Une vitrine internationale sinon rien !
Editions Records
Aki Rissanen : piano, grand piano électrique
Antti Lötjönen : contrebasse
Teppo Mäkynen : batterie

Avec son trio créé en 2012, Aki Rissanen ne cesse de défricher son propre univers. Il creuse, il l’attaque sous tous les angles, le malaxe et le façonne d’un album l’autre. Ici, c’est la rythmique itérative et l’usage d’un piano électrique des années soixante-dix qui renouvellent les structures et la sonorité du trio. Si le titre du disque fait référence aux Personal mountains de Keith Jarrett, il n’en demeure pas moins un disque personnel… Mélodique en diable, la musique se développe avec des progressions plus ou moins complexes qui mettent l’accent sur la profondeur. A aucun moment dans ce Cd il n’y a de temps morts, de temps faibles. Les trois acolytes ayant une longue habitude musicale commune, ils ne laissent rien au hasard et la densité qui se dégage de chacun des morceaux démontre, s’il le fallait encore, que le pianiste finlandais fait partie des musiciens qui ont des choses à dire, à jouer, et qui savent comment les partager pour toucher au cœur l’auditeur. C’est un jazz habité que produit le trio et on vous conseille de l’écouter.
Hanji R ecords
Francesca Han : piano
Pierre Fenichel : contrebasse
Fred Pasqua : batterie

Avec des compositions allant à l’essentiel et transmettant des émotions fluides sur des grilles allant du simple au complexe, Francesca Han et ses complices créent une musique originale qui navigue entre l’intime et l’expressif. Bien que les mélodies soient simples, leurs lignes de fuites les portent vers un univers sonore qui donne souvent à la suspension un indicible attrait. A d’autres moments la puissance rythmique semblent repousser les murs. Inspirée par la première partie du Comte de Monte-Cristo de Dumas, quand Dantès est enfermé au château d’If, la musique de Francesca Han fait une grande place au sensoriel et cela emmène l’auditeur dans des temps ouverts qui ouvrent un espace dilaté dont les repères en clair obscur ne sont que le support d’un rêve (sortir de ce château entouré d’eau ?) presque sans fin. Comme l’écoute entre les trois musiciens est dans cet album le ciment d’une expression musicale intense, nous nous sommes laissés capturer sans effort. Il en sera de même pour vous. Recommandé.
Loveland Music
Midori Takada : percussions, piano, marimba
Jakob Bro : guitare acoustique

Avec ce disque, Midori Takada (1951-) et Jakob bro (1978-) font pénétrer l’auditeur dans un monde onirique tissé de mélodies limpides, d’espaces apaisés grandement ouverts à une respiration silencieuse (ou presque), à une rêverie suspendue dans l’incertitude de l’instant, juste avant que la beauté naisse des sonorités musicales développées par les deux musiciens. Zen est le premier adjectif qui nous à l’esprit à l’écoute de duo qui nous parle quasiment au-delà de la musique. Les impatients, les amateurs de rythmiques lourdes, de riffs endiablés, d’éclats en tout genre, vont mourir d’ennui avant la fin du premier morceau. Les autres se laisseront emporter dans un univers feutré où la résonance longue est une vertu nécessaire à l’épanouissement du sensible. Jakob Bro dit de Midori Takada qu’elle peut transformer un moment de néant en quelque chose. Nous en dirons autant du guitariste danois et les deux se sont donc bien trouvés. Si vous aimez les parenthèses sur le fil du temps qui passe, ce disque est pour vous.
Cellar Music
Bill Coon : guitare

Un solo de guitare ? Allez, ça faisait longtemps. Avec plein de standards dedans ? Et pourquoi pas ? Le musicien qui nous intéresse dans ces lignes se nomme Bill Coon. Il est canadien et bien connu en ses contrées, mais comme pour nombre d’autres sa musique n’a pas traversé l’océan ; les murs entre les cultures musicales ne sont pas prêts de tomber, n’est-ce pas ? Toujours est-il qu’en matière de guitare jazz, Bill Coon en connaît un rayon. On peut même dire sans se tromper qu’il maîtrise son sujet. Écouter ses versions de standards intemporels nous a permis d’entendre un guitariste à l’expression fine et sensible qui ne verse jamais dans la démonstration virtuose. Ici, la musicalité prime en toutes circonstances et c’est très bien comme ça. Au plus près des mélodies initiales, Bill Coon sait digresser avec brio sans jamais nous lasser. Pas une note de trop, de la sensibilité à revendre et une forme de modestie dans son jeu qui nous a séduits, voilà à quoi vous serez confrontés avec ce disque de jazz sans esbrouffe mais pas sans musicalité.