Les soirées se suivent et ne se ressemblent pas. Ce peut être bon signe ou non.
La suite de nos aventures viennoises dans une ambiance estivale où les hot dogs disputent au demi la prééminence sur les gradins du théâtre antique. La cohabitation demeure pacifique, tout comme celles des photographes entassés entre la crash barrière (drôle de nom) et la scène.
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RHODA SCOTT & LA VELLE « Soul sisters »
La traditionnelle soirée Gospel du festival a lieu le dimanche. Sous la férule de Rhoda Scott, invitée d’honneur du festival, dirons-nous, puisque elle avait déjà fait la première partie de George Benson le 30 juin avec son Lady Quartet. Après avoir animé la messe gospel le matin, La Velle et Rhoda Scott se sont retrouvéES sur la scène du théâtre antique en compagnie de Lucien Dobat à la batterie avant d’être rejointes par 200 choristes (120 adultes amateurs et 88 enfants) en deuxième partie de soirée. L’humour de La Velle est communicatif, il s’est parfaitement marié avec la retenue naturelle de l’organiste. Les grands standards du Gospel y sont tous passés. L’échange piano/orgue fut fructueux. Quant aux choristes, ils commencèrent par un happy birthday à l’attention de celle avec laquelle ils ont travaillé pendant plusieurs mois.
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HIROMI The trio project
Nous n’avons rien contre les virtuoses qui émaillent leur propos musical de références non négligeables et nous laissent accroire que leur culture est grande malgré leur jeunesse : Hiromi est férue de jazz et de classique, soit. Néanmoins, nous n’avons pas été séduits par sa prestation. À trop vouloir donner, la jeune pianiste japonaise déverse un flot sonore lassant. Sa vélocité est énorme et rien ne lui fait peur. En technicienne accomplie, elle mêle les genres et impressionne grandement. Démonstrative à l’excès, elle réagit au plaisir du public en surjouant plus encore. Steve Smith, à la batterie, n’est pas pour rien dans cet état de fait ; le bûcheronnage méticuleux qu’il a imposé à ses fûts autant qu’à nos oreilles faut par moment assez éprouvant. Et même, si à certains moments Hiromi se calme un peu, on ne peut pas affirmer qu’elle fraye avec le silence, loin s’en faut tant les chapelets de notes s’égrènent à une vitesse supersonique. Finalement, en tentant de combler je ne sais quel vide, elle le creuse. A la vue des prouesses qu’elle réalise, nul doute qu’elle atteindra rapidement des profondeurs où, qui sait, elle rencontrera peut-être l’émotion et la subtilité. On lui souhaite autant qu’à nous.
De ce trio, nous retiendrons le beau travail d’Anthony Jackson avec sa basse à 6 cordes qui lui permet de choyer des chemins de traverses quelquefois bien sentis.
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AHMAD JAMAL
Ahmad Jamal est un grand pianiste. Nous nous inclinons respectueusement. A 81 ans, il est entré dans la légende en étant celui que Miles citait en exemple. Ses enregistrements de 1958 au Spotlite sont des références incontournables. Ce qu’il fait sur scène depuis une quinzaine d’année en est assez éloigné, c’est le moins qu’on puisse dire. Le pire, c’est qu’il est au cœur d’une routine. Et ceux qui l’on vu un certain nombre de fois ces dernières années s’ennuient. C’est notre cas hélas. Loin de nous l’idée de dénigrer les musiciens. James Cammack, Manolo Badrena et Herlin Riley sont épatants. Même Jamal est bon, très bon. Seulement, la panne d’inspiration est flagrante. Alors le natif de Pittsburgh capitalise sur une formule qui a fait ses preuves. Un peu de swing entre des combinaisons pointues mais rebattues, une distribution des rôles savamment dosée et le tour est joué. Celui qui aimait évoluer à contre-courant et sut tirer la quintessence de son clavier comme de son originalité joue du Ahmad Jamal comme Ahmad Jamal devant un public venu pour ça. Tout le monde est heureux. Dommage, dommage.
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© Association CultureJazz® / Yves Dorison - juillet 2011 - www.culturejazz.net®