Live à l’American Church - Paris

Entendre un big band sans sonorisation, tel quel, est un luxe rare. C’est ce qui a été donné aux spectateurs du concert de Ricky Ford (Boston 1954) et Zebigband, association rennaise subventionnée par plusieurs institutions bretonnes (Ricky Ford en est le directeur artistique), à l’American church, ce soir de mai. L’acoustique du lieu était un peu sourde et confuse, mais ce que l’on perdait en précision, on le gagnait en dynamique, en naturel et en ambiance.

Zebigband avec Ricky Ford à Paris - mai 2013
Zebigband avec Ricky Ford à Paris - mai 2013
© Philippe Paschel
© Philippe Paschel

Avant de débuter le concert, Ricky Ford était venu en expliquer la nature, un hommage à Roland Hayes, qui avait fait jouer du jazz dans les services religieux de la communauté afro-américaine, en s’appuyant sur la tradition des hymnes, spirituals et gospels. Ford a ajouté, en suivant cette tradition, ses propres oeuvres. Les arrangements, tous du lideur, ont utilisé la force et l’effet de masse du grand orchestre traditionnel. Cela a donné une musique souignante, dont il a été l’essentiel soliste, avec Frédéric Burgazzi au trombone.

Ricky Ford (avec Zebigband) à Paris - mai 2013
Ricky Ford (avec Zebigband) à Paris - mai 2013
© Philippe Paschel
© Philippe Paschel

Ricky Ford est un musicien qui a un beau son large et puissant et un style moderne qui ne renonce pas à la mélodie. L’absence de micro lui permettait de se déplacer en toute liberté, de sa place dans le pupitre des saxos à l’espace libre devant l’orchestre ; il occupait ainsi la place du chanteur de gospel.
(Remarque acoustique : le son du saxophone joué en le tenant normalement devant soi porte très bien, mais si le musicien le lève vers l’horizontale, le pavillon projette le son vers le plafond, voire derrière le musicien. Lester Young, qui tenait son saxo horizontalement, gardait ainsi le pavillon tourné vers le public).

À la fin du set [sic], Ricky Ford s’est livré à un duel avec les deux ténors, qui s’est terminé par un “chase” (poursuite) non métaphorique, lui-même partant en courant par l’allée centrale vers le fond de l’église, poursuivi par ses acolytes, sans cesser de jouer en phase avec l’orchestre.

Malgré une date peu favorable, au milieu d’un viaduc de jours fériés, le public occupait les 2/3 de la salle et son enthousiasme compensa sa relative faiblesse numérique. Il y eut une ruée sur le disque qui reprend ce répertoire.

Le disque :

  • Ricky Ford and ZebigbandSacred concert” est disponible sur le site www.zebigband.com : 77 minutes de musique essentiellement originale écrite par Ricky Ford, avec les beaux arrangements dont on peut apprécier toutes les nuances.

> ZEBIGBAND :
Saxos ténor : Jacques Ravenel et Maxence Ravelomanantsoa / Saxos alto : François Charenton (as), Jean-Michel Pinot (as et fl) / Trombones : Frédéric Burgazzi (direction) Ronan Simon, Eric Meyer, François Tavard / Yannick Grimault (saxo baryton) ; Sébastien Boyer ( tuba) / Trompettes : Benoît Gaudiche, Brian Ruellan et Benjamin Belloir (Eric Musssote était absent) / Dexter Goldberg (p), Frédéric Guesnier (b), Marc Delouya (dms).

> Paris, American Church (65 quai d’Orsay), le samedi 11 mai 2013 à 20.30 (1h 30)


> Liens :