Première résidence de la saison à l’Amphi de l’Opéra de Lyon. Nicolas Folmer, déjà bien entouré, invite Michel Portal et Dave Liebman.
« L’automne l’automne a fait mourir l’été ». Son principal mérite demeure donc nous permettre le retour à l’Amphi de l’Opéra de Lyon où François Postaire a convié Nicolas Folmer en résidence. Avec deux invités prestigieux, Michel Portal et Dave Liebman, le trompettiste n’a pas lésiné sur la qualité, d’autant que Daniel Humair avait les baguettes magiques et Emil Spanyi les doigts de fées. Laurent Vernerey, lui, ayant en charge de tenir le manche.
Présent au concert final, ce samedi 5 octobre (Sainte Fleur), nous avons d’abord noté que le principe de la résidence est toujours une bonne idée ((pourvu que l’on y soit pas astreint à) d’autant plus que les musiciens évoluant dans le jazz et les musiques improvisées sont toujours plus exposés à une précarité croissante du seul fait du désintérêt flagrant des médias pour ce type de création artistique et, bien sûr, de l’État qui défaille dans sa mission de diffusion de la culture. Mais est-ce encore utile aujourd’hui de chanter cette antienne ?
Ensuite, nous avons constaté que si le résident écrit et arrange beaucoup durant son séjour, ses illustres et talentueux condisciples ne manquent pas de le suivre dans sa recherche musicale et, sans coup férir, délivrent en concert une prestation de qualité. Ce dont nous ne doutions pas d’ailleurs.
Le bémol, à notre sens, provient de la nouveauté du répertoire pour l’invité passager et de son intégration dans le groupe. Les musiciens se retrouvent contraints de ne pas lâcher des yeux la partition ; et visiblement, ils l’apprécient à sa juste mesure.
Le ton est donné. La liberté (de ton), dans ses conditions, s’assoit au coin de l’âtre pour attendre son heure, laissant place à un académisme de salon, fruit d’un très bon goût mâtiné d’expérience et de science musicale quasi infaillible. Qu’à certains moments (de grâce) Emil Spanyi ait dynamité son clavier, imité en cela sur les peaux par le suisse coloriste des fûts, que Dave Liebman ait incendié l’espace d’un solo l’autre, ce fut insuffisant pour donner au groupe la cohésion nécessaire au plein exercice de l’improvisation. Car, nous l’avouons bien volontiers, il nous plaît d’être chahutés pour le souffle impromptu de la surprise, de mesurer in vivo ce que peut le génie humain (même sans christianisme) quand il érige pour la beauté du geste (et de l’Art, Monsieur, de l’Art…) des châteaux de notes siliceuses sur le brillant souvenir de la dernière averse. Oh certes, nous ne nous sommes pas ennuyés ! Mais de souvenirs impérissables, il n’y aura point. Juste un soupçon de mélancolie, soupçon qui ne durera que le temps d’une saison. L’éphémère a ses avantages, après tout.
Alors quoi ? Une bonne soirée pour Nicolas Folmer ? Très certainement. Ce n’est pas si souvent qu’on a avec soi sur scène deux artistes majeurs (Daniel Humair et Dave Liebman) qui, au fil des décennies, de rencontres en collaborations, ont étroitement participé à l’histoire du jazz moderne, et des acolytes aux états de service à peine moins longs que la Recherche du bon Marcel.
Enfin, l’évocation par Nicolas Folmer sur un mode humoristique discutable, en fin de concert, d’un enregistrement en public des prestations données à l’Amphi nous a tout de même légèrement étonnés. Mais, n’ayant été présent qu’une soirée, nous sommes impatients d’écouter le CD à venir. Peut-être qu’à l’étonnement succédera la surprise, la bonne surprise. En attendant...
… Sur la table de nuit ces temps-ci :
Nathalie Sarraute - Tropismes. Editions de minuit
Pascal Quignard - Les désarçonnés. Editions Gallimard
Sara Teasdale – The collected poems. Digireads.com
Et dans la platine :
Keith Jarrett - My song
Chet Baker - Sings again
Mal Waldron / Jim Pepper – Art of the duo
Yves Léveilllé & Eri Yamamoto - Pianos
Aux toilettes ?
Réponse Photo - octobre 2013
Tom Tom & Nana - Toujours plus fort ! Vol 29
TLS - Celui d’il y a trois semaines
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