Jacques Chesnel a écouté le second disque de Samy Tiébault, saxophoniste, compositeur, arrangeur, sur le label des frères Belmondo...
Pour un coup d’essai, l’Hymne au soleil (2002) des frères Belmondo fut un coup de maître (suivant la formule consacrée), une belle histoire de renouvellement dont le jazz avait besoin après toutes ces tentatives ou expériences sans grand intérêt d’un autre temps, donc sans véritable lendemain. Après, les deux novateurs réitérèrent avec la complicité d’une grande figure originale du jazz, le saxophoniste Yusef Lateef ; ce fut, aussi splendide, Influence (2005), ces deux albums pour leur label BFlat recordings qui produisit une autre merveille, Artaud (2004) sous la direction du contrebassiste/compositeur Vincent Artaud, suivi de La tour invisible.
Quelques musiciens français prirent les mêmes directions, on peut même dire s’engouffrèrent dans la brèche ! avec plus ou moins de bonheur (voir les chroniques).
Samy Thiébault, issu du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, a déjà connu la reconnaissance et l’estime avec son premier disque Blues for Nel. Compositeur, arrangeur, saxophoniste ténor à la sonorité un peu voilée, un discours puissant et lyrique sans excès (on pense à Hank Mobley, Harold Land). Sous le parrainage des frères, il signe là une suite, Eveils en quatre mouvements, ainsi qu’une adaptation (avec le soutien de Lionel) du Maître de la mélodie française, Gabriel Fauré, Les berceaux, paraphrase intitulée The Way.
A noter : Stéphane joue de la batterie, il a les doigts aussi habiles avec les baguettes (il joue ici de la batterie… avec les coquillages en supplément) qu’avec les pistons de sa trompette.
Sans atteindre la hauteur des albums précédemment cités, Gaya Scienza (autrement dit : Le Gai Savoir, titre emprunté à Nietzsche et dont j’extrais cette phrase : l’artiste a le pouvoir de réveiller la force d’agir qui sommeille dans d’autres âmes) confirme la volonté de recherches des jeunes musiciens français vers un jazz de plus en plus diversifié.
De quoi se réjouir ; pour le jazz ; pour la musique.
> SAMY THIEBAULT - "Gaya Scienza" - B Flat records distribution Discograph
SAMY THIEBAULT (saxophone ténor, flute), JULIEN ALOUR (trompette, bugle), LIONEL BELMONDO (saxophones, flutes alto et ethniques sur “Eveils”), ADRIEN CHICOT (piano), FABIEN MARCOZ (contrebasse), STEPHANE BELMONDO (batterie, percussions, coquillages).
1/ The Way (d’après Les Berceaux de Gabriel Fauré).
SUITE ÉVEILS : 2/ Annoncement. 3/ Partie I : Espoirs. 4/ Interlude Opus I. 5/ Partie II : Intempestif. 6/ Interlude Opus 2. 7/ Partie III : Le Cyprès.
8/ Interlude Opus 3. 9/ Partie IV : Ex-Sistere.
10/ Love Sounds. 12/ Blues to Nous.
Compositions de Samy Thiébault
Direction artistique : Lionel Belmondo avec la participation amicale de François Théberge.
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