureuse dont les notes mêlées se distinguent les unes des autres par un je ne sais quoi qui vous assujettit malgré vous. Écoutez-le, vous le valez bien…


https://www.patmetheny.com/