Deuxième soirée du Crescent Jazz Festival avec notamment Michael Mayo
Vendredi 18 juillet 2025
Miles Le Voguer, Mariette Flocard : trompettes
Florence Borg, Charles Guimier : trombones
Baptiste Poulin : sax alto
Olivier Bernard : sax ténor
Pierre Girard : sax ténor
Philippe Simonet : sax baryton
Max Formey - sousaphone
Léo Guedy : sax basse
Victor Prost, Jérôme Roubeau, Antonin Néel : percussions

Du beau temps et une fanfare débutèrent la deuxième soirée du Crescent Jazz Festival, celle du Contrevent. Treize musiciens à la douzaine, chacun avec un ou plusieurs traits noirs sur le visage, qui permutèrent régulièrement leurs places sur scène tout en jouant dans une sorte de chorégraphie, somme toute aléatoire, et qui développèrent une énergie considérable, voilà le tableau posé tel qu’il existât devant un public nombreux. Mais d’ailleurs, comment se définissent-ils ? Trip-hop electro jazz-rock brass-band, poésie auditive et boum boum croche pointée… Ils disent aussi que leur musique est librement inspirée de l’univers du roman La Horde du Contrevent, d’Alain Damasio. Je ne l’ai pas lu, alors… Toujours est-il qu’ils donnèrent à ouïr un univers musical actuel plutôt pointu, assez foutraque et néanmoins très construit qui enthousiasma le public précité. Je trouvai pour ma part qu’ils se tinrent sur un rail qu’ils ne lâchèrent jamais (contre vents et marées) ; j’aurais apprécié un soupçon de diversité. Quoi qu’il en fut, leur fougue donna du plaisir et tant pis pour celle et ceux qui avaient pensé que la fanfare ne faisait que passer dans la rue et précédait les majorettes.
https://www.fanfareducontrevent.com/
Michael Mayo : voix
Andrew Freedman : claviers, piano
Kyle Miles : basse
Robin Baytas : batterie

Puis vint la star de la soirée, le jeune chanteur Michael Mayo (1992-). Encensé par la critique depuis son premier disque (2021), il présenta en quartet son deuxième opus, à savoir des compositions personnelles et des standards réinterprétés à sa manière. Issu d’une famille de musiciens professionnels, doté d’une technique infaillible (l’une de ses professeurs s’appelle Dianne Reeves), avec un grain de voix pas inintéressant et une bonne amplitude, bien accompagné par des musiciens aux ordres, le natif de Los Angeles s’empara de la scène avec une coolitude très californienne, interagissant entre les morceaux avec l’auditoire dans sa langue natale mais également dans un français plus que correct, et déroula son set sans anicroche. Pour faire bonne mesure, il s’autorisa un morceau en solo, aidé d’un looper, dans une sorte de McFerrinisation 2.0 qui emporta un public ébaubi par tant de bravoure et de perfection. Trois morceaux de son premier album et un rappel plus loin, l’affaire fut rondement bouclée sous les applaudissements nourris et les clameurs extatiques des plus louangeurs. Je pensai quant à moi qu’aussi éclatante que fut la performance, il lui manqua un petit supplément d’âme, ce je ne sais quoi qui marque la différence, qui place le curseur un niveau au-dessus du commun des concerts et laisse une trace mémorielle durable. Je ne doute cependant pas qu’avec la qualité intrinsèque dont il dispose son chant se posera et laissera s’exprimer une sensibilité susceptible d’engendrer les frissons qui ne me parcoururent aucunement hier soir. Rien de grave assurément et rendez-vous dans dix ans Place des chanteurs de jazz, un autre 18 juillet qui sait, jour qui vit toutefois naître ad vitam aeternam Screamin’ Jay Hawkins (1929-2000). I put a spell on you !