| 00- BUSHMAN’S REVENGE . Et han mot overklassen
| 01- ABRAHAM INC . Together we stand
| 02- SCOTT HAMILTON QUARTET . Danish ballads and more
| 03- PETROS KLAMPANIS . Irrationalities
| 04- MARC COPLAND TRIO . And I love her - OUI !
| 05- THEO CECCALDI TRIO . Django
| 06- ASHLEY PEZZOTTI .We’ve only just begun
| 07- LOUIS SCLAVIS QUARTET . Characters on a wall - OUI !
| 08- JOHN YAO TRICERATOPS . How we do
| 09- AVISHAI COHEN & YONATHAN AVISHAI . Playing the room
| 10- CARMEN SANDIM . Play-Doh
| 11- ERIK TRUFFAZ . Lune rouge
| 12- QUINN STERNBERG . Mind beach
| 13- JASON YAEGER . New songs of resistance - OUI !
| 14- ANNA LINARDOU . Heterotopia
| 15- STEPHANE BELMONDO SYLVAIN LUC . 2.0
| 16- CARSTEN DAHL TRINITY . Painting music - OUI !
| 17- CLAIRE MARTIN & JIM MULLEN . Bumpin’ - celebrating Wes Montgomery
| 18- DANS LE PIANO DE CLAUDE BOLLING . Dvd- + Cd
| 19- TOMEKA REID QUARTET . Old new - OUI !
| 20- KRIS DAVIS . Diatom Ribbons - OUI !
| 21- P.CHRISTOPHE / J.FRAHM / J.MARTIN . Live at Smalls
| 22- SCOTT KINSEY . We Speak Luniwaz - Ah NON !
| 23- ASTA . Passers of time
| 24- THOMAS BOFFELLI .Howls


  BUSHMAN’S REVENGE . Et han mot overklassen

Hubro

Gard Nilssen : batterie, percussions, piano jouet, vibraphone, Wurlitzer, électronique
Rune Nergaard  : basse, orgue, percussions, électronique
Even Helte Hermansen : guitares, percussions, électronique

Un power trio norvégien, qu’est-ce donc ? C’est un trio de musiciens (un guitariste, un bassiste et un batteur aidés de quelques machines) qui aiment expérimenter (c’est normal, c’est chez Hubro) et qui par conséquent produisent une musique hybride raisonnablement indéfinissable. C’est sûrement, dans le cas qui nous occupe, une musique d’ambiance, un conglomérat d’atmosphères, une succession de climats, une musique de rivages inconnus dans laquelle, par les choix instrumentaux opérés, on interpelle l’auditeur afin qu’il s’abandonne. Les variations, qu’elles soient rythmiques ou mélodiques, de la ténuité la plus légère à la plus lourde des densités, définissent des paysages dont les colorations empruntent au pigment brut autant qu’au polychrome moiré. C’est donc vivace et indolent, expressionniste et introverti, mais toujours intelligent et intelligible. C’est également cinématographique (si tant est qu’un travelling musical entre dans le chant des possibles) et en toute logique inclassable, comme souvent chez les artistes du label norvégien. Et c’est une des raisons qui font que nous sommes aussi souvent surpris que séduits par les musiques proposées. Et si l’esthétique globale de l’enregistrement puise dans les sonorités pop/rock, cela n’en demeure pas moins un disque à l’esprit parfaitement jazz qui satisfera les curieux de tout bord.

Yves Dorison


https://hubromusic.com/bushmans-revenge-et-han-mot-overklassen-cd-2lp/


  ABRAHAM INC . Together we stand

Label bleu

David Krakauer : clarinette, voix
Fred Wesley : trombone, voix
Socalled : samples, voix
Jerome Harris : basse
Michael Sarin : batterie
Sheryl Bailey, Allen Watsky : guitare électrique
Brandon Wright : saxophone
Jay Rodriguez : saxophone, flûte
Eddy Allen : trompette
Andrae Murchison : trombone
Sarah Mk : voix, rap (4)
Fat Tony : voix, rap (7)
Taron Berson : voix, rap (13)

Il aura fallu attendre dix ans aux amoureux du genre le second album du groupe multiculturel organisé autour de David Krakauer, Fred Wesley et Socalled. Prônant encore et toujours, l’unité, le respect et la tolérance entre les cultures sur un mode klezmer funk élargi, le groupe reprend avec bonheur une recette qui avait parfaitement fonctionné avec leur premier album « Tweet, tweet ». La saine émulation qui règne entre les trois leaders et la dizaine de musiciens qui les accompagnent définissent les contours mouvants d’une musique métissée qui porte en elle un aspect politiquement revendicatif non négligeable (c’est assez rare pour être signalé). A cette aune, leur « Get down Moses » fait figure de signature en mêlant harmonieusement les genres. L’apport des rappers ajoutent à l’ensemble une note de contemporanéité qui, elle aussi, est parfaitement assimilée par l’ensemble. C’est musical et riche mais, selon nous, c’est une musique qui prend toute sa saveur sur scène.

Yves Dorison


https://www.abrahamincmusic.com/home


  SCOTT HAMILTON QUARTET . Danish ballads & more

Stunt

Scott Hamilton : saxophone tenor
Jan Lundgren : piano
Hans Backenroth : contrebasse
Kristian Leth : batterie

Avec une sélection d’airs folkloriques danois, de thèmes de films, de chansons de cabaret et de standards de jazz, joués par un grand saxophoniste ténor mainstream, cet album fait la part belle aux ambiances paisibles et presque surannées (ce qui n’est pas un reproche). Basé en Europe depuis une vingtaine d’années, il aime à jouer avec les artistes du lieu où il se trouve. Dans le cas présent, il est entouré des musiciens avec lesquels il a précédemment enregistré un Cd de chansons suédoises. Pour les citer : Jan Lundgren au piano, Hans Backenroth à la contrebasse et Kristian Leth à la batterie. La playlist est variée et chacun sait la mettre en valeur avec une retenue non dénuée de classe. Hamilton est juste parfait dans son genre et il sait apposer sa marque personnelle sur une expressivité jazz qui nous ramène à de grands anciens (Lester Young, Coleman Hawkins). Les idées s’enchainent avec une fluidité qui n’est pas permise à tout le monde et si le swing est détendu, son niveau d’excellence lui ne faiblit jamais. Bien sûr, c’est intemporel et pourtant plein d’une allègre fraîcheur non exempte de subtilité. Jan Lundgren est à son niveau (c’est dire) et la rythmique est plus que solide. Cela donne un quartet aussi cohérent qu’élégant et tout aussi musical. A noter une belle reprise de la composition de Niels Henning Orsted Pedersen « My little Anna » où la contrebasse de Hans Backenroth fait merveille. une raison supplémentaire d’acheter ce beau disque.

Yves Dorison


http://scotthamiltonsax.com


  PETROS KLAMPANIS . Irrationalities

Enja

Petros Klampanis : contrebasse
Kristjan Rantalu : piano
Bodek Jank : batterie, percussions

Après une décennie à New York, le pianiste grec Petros Klampanis s’est relocalisé à Athènes. Dans cet album en trio qui tranche nettement avec ses précédentes productions, il réinvente à sa manière un jazz sans frontière mais pas sans attache. L’on écoute donc des moments musicaux où l’intemporalité du jazz prime comme l’on entend également des interludes composés de bandes son empruntées au quotidien du voyageur. Par de nombreux aspects transatlantiques, sa musique tend un pont entre les styles et les lieux. Les Balkans sonnent à nos oreilles et les traditions grecque et méditerranéenne aussi. Accompagné d’un batteur percussionniste et d’un pianiste aux origines estonienne et polonaise, il brouille encore les cartes en proposant des choix rythmiques qui requièrent une maîtrise assumée de l’orchestration et de facto nous surprend. Dans cet album quasi transhumant, fait de d’incertaines certitudes, les paysages urbains et les ambiances s’entremêlent avec bonheur. C’est un disque d’équilibriste oscillant entre les courants et les fluctuations. C’est toujours difficile de choisir et Petros Klampanis et ses acolytes font le pari réussi d’accueillir les formes multiples de leurs parcours en les mariant avec un grand discernement.

Yves Dorison


https://www.petrosklampanis.com


  MARC COPLAND TRIO . And I love her

[Illusions] Mirage

Marc Copland : piano
Drew Gress : contrebasse
Joey Baron : batterie

Un trio de Marc Copland, c’est toujours une entité faite d’un pianiste et d’une rythmique magique qui s’adonnent à des formes d’alchimie musicale toujours surprenantes. L’on y exploite pleinement l’harmonie et les textures. L’on recherche en permanence l’ensemble des possibles qu’une composition peut receler. Avec un niveau d’écoute hors du commun, les trois musiciens échangent en continu leurs rôles et jouent de la spontanéité avec à la clef des fulgurances étonnantes. Totalement maîtres de l’improvisation, les trois expérimentateurs qu’ils sont intrinsèquement révèlent au détour des phrases des couleurs tonales d’une profonde opulence. Dans cet album, aucune querelle d’ego ne saurait survenir. Il est clair comme du cristal que l’interaction est leur moteur et qu’elle développe une sensibilité commune donnant à leur musique une expressivité rare. Écoutez leur version de « Cantaloupe island » pour vous en convaincre, ou leur « Love letter » de John Abercrombie, ou encore le morceau des Beatles qui donne son nom à l’album. Bref, écoutez ce disque qui démontre, une fois de plus, le grandiose talent de ces trois musiciens qui ensemble enivrent l’auditeur avec des lignes sublimement inattendues. Les profondeurs atteintes sonnent mystérieusement à l’oreille, elles chatoient et vous plongent dans un espace musical assez indescriptible. Pincez-nous, on rêve ! Indispensable, totalement.

Yves Dorison


http://www.marccopland.com


  THEO CECCALDI TRIO . Django

Brouhaha

Théo Ceccaldi : violon
Guillaume Aknine : guitares
Valentin Ceccaldi : violoncelle

Aller à la rencontre de Django quand on est musicien, français de surcroit, ça peut foutre un peu la trouille. Les frères Ceccaldi et Guillaume Aknine y sont allé quand même. Habitués comme ils sont à l’improvisation la plus sauvage et à ne pas s’en laisser conter, ils sont entrés dans l’univers du plus français des guitaristes belges avec leurs méthodes particulières et lui ont insufflé des séquences auxquelles il n’aurait pas pensé, sauf sous LSD. Qu’ils s’attaquent aux compositions historiques ou qu’ils offrent les leurs sous influence plus ou moins manouche. Passant de la comptine à la saturation en un tour de main, de l’atmosphère sombrement languide à la pompe la plus typique, les trois acolytes inventent, réinventent et éventent tout ce qui peut l’être, musicalement parlant bien sûr. Et la musique se balade sur ce trio de cordes à nœuds de telle manière que l’auditeur embarqué avec a les pavillons qui s’interrogent. Le temps d’avoir sa réponse, il ne peut que constater qu’un ailleurs contemporain a rejoint la cohorte des destinations possiblement entrevues dans le passé, entre deux accords unanimes (la discorde est dans les cordes) et quelques éclats sonores frénétiques. Libre et insatiable, ce trio (de chambre à découcher) se vautre dans l’audace et l’éclectisme avec un savoir-faire épatant.

Yves Dorison


http://www.theoceccaldi.com


  ASHLEY PEZZOTTI . We’ve only just begun

Auto production

Ashley Pezzotti : chant
Emmet Cohen : piano
Bob Bruya : contrebasse
Kyle Poole : batterie
Alex Weitz :saxophone ténor.

Sans date ni lieu

Ashley Pezzotti (Queens, NY, 1996) fait son entrée dans le métier par un beau disque, qui comprend à la fois des classiques (standard) et des chansons originales écrites par elle-même, qui en ont la même allure intemporelle (on peut les acheter sur le site de la chanteuse).
Sa voix est claire, bien placée, bien menée, elle possède une belle articulation des mots en anglais et en espagnol et n’abuse pas des trucs, comme les minauderies et éraillements. Son style est élégant et son articulation musicale parfaitement jazzeuse.
Elle est accompagnée d’un très beau trio : on relèvera le jeu de balais du batteur et la dynamique du pianiste. Un excellent saxophoniste ténor se joint au groupe pour lui donner plus de variété.
Cela donne un disque fort plaisant, que l’on peut écouter souvent et y prendre plaisir.
On se demande parfois ce qui distingue une chanteuse de jazz d’une chanteuse de variété, une des réponse réside dans son sens de l’articulation musicale et dans la participation de ses accompagnateurs à la création de la musique. Ashley Pezzotti est une chanteuse de jazz.

Philippe Paschel


https://www.ashleypezzotti.com


  LOUIS SCLAVIS QUARTET . Characters on a wall

ECM

Louis Sclavis : clarinettes
Benjamin Moussay : piano
Sarah Murcia : contrebasse
Christophe Lavergne : batterie

Ce n’est pas si souvent que l’on trouve Louis Sclavis à la tête d’un quartet que l’on qualifiera de part sa structure de « classique ». Et ce n’est pas si souvent que le clarinettiste crée un projet s’attelant à l’œuvre d’un artiste qu’il a déjà abordée par le passé. En l’occurrence, c’est de l’œuvre d’Ernest Pignon Ernest que l’on vous parle. Si en 2002, avec Vincent Courtois, Hasse Poulsen et Médéric Collignon, il avait mis en musique le travail strictement napolitain du plasticien, il s’attache de manière globale aujourd’hui au grand œuvre d’un artiste parfaitement hors norme. Et peut-être est-ce là le point de jonction entre les deux hommes : leur traitement personnel de la norme, voire même de la normalité. Celui qui par ses images collées au regard de tous a pignon sur rue, nous livre-t-il son âme, celle des murs ou celle des personnages qu’il expose ? Celui qui par ses compositions donne une dimension supplémentaire à ces images, que nous livre-t-il ? Des secrets comme seuls ceux qui s’exposent en cachent ? Il nous semble que l’un et l’autre se permettent d’offrir au doute qui nous habite l’éclat passager d’une expression artistique singulièrement double : ils font parler les murs et le silence qui les nourrit. Ils distillent en creux, par la personnification transitoire, un regard interrogateur et poétique sur la condition humaine. Les émotions qu’ils font naître par le regard gestuel et la forme musicale évoque un palimpseste aux chairs empilées sur le fil du temps. Louis Sclavis et les musiciens qui l’accompagnent savent évoquer avec le talent qui les caractérise l’impermanence de notre nature. Ils le font d’une manière renouvelée avec une forme orchestrale ancienne (On ne la dissèquera pas, elle est parfaite), ce qui pourrait être une gageure pour bien des artistes. Eux, ils passent l’écueil haut la main, nous interpellent et nous surprennent encore.

Yves Dorison


https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Sclavis


  JOHN YAO TRICERATOPS . How we do

Tao Recordings

John Yao : trombone
Billy Drewes : saxophones alto & soprano
Jon Irabagon : saxophone ténor
Peter Brendler : contrebasse
Mark Ferber : batterie

Si l’on excepte Jon Irabagon et Mark Ferber, les autres musiciens de cet excellent disque nous étaient encore inconnus avant son écoute. Mais peu importe puisque ce fut un plaisir joyeux que de se laisser prendre par cette musique très audacieuse dans son approche et étonnamment simple à la fois dans son écoute. Les compositions du leader, John Yao, sont d’une grande diversité. Elles mêlent les styles et les périodes avec un bon goût confondant. Sans piano ni guitare, mais avec trois soufflants et une rythmique impériale, le tromboniste concocte un amalgame contemporain assez inédit et en tous points passionnant. Organique à l’écoute, cette musique est le fruit d’un assemblage, et quelquefois dans un même morceau, de parties écrites à part et réunies de telle manière qu’elles composent un tout homogène. Autant dire que John Yao, dans cet album, réussit à sa façon une sorte de quadrature du cercle ! Le titre du CD est « How we do ». Et c’est bien la question que l’on se pose… Une chose est certaine, pétri d’un esprit d’avant-garde en aucun cas rébarbatif, c’est particulièrement brillant et créatif. A découvrir illico presto.

Yves Dorison


https://www.johnyao.com


  AVISHAI COHEN & YONATHAN AVISHAI . Playing the room

ECM

Avishai Cohen : trompette
Yonathan Avishai : piano

Ces deux musiciens se connaissent depuis toujours ou presque et partage une même passion pour le jazz. Il était donc patent que leur duo ne serait pas creux. Le pianiste, toujours économe de ses notes et éloigné de toute forme d’excès démonstratif, donne au trompettiste un lit sur lequel ce dernier peut naviguer à son aise, parcourant les méandres musicaux au gré d’un désir renouvelé. Qu’ils jouent leurs propres thèmes, des standards ou une composition israélienne, importe au final assez peu car tout se passe entre eux, au sein d’un dialogue fécond. Avishai Cohen s’empare du soleil et Yonathan Avishai de l’ombre. L’auditeur les suit, va de l’un à l’autre, et se trouve souvent dans l’entredeux, là où le meilleur des deux mondes s’exprime, entre éclat et spleen. Leurs relectures, si tant est qu’elles soient savantes, baignent dans une subtilité où l’émotif le dispute au ludique avec l’improvisation en guise de charnière pour conjuguer dans un temps unique les univers personnels du duo. Celles et ceux d’entre vous qui connaissent le disque de Chet Baker et Paul Bley, « Diane  » (Steeplechase, SCCD 31207), savent de quoi nous parlons. Bien que les rôles soient inversés dans leur CD, Avishai Cohen et Yonathan Avishai s’inscrivent évidemment dans cette filiation. Plutôt sympathique, non ?

Yves Dorison


http://www.avishaicohenmusic.com
http://yonathan-avishai.com


  CARMEN SANDIM . Play-Doh

Ropeadope Records

Carmen Sandim : piano
Shane Endsley : trompette
Bruce Williamson : anches
Alex Heitlinger : trombone
Khabu Doug Young : guitare
Bill McCrossen : contrebasse
Dru Heller : batterie

Voilà un disque qui débute paisiblement, et l’on se dit que l’écoute sera agréable, avant de prendre soudainement quelques chemins de traverses qui ne peuvent qu’empêcher l’auditeur que je suis de la caractériser trop aisément. Les styles se mêlent, les textures changent et les ambiances vont du calme mélodique au bruitisme léger sans dénigrer les états intermédiaires. L’on pense à quelques grands du jazz contemporain ou moderne mais l’on accepte volontiers d’écrire que Carmen Sandim tire de toutes ses influences une originalité réelle à laquelle elle ajoute la musique de ses origines. En brésilienne émigrée dans le Colorado, peut-être a-t-elle acquis de la sorte l’art de varier les climats qui emplissent l’album. Son septet est en tout cas bien en place et il sert cette musique avec application et talent. Tout est clairement posé, développé et abouti. En clair, les arrangements de Carmen Sandim sont judicieux et se réfèrent autant à la tradition qu’à l’innovation, ce qui devrait vous intriguer d’abord et vous séduire ensuite. Pour tout dire, ce fut notre cas.

Yves Dorison


https://www.carmensandim.com


  ERIK TRUFFAZ . Lune rouge

Foufino productions

Erik Truffaz : trompette, voix
Benoit Corboz : claviers
Marcello Giuliani : basse
Arthur Hnatek : batterie
Andrina Bollinger : voix
Jose James : voix

Il y a longtemps que l’on n’avait pas écouté un disque d’Erik Truffaz. On ne sait pas pourquoi d’ailleurs. C’est au batteur suisse Arthur Hnatek que le trompettiste a confié le soin de composer la base sur laquelle les musiciens se sont ensuite exprimés. Il en résulte des rythmes plus complexes qu’à l’habitude qui modifient les ambiances générales auxquelles le trompettiste nous a habitués par le passé. Il plane dans cet album une esthétique qui rejoint assez curieusement la musique électronique des seventies. Il n’en demeure pas moins que les atmosphères propres à l’univers truffazien sont aisément décelables. Toujours ancrés dans une densité qui flirte avec l’éther autant qu’avec le plomb, les courants sonores exposés dans ce disque constituent l’ossature sur laquelle les mélodies se construisent. Bien sûr, il y a du cosmique dans l’argumentaire formel, comme seul Erik Truffaz sait le faire, et des rythmes aux tendances hallucinatoires (façon « On the corner » & co) qui ne manquent pas de faire leur effet, même sans consommation préalable de LSD. Mais là, c’est vous qui voyez. La camomille, ça doit fonctionner aussi, qui sait ?

Yves Dorison


http://www.eriktruffaz.net


  QUINN STERNBERG . Mind beach

Auto production

Quinn Sternberg : contrebasse
Sam Taylor : saxophone
Chris Alford : guitare
Brad Webb : batterie

Dans notre galaxie jazz il existe un genre que l’on nomme « les inclassables ». Dans ce genre, il y a une catégorie que l’on appelle « les improbables ». Que les choses soient claires, cela n’a rien de péjoratif. Et venu à nos oreilles en sautant par-dessus l’Atlantique, ce quartet, un leader contrebassiste originaire du Midwest et trois pointures de la Nouvelle Orleans, en fait partie. Constitué de solides individualités, il propose tout au long du CD une musique qui fraye avec les contraires sans contrainte. Toujours prêts à nous désarçonner, les quatre musiciens savent se jouer des préjugés. Qu’ils s’attaquent à un morceau plutôt folk / americana ou qu’ils s’ébrouent dans un jazz avant-gardiste puis, peu après dans un univers simplement mélodique, ils possèdent cet art très particulier qui oblige l’auditeur à une écoute active. Sous peine de rater quelque chose. Si l’on étaient dubitatifs dans un premier temps, l’on s’est ensuite laissé happer par cette musique née d’une fusion/diffusion des genres assez originale. Quand à savoir ce qu’est la plage de l’esprit (mind beach), on vous laisse seuls juges. « Le doute est à l’origine de toute grandeur », n’est-ce pas ?

Yves Dorison


http://www.quinnsternbergmusic.com


  JASON YAEGER . New songs of resistance

Outside In Music

Jason Yeager : piano
Fernando Huergo : basse
Mark Walker : batterie, percussions
Erini : voix (1.3.5.9)
Farayi Malek : voix (2.7.11)
Mirella Costa : voix (13)
Milena Casado : flugelhorn (1.5.9)
Cosimo Boni : trompette (2.6)
Matthew Stubbs : clarinettes (1.2.5.9.11)
Naseem Alatrash : violoncelle (1.3.5.9)

Avec « New songs of resistance », Jason Yaeger (encensé par Ran Blake et Fred Hersch) annonce la couleur d’entrée. Pianiste, compositeur et arrangeur très habile et inventif, il fait appel à trois chanteuses et des instrumentistes patentés pour affirmer positivement un message de défi et d’unité. Il affirme : « Les gens souffrent et j’essaie de donner un sens à tout ça à travers la musique. C’est ma façon de repousser l’oppression, l’exclusion et la violence, ma façon de défendre l’inclusion et la vérité. J’ai toujours voulu que la musique exprime un message édifiant et inspirant. Malgré tout ce qui se passe, nous allons persévérer. Allons de l’avant et battons-nous pour ce qui est juste - cette situation n’est que temporaire. » De fait, son disque est en tout point musicalement brillant. Le mélange réalisé entre les musiques des deux Amériques laisse filtrer le meilleur des deux mondes. L’équilibre est maintenu de manière savante bien que l’on passe du recueillement au lyrisme effréné en un tour de main, de l’intériorité à l’expressionnisme aussi vite. Est-ce le propre de la colère ? C’est fort et atypique. Notez au passage que le pianiste fait don d’une partie des recettes de toutes les ventes d’albums (copies de CD et téléchargements numériques) à RAICES (Refugee and Immigrant Center for Education and Legal Services), une organisation leader qui dessert les immigrants et réfugiés d’Amérique latine et au-delà à la frontière américano-mexicaine. C’est ce que l’on nomme un investissement non feint. C’est assez rare pour être signalé et encouragé.

Yves Dorison


https://www.jasonyeager.com


  ANNA LINARDOU . Heterotopia

Underflow Records

Anna Linardou : voix
Giorgos Varoutas ; traitement de la voix, fife, melodica, sampling, guitares…
Sofia Efkleidou : violoncelle
Niko Fokas : électronique
Stelios Romaliadis : flute
Fuad Ahmadvand : santur

Les titres de ce disque aux résonances étranges et séduisantes ont des provenances géographiques diverses : Grèce, Moyen Orient, Appalaches, Kurdistan, Europe… De ces chansons souvent anciennes issus de traditions vocales distinctes, elle ne fait pas un disque ethnologique car le traitement qu’elle leur impose par le biais d’effets électroniques variés est le fruit d’un travail musical très contemporain et, pour tout dire, proche de l’expérimental. Envoûtante par bien des aspects, surprenante, cette musique éminemment personnelle semble provenir de mondes intérieurs nourris de magie et de rêves. A certains moments quasi mystiques et planantes, les voix s’entremêlent et s’unissent et décrivent des paysages étonnamment peuplés d’échos qui répondent aux instruments tout autant qu’ils les accompagnent. Sortie de profondeurs intimes, les sonorités, malgré tout évanescentes et concises, d’Anna Linardou se révèlent modelées par une errance multi-directionnelle qui leur donne toute leur substance. Quant à l’hétéropie (du grec topos, « lieu », et hétéro, « autre » : « lieu autre »), si l’on en croit les dictionnaires, c’est un concept forgé par Michel Foucault dans une conférence donnée en 1967 et intitulée « Des espaces autres ». Il y définissait alors les hétérotopies comme une localisation physique de l’utopie.

Yves Dorison


https://underflowrecords.bandcamp.com/album/heterotopia


  STEPHANE BELMONDO SYLVAIN LUC . 2.0

Naïve Believe

Stéphane Belmondo : trompette, bugle, accordéon
Sylvain Luc : guitares

Vingt ans après leur premier duo, « Ameskeri  », les deux musiciens français remettent le couvert. Mais cette fois-ci, ils étoffent leur propos en introduisant l’électricité pour la guitare et l’accordéon le trompettiste. Toujours dans le sensible, ils offrent à écouter leurs compositions et elles flirtent allègrement avec l’intemporel. Forts d’une expérience longue et fructueuse, Stéphane Belmondo et Sylvain Luc ne recherchent aucunement la virtuosité gratuite, ils se concentrent naturellement sur la musique. C’est donc raffiné sans être alambiqué, élaboré sans être abscons. D’un titre l’autre, l’ensemble agrège les sentiments contraires, la mélancolie ou la joie, le brut et le poli et cela ne manque jamais de chair. La synergie entre les deux artistes est bien là. Les amateurs de duo apprécieront à sa juste mesure ce témoignage musical fidèle à l’esprit d’un jazz ouvert sur la beauté et le mystère.

Yves Dorison


http://stephane-belmondo.com


  CARSTEN DAHL TRINITY . Painting music

Act

Carsten Dahl : piano
Nils Bo Davidsen : contrebasse
Stefan Pasborg : batterie

Pas facile de trouver sa propre voix (voie) quand on est à la tête d’un trio piano / contrebasse / batterie. Carsten Dahl, lui, n’a pas ce problème (dû pour beaucoup à l’engorgement du secteur). Ou, du mois, il y a longtemps qu’il l’a dépassé. Si l’on sent chez lui une influence jarrettienne et evansienne, elle est loin d’être prépondérante et sert plutôt de révélateur à son originalité première. Dans cette « Painting music », le peintre qu’il est également (il illustre d’ailleurs son album) travaille la matière de chaque titre avec un art consommé du contraste. Formidablement accompagné par une rythmique qui est bien plus qu’une simple rythmique, il crée des paysages musicaux qui transcendent le genre. En styliste curieux, il impose des effets de jeu à la profondeur captivante. Batteur sous la férule d’Ed Thigpen avant de venir tardivement au piano, il a gardé de cet apprentissage précoce un sens de la cadence et de son dépassement qui fait merveille. Qu’il aborde un traditionnel danois, un standard ou une improvisation collective, il va puiser on ne sait où un art de la mélodie primale qui touche son but à tout instant. Charnelle comme rarement, sa musique pigmentaire laisse couler une forme de sensibilité brute qui irradie l’ensemble d’un enregistrement où l’interaction entre les musiciens est redoutablement efficiente et souvent ludique. Un album à la vitalité indiscutable qui ne s’embarrasse pas de faux semblants tant il sait aller à l’essentiel en toute circonstance.

Yves Dorison


https://www.carstendahl.dk


  CLAIRE MARTIN & JIM MULLEN . Bumpin’ – celebrating Wes Montgomery

Stunt Records

Claire Martin : voix
Jim Mullen : guitare
Mads Baerentzen : piano
Thomas Ovesen : contrebasse
Kristian Leth : batterie

Depuis une trentaine d’années, la chanteuse anglaise Claire Martin poursuit une carrière internationale qui ne passe que très rarement par chez nous. Allez savoir pourquoi… Son timbre voilé au grain chaleureux lui donne pourtant une patte immédiatement reconnaissable qu’elle met au service d’un indiscutable talent. Son swing, tout de souplesse et d’élégance, fait merveille sur les compositions de Wes Montgomery comme sur les standards qu’il affectionnait de jouer et qu’elle reprend dans ce disque. Subtilement accompagnée à la guitare par le musicien écossais, ami de longue date, Jim Mullen et le trio du danois Mads Baerentzen, elle livre de fort belles et généreuses interprétations, d’un capiteux entêtant, sans une faute de goût. Rien n’est lisse dans son chant ou la modulation est élevée au rang de viatique et le sensible en vecteur incontournable. Cela semble, à l’écoute, si naturel et si évident que l’on en reste presque coi. Il est plus que dommage que Claire Martin ne soit pas mieux connu de ce côté-ci de la Manche ; remarquez qu’elle en remontrerait à bon nombre… Bref, la chanteuse londonienne, élevée au rang d’Officier de la couronne britannique, fait un travail d’orfèvre « ès Jazz » vraiment recommandable. Ce n’est certes pas aventureux ou révolutionnaire, mais quand ce jazz traditionnel est chanté avec un tel niveau d’expertise, c’est franchement jubilatoire.

Yves Dorison


https://clairemartinjazz.co.uk


DANS LE PIANO DE CLAUDE BOLLING (Vincent Perrot - 2018-90 mn)

Frémeaux et associés Télévisions

Un DVD dans la boîte à lettres. Claude Bolling ! Chic !
Un disque “Rollin’ with Bolling”, surtout Piccadilly Romeo m’accompagne depuis plus d’un demi-siècle ...
Un souvenir de concert au studio 104 : “Dimuendo in Blue” avec André Villeger dans le rôle de Paul Gonsalves.
Voyons le livret : beaucoup de gens de cinéma, peu de musiciens.
90 mn de visionnage. Après quelques considérations sur sa jeunesse et son apprentissage sur le tas, on évoque le jazz, sans en entendre et on passe à la musique de film avec de nombreux témoignages de réalisateurs et d’acteur (Alain Delon à propos du thème de "Borsalino" ; Pierre Arditi évoquant son jeu de piano dans un film de Lelouch). On évoque ensuite les grands Cross Over et l’on entend un peu Jean-Pierre Rampal, pas les autres. Enfin, des interventions de Claude Tissendier et Vincent Cordelette évoquent le Grand Orchestre de Bolling, maintenu pendant 60 ans, avec un long passage de l’enregistrement avec Stéphane Grappelli et quelques morceaux intégraux du concert de la Place de la Concorde. Claude Bolling a été un musicien qui avait beaucoup de talents divers qu’il a su faire fructifier grâce à une activité frénétique, et une santé de fer.
C’est un DVD destiné aux amateurs de Claude Bolling, surtout le compositeur de musique de film. On y entend finalement assez peu de musique et beaucoup d’éloges. C’est la loi du genre. L’amateur de jazz se sent un peu frustré néanmoins, qui l’a vu toujours enthousiaste, seul, en trio ou avec son Big Band.

Le CD, enregistré en 2011 (67 mn), reprend les thèmes de films, en piano solo, tels qu’ils sont d’abord apparus. Je ne suis pas bon public de musique de film que je ne remarque généralement pas. De toute façon, ces musiques n’ont pas grand’chose à voir avec le jazz. Mais c’est du beau piano.

Philippe Paschel


  TOMEKA REID QUARTET . Old New

Cuneiform Records

Tomeka Reid : violoncelle
Mary Halvorson : guitare
Jason Roebke  : contrebasse
Tomas Fuliwara : batterie

Virtuose, la violoncelliste Tomeka Reid (vu avec Roscoe Mitchell ou encore Nicole Mitchell propose une musique personnelle, pleine de curiosité. En improvisatrice émérite mélodiste dans l’âme, elle aime néanmoins à tordre ses compositions jusqu’aux limites du possible. Très ouverte également, cette musique est mise en valeur par des instrumentistes hors pairs que rien n’effraie. Les échanges entre le violon et la guitare sont passionnants tandis que la rythmique maintient la structure sans pour autant ignorer l’aventure. La masse orchestrale est souvent dense et les climats foisonnants. Et c’est pourtant limpide… L’on peut même parler de swing, à condition d’accepter une définition assez large, et d’élégance serpentine, de joie de vivre et de pudeur à la fois. Avec ce disque équilibré, nourri d’une musique en équilibre entre les univers, Tomeka Reid offre une vision musicale originale, due notamment à l’interaction entre les musiciens et, bien évidemment, à sa capacité d’écriture, avec toutes les finesses et le non-conformisme qu’elle contient. Liant avec une justesse remarquable la tradition et son temps présent, elle développe une expressivité créatrice qui fait d’elle une figure majeure du jazz actuel et il nous apparait clairement que sa singularité sera écoutée avec passion par celles et ceux que la liberté n’apeure pas dans les décennies à venir.

Yves Dorison


https://www.tomekareid.net


  KRIS DAVIS . Diatom Ribbons

Pirolastic Records

Esperanza Spalding : voix
JD Allen : saxophone ténor
Tony Malaby : saxophone ténor
Ches Smith : vibraphone
Nels Cline : guitare
Marc Ribot : guitare
Trevor Dunn : contrebasse, basse électrique
Val Jeanty : platines, électronique
Terri Lyne Carrington : batterie
Kris Davis : piano, compositions

Je pensais encenser Tomeka Reid à propos du Old New qu’elle nous propose avec son magnifique quartet. Yves D. a été plus rapide que moi (ci-dessus) ! Alors, je vais vanter les mérites de Kris Davis, pianiste canadienne presque quadra, musicienne de caractère qui sait s’entourer. Comme Tomeka Reid, elle a dirigé un quartet comprenant Mary Halvorson en 2016. Cette fois, elle a invité en studio une formidable équipe comprenant deux autres guitaristes, rien moins que Nels Cline et Marc Ribot. La structure de base des formations à géométrie variables qu’on entend ici repose sur le trio Kris Davis, Val Jeanty (platines etc.) et Terry Line Carrington, éblouissante aussi dans ce contexte. Les "invités" apparaissent au fil des plages d’un disque qui assemble des climats musicaux changeants tout en conservant une unité esthétique assez exemplaire. La pianiste "tient la baraque" et sait obtenir le meilleur de musiciens qui parfois nous surprennent dans son univers. Il en est ainsi d’Esperanza Spalding qui interprète avec assurance et sensibilité une mélodie acrobatique de la compositrice (The Very Thing) ou dit sobrement un poème de Gwendolyn Brooks ("To Prisoners" dans "Certain Cells"). Voilà une musique qui englobe les esthétiques et les techniques de son temps à travers la prestation de Val Jeanty, en particulier (il convie même la voix d’Olivier Messaien dans "Corn Crake", subtil clin d’œil au compositeur !) tout en revendiquant son appartenance au jazz à travers le jeu de la pianiste et la présence de deux saxophonistes ténors et non des moindres : Tony Malaby et JD Allen. Une grande musicienne et de la musique consistante qu’il ne faudrait pas ignorer.

Thierry Giard


krisdavis.bandcamp.com/diatom-ribbons . pyroclasticrecords.com


  P.CHRISTOPHE / J.FRAHM / J.MARTIN . Live at Smalls

Camille Productions

Pierre Christophe : piano
Joel Frahm : saxophone tenor
Joe Martin : contrebasse

La bonne ambiance dans ce club new-yorkais où l’on entend les bruits de verres et de couverts comme au bon vieux temps d’il y a longtemps colle au jazz classique (ou presque) du pianiste Pierre Christophe et de ses compères américains. Influencé par son maître Jaki Byard, son jeu fait la part à l’éclat maîtrisé et au lyrisme énergique. Joel Frahm (vu avec Jane Monheit, Kurt Elling, Dianne Schuur, etc…) au ténor fait preuve d’une fluidité et d’une inventivité carrément sympathiques. Joe martin (que l’on retrouve chez Mark Turner, Chris Potter, Kurt Rosenwinkel et j’en passe et d’aussi bons) assume pleinement une flexibilité harmonique et un de ces sons chaleureux qui vous posent un contrebassiste et lui assurent généralement une carrière. Autant dire qu’il est plus que bien entouré. Et comme ils se connaissent depuis un quart de siècle, on ne se demande pas d’où leur vient cette unité musicale dont ils font paisiblement la démonstration tout au long de l’enregistrement. Les auditeurs sont heureux et nous aussi qui avons pris plaisir à ce bain jazzy intimiste dans lesquels nous ont plongé ce trio de musiciens accomplis. Un disque chaleureux avec plein de jazz dedans. Nous on aime bien ça.

Yves Dorison


http://www.microscopie.fr/pierrechristophe/pages/accueil.htm


  SCOTT KINSEY - We Speak Luniwaz

Whirlwind Recordings

Scott Kinsey : claviers, piano, vocoder
Katise Buckingham : saxophones, flûte, voix
Hadrien Feraud : basse électrique
Gergo Borlai : batterie
invités : Jimmy Haslip, Bobby Thomas Jr., Arto Tunçboyaciyan, Steve Tavaglione, Michael Baker, Danny Carey, Cyril Atef, Brad Dutz, Naina Kundu

Ah NON !
Le label londonien Whirlwind Recordings nous avait habitués à des productions de qualité de la part d’artistes le plus souvent inventifs et parfois vraiment créatifs. Et voilà que nous arrive un véritable "Tribute Band" emmené par le claviériste Scott Kinsey, une copie aussi conforme que possible de la musique de Joe Zawinul pour Weather Report. Claviers, voix, rythmique... tout nous renvoie pâlement au modèle. À quoi bon refaire ce que WR faisait si bien, une musique que nous avons tant aimée et qui nous reste chère. Le titre nous annonce la réappropriation du langage musical de Zawinul avec l’effet de miroir du nom inversé. On pouvait espérer que cette musique soit détricotée et reconstruite autrement mais non, voici un disque de perroquets sans inspiration. Ce n’est pas un peu de rap par ci et de flûte par là qui change la donne.
Copieurs !

Thierry Giard


www.whirlwindrecordings.com/scott-kinsey_we-speak-luniwaz


  ASTA . Passers of time

Bonsaï Music

Antonio Farao : piano
Sylvain Beuf : saxophones
Thomas Bramerie : contrebasse
André Ceccarelli : batterie

Le temps a passé. Les musiciens ayant joué tout l’été, il se sont dit à la rentrée « c’était bien ce duo » (voir Belmondo / Luc plus dans cette vitrine), ou encore « c’était bien ce quartet ». Et c’est maintenant que cela se passe puisque le maitre français des peaux et autres cymbales a réuni autour de lui (pour un projet musical communautaire) les trois pointures avec lesquelles il avait commis un disque il y a à peu près 22 ans (West side story, pour le citer). Aujourd’hui nommé ASTA (première de chacun de leurs prénoms), il se retrouve pour un jazz post bop plein de verve chaleureuse. Cela ne manque jamais de virtuosité bien placée, de musicalité (bien sûr) et d’envie. Et cela s’écoute avec un plaisir non feint. Chaque intervenant met ses talents de musicien et de compositeur au service du collectif et l’on ne peut que sentir, dès les premières mesures, que l’empathie est la pierre angulaire de ce projet. Sachant cela, est-il possible de passer à côté bien que le temps a passé ?

Yves Dorison


https://bonsaimusic.fr


  THOMAS BOFFELLI . Howls

We See Music Records

Thomas Boffelli  : trompette, compositions
Jérôme Girin  : saxophone ténor
Matthieu Marthouret : piano
Sylvain Dubrez  : contrebasse
Damien Françon : batterie

Un trompettiste animateur d’un nouveau quintette dont le premier disque porte le nom Howls, voilà qui intrigue et mérite le détour. («  Howls, c’est le nom d’un album, c’est le nom d’un titre, c’est le nom d’un groupe  »)
Davantage dans la continuité que dans la rupture : le leader Thomas Boffelli trompettiste et compositeur, assume cet écart. Les (légères) sorties de route ne sont néanmoins pas pour autant prohibées. On démarre dans le hard-bop suivi d’un détour dans le free jazz et on se retrouve avec des accents du Don Cherry de Lonely woman .
Les thèmes se ressemblent, s’opposent, divergent, se répondent à la manière de ce titre Howl du CD et du premier morceau qui se décline (décompose) en autant de Owl, Ho, Ow (hommage en passant à l’ex-jeune producteur prodige et prolixe de Owl Records ,Jean Jacques Pussiau ?) Le sens de la mélodie, la clarté des arrangements (Howls, Totem), la répartition entre les pupitres (un dosage réussi entre le trompettiste lui-même, le saxophone de Jérôme Girin et le piano de Matthieu Marthouret ainsi qu’avec le batteur Damien Françon et le contrebassiste Sylvain Dubrez) ; tout contribue à ce sentiment à la fois d’équilibre et d’évidence qui séduit l’oreille de son auditeur.

Jean-Louis Libois


https://www.howls-thomasboffelli.com