JOHN STEIN . Next Gen – jazz for my grandchildren

Tiger Turn Records

John Stein : guitare
Ed Lucie : basse
Mike Connors : batterie

Sortie le 31 janvier

Un trio guitare / basse / batterie, c’est assez rare pour être signalé. Le plus beau de ma discothèque, c’est le Live Donte’s de Joe Pass, ce qui ne rajeunit personne. John Stein, guitariste leader de cet album, avait fait avec les mêmes musiciens et une chanteuse un disque peu après la Covid. L’ayant donné a une de ses filles, cette dernière lui a dit : « Cool, quand en fais-tu un pour tes petits enfants ? » Cinq des onze thèmes de cet enregistrement leur sont donc consacrés. Ce n’est cependant pas la raison principale qui fait que je vous en parle. D’abord il y a musique, avec un bon groove de derrière les fagots, qui fait mouche immédiatement. Ensuite, le son chaleureux et très expressif du guitariste fait merveille, comme le son du bassiste qui prend de beaux soli et tient la baraque en compagnie d’un batteur doué pour caresser les fûts et les cymbales. En résumé, ils ne m’ont pas cassé le crâne et c’est comme ça que j’aime les trios de ce type. C’est cool, ça coule de source et le traitement classique des thèmes et des structures ne vous perdront pas route. Cool je vous dis.


https://johnstein.com/


  SELIM RANTAPURO . Unknown dimensions

Rantapuro Records

Selim Rantapuro : guitare
Tuomo Uusitalo : piano
Mikael Saastamoinen : contrebasse
Roope Kantonen : batterie

Place à la jeunesse avec ce quartet finlandais emmené par le guitariste. Du jazz bien sûr, avec un savant mix entre modernité et tradition. Le moins que je puisse dire, c’est qu’ils ont de l’avenir. L’ensemble est enlevé, avec un swing léger mais bien présent. Sur chaque titre, les soli sont suffisamment évocateurs pour que l’auditeur ne s’ennuie jamais. Les compositions originales de Selim Rantapuro sonnent souvent comme des standards et ne sont jamais trop alambiquées. Par chez nous, on est plus habitué à recevoir des musiciens finlandais évoluant dans les marges du jazz, tendance free et autres espaces habitables par la musique improvisée. C’est donc une agréable surprise de voir qu’il existe aussi là-haut des jazzmen un peu plus proche de l’idiome originel, car si une scène nationale manque de diversité, c’est triste et cela laisse des auditeurs potentiels sur le carreau. Découvrez donc ce disque autoproduit, cela ne peut pas vous faire de mal.


https://selimrantapuro.com/


  BRIGITTE BUHLMANN . Beautiful love

autoproduction

Brigitte Buhlmann ; chant
Noé Macary : piano, arrangements
Sylvain Pourrat : contrebasse
Thomas Chignier

Sortie le 07 février

Encore une découverte intéressante avec ce disque de la chanteuse suisse Brigitte Buhlmann. En quartet, avec des musiciens pointus et des arrangements du pianiste le plus souvent étonnants, lorgnant clairement du côté de la pop, sur des standards intemporels parmi les plus connus, Brigitte Buhlmann pose sa voix étonnamment grave (avant elle, seule Julie London pouvait évoluer aussi bas) et quasi nonchalante sans jamais la pousser outre mesure. Dotée en sus d’un grain audible qui lui donne un beau relief, la dite voix permet à la chanteuse d’user d’un nuancier discret sur des temps lents ou moyens, rarement plus. Pas de cavalcades effrénées dans cet album, pas de scat furieux, juste une chanteuse et ses musiciens, un parti-pris ne manquant somme toute pas d’audace, pour un enregistrement réalisé à La Buissonne (un gage de qualité). Reste à savoir si le concept de cet album perdurera ou si le prochain disque sera différent. A suivre.


https://brigittebuhlmann.bandcamp.com/album/beautiful-love


  ROSE BETTY KLUB . Mojo girl

Klamauk Prod

Marie Nosmas : chant
Jon Da Costa Ferreira : guitare
Estelle Vidal : orgue, Rhodes
Simon Grilleres : batterie
Romain Portet : basse
Caroline Lavina : choeurs

Je découvre le Rose Betty Klub avec ce disque, Mojo girl, mais le groupe a déjà une bonne décennie d’existence. Le sextet n’est pas si vieux pour autant et une chose est sûre, ils sont pêchus et les écouter engendre au minimum la bonne humeur. Il est écrit que la chanteuse est la plus punk des voix du jazz, j’ai quant à moi plutôt pensé, les oreilles plongées dans la galette (sans la fève), qu’elle représentait plutôt le Swinging London (également nommé Swinging sixties). Avec cette musique en toile de fond, vous pouvez vous imaginer faire la causette avec Twiggy ou Jean Shrimpton sur Carnaby street, à moins que vous regardiez un Austin Power en zieutant les mini-jupes imaginées par Mary Quant (1930-2023) ou encore un épisode des Avengers avec la divine Emma Peel. Musicalement, on pense naturellement, plus près de nous, à Amy Winehouse (1983-2011) et, d’une manière générale au rhythm and blues, à de la soul mâtinée d’une
soupçon de rock et de blues. Ce n’est donc pas jazz stricto sensu, vraiment pas, et je m’en fous. La présence vocale de la chanteuse convient parfaitement au genre évoqué ci-dessus et les musiciens qui l’accompagnent sont au diapason. Alors en ces temps moroses où nombre de démocraties flirtent avec la démocrature, une respiration musicale dénuée d’idéologie et de communautarisme ne vous fera pas de mal. Sortez l’apéritif et faites vous plaisir.


https://klamaukproductions.com/rose-betty-klub/