Rotator, chez HatOLOGY.

Michael Adkins , Un nom à retenir !

Ce canadien qui a grandi sur les rives du lac Hérié, à une heure de Detroit a entretenu très jeune une passion exclusive pour le jazz en écoutant encore et encore les maîtres : Coltrane et Miles Davis en particulier. Assez naturellement, c’est l’emblématique saxophone qui l’a attiré.

on aime !

Ce fut ensuite la migration vers New-York, des leçons avec Bill Evans (sax) et un passage rapide vers la Berklee School de Boston. Riche de la culture du jazz qu’il s’est construite, il aura heureusement échappé au formatage des "écoles" pour développer une approche personnelle du saxophone.

Ce disque est le second qu’il publie en tant que leader après Infotation enregistré en 2000, publié en 2005. On retrouve à ses côtés le duo Russ Lossing (piano) et John Hébert (contrebasse) dont on a remarqué le disque "Line up" en mars 2008. A la batterie, pas moins que Paul Motian, batteur au caractère fort qui a trouvé ici une musique à son goût car il excelle de bout en bout aux balais comme aux baguettes.

Michael Adkins Quartet - "Rotator"
HatOLOGY - 2008 - distribution Harmonia Mundi

Rotator est un disque surprenant par le classicisme de sa forme (un sax ténor et un trio) et l’originalité de la musique. Les compositions de Michael Adkins, à base de séquences réitérées, de phrases tortueuses reposent sur une structure rythmique qui reste le fil conducteur des développements improvisés (Motian / Hébert sont exemplaires). Une des forces de ce quartet tient à l’entente entre le saxophoniste et le pianiste qui se rejoignent pour associer leurs voix dans des séquences écrites au milieu des improvisations. Des subtilités qui interpellent et qui donnent corps à cette musique. On pourra se livrer à une écoute attentive de Their May Wings, thème léger et raffiné où Lossing se livre à une exploration "façon Thelonious Monk" très révélatrice de la présence de l’histoire du jazz dans ce travail de groupe.

A l’écart des écoles, des modes et des "courants", Michael Adkins a travaillé une sonorité ronde qui privilégie le médium. On pourra retrouver chez lui un peu de Rollins (première période) ou le côté flottant d’un Charles Lloyd mais c’est son phrasé qui interroge et retient l’attention, une manière originale de construire des phrases courtes, une vision personnelle du swing. Parmi les musiciens qui l’ont vraiment influencé, il cite volontiers le saxophoniste Frank Tiberi [1] qui a eu aussi une grande influence sur Joe Lovano.

On concluera en invitant le lecteur à écouter une ballade : Forena. Un beau moment de jazz tout en finesse avec contrebasse à l’archet, saxophone feutré et piano chantant sur les enluminures de la batterie scintillante de Paul Motian.

Un très beau disque comme un pont entre classicisme (de la forme) et modernité (pour l’originalité du propos et des structures).


> Michael Adkins : "Rotator" - HatOLOGY 660 - distribution Harmonia Mundi.

Michael Adkins : saxophone ténor / Russ Lossing : piano / John Hébert : contrebasse / Paul Motian : batterie

Compositions de Michael Adkins.

01. Rotator / 02. Their May Wings / 03. Silent Screen / 04. Pearl 21 / 05. Forena / 06. Encrypted / 07. Number Five / 08. Reflection

Enregistré à Brooklyn / New York le 17 janvier 2007.


> Liens :

[1Saxophoniste de l’orchestre de Woody Herman désormais enseignant et leader de ses propres formations aux USA. Site web.