Une constante dans les abords de la cathédrale de Coutances, quelles que soient les saisons, mai ou août : un vent perçant vous accueille.
Deux clowns bienveillants (Fabien & Christophe de la compagnie Charivari Palace) dialoguent avec les files d’attente dès ce premier jour de festivités.

Fin d’après-midi, la queue pour de Yaël Naïm (18h30) a la même envergure que celle dédiée à Manu Katché (21h45) que l’on aperçoit solitaire sur la place Général De Gaulle. La grande salle Marcel Hélie reçoit les deux vedettes en mode sold out.

Au théâtre, l’histoire a commencé en 1980, épisode pré-festival avec le trio Jeanneau-Texier-Humair. Ce soir un public de connaisseurs s’y presse pour écouter le claviériste Cheick Tidiane Seck. Band multicolore où brillent les rythmes foisonnants du percussionniste (premier à l’applaudimètre) Thomas Gueï et du batteur Marque Gilmore.
À eux deux ils bâtissent le fond de sauce syncopée de la musique proposée par le « sorcier » comme le surnomment ses musiciens.
Cheick Tidiane Seck ne cesse de briller depuis son arrivée en France avec Salif Keita et les Ambassadeurs. Nous étions en 1983, Jazz sous les pommiers allait connaître sa seconde édition.

Rodolphe Lauretta, saxophoniste aventureux, élève et disciple de Steve Coleman (pas encore entendu à Coutances) vient de rejoindre le groupe. Dans la dévotion d’un hommage rendu à Randy Weston et Manu Dibango par son employeur du jour, Rodolphe délaisse son saxophone alto pour le ténor et la flûte : défi relevé.

Affairés aux quatre coins de l’ Évêché, les responsables du festival, comme ailleurs la plupart des programmateurs, ont-ils entendu le « guerrier » psalmodier les noms d’êtres aimés disparus : Manu Dibango, Idir, Christophe, Tony Allen, Jacob Desvarieux … Robi (bénévole historique de Jazz sous les pommiers). Son show évoque les ancêtres, relie son histoire personnelle au jazz de Hank Jones à Joe Zawinul. Excentré sur la grande scène Cheick Tidiane Seck pilote par regards interposés son équipage, on devine une navigation au gré de son humeur du moment.

On sort rassasié du théâtre, le gosier sec aussi. La nuit est fraîche, il convient de faire étape au Bar des Filles lieu qui sigle la manifestation Normande.
L’animateur radio, Michel Dubourg y reçoit une foule d’invités sur la radio France Bleu Normandie. Qui à part lui peut se prévaloir de n’avoir manqué aucune édition du festival ? Les inventeurs Denise et Thierry Giard sont toujours coutançais, Gégé, alias Gérard Collet reste l’éternel bénévole. Dans le public, le jovial André Levauffre a lui aussi un sacré palmarès depuis 1982.

Entre chien et loup on croise un nouveau résident, Fidel Fourneyron. Ceux qui l’ont précédé et son co-résident Théo Ceccaldi répètent aux caves des Unelles à huis-clos en vue du concert du 27 août (Yves Rousseau, Franck Tortiller, Bojan Z, Louis Winsberg, Andy Sheppard, Thomas de Pourquery, Airelle Besson, Anne Pacéo. Pascal Vignon manquera à l’appel il nous a quittés en 2017).

22 h, ne convient-t-il pas se sustenter ? Le choix « la Rose des Vents » s’impose après deux tours du centre-ville. Des visages familiers apparaissent dans ce restaurant, refuge nocturne d’une cité souvent endormie.

De nouveaux visages surgissent, certains vont jouer après minuit au bien nommé Magic Mirrors : le saxophoniste aux pieds sur terre et la tête dans les étoiles, Guillaume Perret, son clavier que nous envie des américains ayant commencé son kidnapping du côté de Boston, le marseillais Yessaï Karapetian.
Quant à nous, c’est l’heure de s’éclipser tels des ombres.

Une foule d’événements se succèderont dans cette fête populaire où nombre de mélomanes se révèlent années après années depuis quatre décennies.
Ce que nous détaillera Jean-Louis Libois.

Christian Ducasse texte & photos