AU RYTHME DE VERA un film d’Ido Fluk ( Allemagne , Pologne, Belgique) 2025

Ce n’est certes pas le film de l’été ni celui qui fera un carton en termes d’entrées mais c’est film où le jazz est au centre de la dramaturgie et plus particulièrement un évènement qui aurait pu passer quasi inaperçu s’il n’avait déferlé dans les oreilles des amateurs de jazz ( et plus largement encore) toutes nations confondues. L’évènement, c’est le concert de Cologne de Keith Jarrett en 1975 et le fil conducteur, c’est le récit de l’organisation improbable de celui-ci , porté à bout de bras par la jeune et passionnée Vera Brandes qui avait assisté auparavant au concert du pianiste à Berlin.
Alors certes, il ne s’agit pas d’une fiction biographique sur le pianiste et son concert devenu mythique (dont on entendra pas une seule note, faute d’accord des ayants droits et de l’intéressé lui-même qui ne l’appréciait guère) mais un documentaire fictionnalisé sur l’organisation du concert lui même et les tribulations de sa jeune protagoniste, rôle tenu avec fougue par Mala Emde.
Et le film trouve ici son véritable sujet. La preuve ? Alors que par avance nous connaissons l’issue de ce projet, le film parvient à susciter le suspens sur le succès ou non de l’organisation de ce concert. La jeune fille parviendra-t-elle à convaincre le directeur de l’opéra de lui céder un créneau horaire à 23 h 00, une heure après la représentation de l’opéra « Lulu  » d’Alban Berg ?
Obtiendra-t-elle l’ importante avance dont elle a besoin auprès de parents bourgeois réfractaires dont le père, en particulier, est un digne héritier de l’éducation nazie de sa jeunesse et surtout est-ce que le célèbre piano exigé par le pianiste sera trouvé à temps ou à défaut Keith Jarrett acceptera-t-il de jouer sur un mauvais piano de répétition tout juste réparé et accordé pendant le représentation théâtrale en cours ?
Autant d’interrogations que le réalisateur Ido Fluk parvient à faire partager au spectateur en dépit de sa connaissance par avance du happy ending, en l’identifiant en permanence au point de vue de la jeune fille pressée, courant en tous sens et à deux doigts d’échouer.
C’est cette passion de Vera Brandes, toujours à bout de souffle que le film donne constamment en partage au spectateur au point d’oublier le prestigieux musicien transbahuté de ville en ville voire d’un pays à l’autre dans une pauvre 4L conduite- et là n’est pas la moindre surprise- par celui qui deviendra le maître d’oeuvre et patron de la firme ECM, Manfred Eicher !
Quant à Vera Brandes âgée alors de 18 ans quand elle en annonçait 25, jusqu’en 1999 elle sera agent artistique, produisant plus de 300 disques et organisant moult concerts et tournées avant de devenir, sur le tard, musicothérapeute…
Un film modeste peut-être mais au service d’une grande passion pour un succès discographique quasi planétaire !


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