Maya Angelou : Chanter, swinguer, faire la bringue comme à Noël

Les Editions Noir sur Blanc. Paris. 2024

Le titre français peut sembler racoleur. De fait, il l’est…. tout en étant fidèle au titre américain Singin’and Swinguin’ and Gettin’ Merry Like Christmas
OK pour les deux premières injonctions mais pour le reste, l’auteur fait assez peu de cas de ses beuveries . Si elle avoue qu’elle était « tout strass et paillettes mais sans la sagesse », c’est non sans avoir préalablement dresser le cadre de son contrat : » Si je vais là bas -avoue-t-elle à son amie, c’est juste pour danser et gagner de l’argent » 
Certes, le passé de cette jeune femme noire n’est pas de tout repos et sa joie de vivre telle qu’elle transparait dans cette autobiographie sidère d’autant plus.
Née en 1928 et décédée en 2014, Maya Angelou de son vrai nom Marguerite Johnson a connu plusieurs vies dont le récit s’étale dans les 7 tomes que compte son autobiographie !
Dans le premier volume publié«  Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage en 1990 chez Belfond ( réédité en 2008 chez Les Allusifs), l’écrivain évoque son enfance meurtrie par la ségrégation et par un viol tandis le second paru en 2020 « Rassemblez-vous en mon nom  (Notabilia) est consacré à son adolescence où jeune mère célibataire, elle alterne les professions de conductrice de tramway et de proxénète.
Vie chaotique jusqu’alors que le début de la maturité calmera un peu, à partir de son mariage raté avec un grec de passage, de son entrée dans la religion (église baptiste) et de sa profession de danseuse de calypso dans les boites de strip -tease(« Je m’étais mis en tête que cette danse allait me sauver la vie…) et par dessus de tout son fils Clyde.
Le succès lui vaut la jalousie des autres danseuses tandis qu’elle envie leur peau blanche qui leur permet d’aller partout.
Son licenciement sera l’occasion d’un nouveau départ en avouant à ses futurs employeurs qu’elle savait non seulement danser mais aussi chanter, ainsi qu’elle le prouvera en s’emparant à l’improviste de la partition de » Love for sale ».
C’est ainsi que Marguerite devient pour la scène Maya et Angelou, du nom de son ex mari Angelo.
Changement de nom, changement de décor et changement de statut ; les choses commencent à se préciser. Après un contrat à Broadway, là voilà embarquée pour la tournée européenne de Porgy and Bess qui va constituer dorénavant l’essentiel de ses souvenirs de voyage et donc une bonne moitié de l’ouvrage.
Défilent ainsi l’évocation de semaines à Venise, Rome, la Scala de Milan, Athènes, à Paris non raciste avec les noirs américains mais pas avec les noirs de ses anciennes colonies, le racisme des noirs d’Afrique du Nord en Egypte, la dictature sinistre de Tito en Yougoslavie et le racisme de ses habitants pire que la ségrégation aux USA.
Au détour d’une traversée houleuse de la Méditerranée ( au sens strict du terme), on croise la silhouette de Brigitte Bardot entourée d’acteurs anglais (?)sur un bateau au large de la Méditerranée puis dans un cabaret de Paris la seule chanteuse française un peu jazzy en pleine période « yé-yé » », Nancy Holloway…sans compter ses amoureux transis plus incongrus les uns que les autres
Et par dessus tout son plaisir de la scène.

Les clubs pour chanter, les scènes de théâtre pour danser, les sorties nocturnes ; bref la tournée de Maya avec Porgy and Bess en Europe est avant tout une fête …et son récit picaresque, un
plaisir pour le lecteur !

Ajoutons qu’outre l’exercice de ses talents scéniques et d’écritures, Maya Angelou a été militante des droits civiques aux côtés de Nelson Mandela, Martin Luther King, Malcom X...