Les Voix Croisées de Levallet et un nouveau trio Bonacina.

> Samedi 18 Janvier- La Dynamo - 9, rue Gabrielle Josserand - 93500 Pantin

  VOIX CROISÉES - Didier LEVALLET Quintet

Didier Levallet
© Florence Ducommun
© Florence Ducommun

La carrière déjà longue de Didier Levallet interpelle, de la direction de l’ONJ aux multiples rencontres, c’est alors bien souvent le moment de la concision ou de la gratitude.

La musique de ce soir était une découverte dans le sens ou nous n’avions pas écouté le disque de ce quintet dont l’ensemble des compositions sont signées Didier Levallet. Si la carrière du contrebassiste est marquée du sceau du risque, on peut dire que ce soir nous n’avons pas été surpris outre mesure par la musique proposée.

S’il est une chose que l’on peut dire c’est que le jeu de contrebasse de Didier n’est pas celui des arabesques qui traversent le manche de haut en bas et des pattes de mouches dans les aigus.
Non, son école est plus celle d’un Mingus, pas celle du son mais celle du drive, et quand je parle d’école je parle aussi de composition, de workshop qui va du bop au vrai free (quand je dis vrai, je parle de maîtrise), proche dans certaines pièces pour la forme d’un Folk forms n°1 du disque Mingus presents Mingus.

Airelle Besson - janvier 2014.
© Florence Ducommun
© Florence Ducommun

Des voix croisées qui s’entrecroisent, s’entrelacent, se mêlent et s’échappent... En musique ça s’appelle le contrepoint ou encore le choral qu’ils soient blues ou pas, jazz ou pas ; ce soir nous n’avons pas échappé non plus à un certain mulliganisme.
Sans oublier un thème carrément bop et pour finir une sorte d’hymne, OAC, en hommage à Ornette Coleman, Albert Ayler et Charles Tyler les frères de cœur du contrebassiste.
Bref on peut avoir de plus mauvaises fréquentations.

Mais ne demande-t-on pas d’abord à la musique de nous saisir, de nous ravir quelles que soient ses sources ? C’est parfois bras croisés que Didier et François Laizeau observaient subjugués et heureux le jeu de ces trois jeunes souffleuses qui les accompagnaient (dans le sens du compagnonnage). Et si nos louanges peuvent aller à chacune d’elles, que ce soit Céline Bonacina ou Sylvaine Hélary, il en est une, sans faire de jalouses, qui a crevé l’écran de notre soirée c’est Airelle Besson. Sa maîtrise instrumentale et surtout musicale lui permet d’allier la liberté à la fluidité. Dans chacun de ses soli les idées sont conduites jusqu’au bout de leur logique et c’est bien cet aboutissement, ce jusqu’au-boutisme qui lui fait nous raconter des histoires…et sortir la soirée d’un certain engourdissement.

Didier, de toi nous attendons et espérons encore plus…

Airelle Besson : trompette / Sylvaine Hélary : flûtes / Céline Bonacina : saxophones alto & baryton / François Laizeau : batterie / Didier Levallet : contrebasse & compositions


  Céline BONACINA / Gwylim SIMCOCK / Michel BENITA Trio

Céline bonacina
Jazz Campus 2012

Un nouveau trio…acoustique. Céline Bonacina nous explique qu’il s’est formé lors d’une résidence à Lyon.
On a là une musique plus retenue que dans les précédentes productions de Céline, plus ternaire même si on sent bien que le domaine de prédilection de la saxophoniste est le binaire, du moins c’est mon ressenti personnel.
On peut déjà souligner l’option choisie, du risque pris, celle d’une musique plus chambriste plus classique plus nue du moins dans l’esprit, où chacun des musiciens propose son chorus sur chaque morceau. On sent Céline sur le fil du rasoir, en équilibriste, encore plus au saxophone soprano qu’au baryton et c’est cette fragilité qui rend cette musique intéressante à plus d’un titre.
On découvre alors une autre face de sa personnalité, elle a d’ailleurs changé de tenue durant l’intermède (on veut croire ici qu’il n’y a rien d’anodin pourtant l’habit ne fait pas...). Par là, une partie de son public plus rock pourrait être désarçonné, mais pour nous c’est une manière de faire encore plus connaissance avec son univers musical. D’ailleurs ce trio a-t-il un leader, difficile à dire tant les rôles sont partagés et équilibrés, chacun amenant ses propres compositions.

On passe rapidement sur Michel Bénita, non que ce soit secondaire mais on lui connaît déjà cette solidité, cette valeur sure dans ses lignes, dans ses soli, dans le son.
De même sur le très bon pianiste anglais, Gwylim Simcock que nous ne connaissions pas mais qui n’a pas montré non plus des qualités autrement surprenantes.

C’est l’histoire d’une rencontre qui ne fait, espérons le, que commencer et dont on attend les futurs développements qui semblent prometteurs.

Céline Bonacina, saxophone soprano & baryton / Gwilym Simcock, piano / Michel Benita, contrebasse


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