JULIO RESENDE FADO JAZZ . Sons of revolution

Act Music

Julio Resende : piano
Bruno Chaveiro : guitare portugaise
André Rosinha : contrebasse
Alexandre Frazão : batterie
Salvatore Dobral : chant (11)

Remarqué il y a environ trois ans pour son album « fado jazz » (bien que ce ne fut pas le premier dans lequel il s’intéressa au genre iconique du Portugal), Julio Resende revient ici à ce genre qu’il a en quelque sorte créé. Le disque est dédié à la révolution des œillets (cela fera cinquante ans en 2024). On retrouve dans cet enregistrement l’intense dialogue entre la guitare portugaise et le piano, fort bien soutenu par une rythmique souple et précise. Le quartet, parfaitement homogène, porte une musique lyrique sans excès, où les lignes mélodiques s’entrecroisent avec douceur, laissant pointer la mélancolie inhérente au fado. Est-ce plus jazz que fado ? Ou bien l’inverse ? Nous ne savons pas. Toujours est-il que le résultat est un espace nouveau que les musiciens arpentent et découvrent au fur et à mesure de leurs pérégrinations musicales en construisant leur univers, un univers qui ne trahit ni le jazz, ni le fado. C’est fort beau et l’écoute est un plaisir sans cesse renouvelé tant la finesse du travail accompli est remarquable.


https://www.julioresende.com/en/


  THIERRY MAILLARD . Asgard

Paradis improvisé

Thierry Maillard : piano

Dans la série de solo de piano du Paradis Improvisé, nous n’avons pas encore trouvé un disque qui nous indiffère et ce n’est pas celui de Thierry Maillard qui va changer quelque chose à l’affaire. Cela est certainement dû pour une part au mode d’enregistrement « comme à la maison », mais également au talent des artistes invités. Avec Asgard, centre du monde dans la mythologie nordique, le pianiste nous embarque dans un voyage qui parcourt des immensités mélodiques dont les confins reculent sans cesse devant les accords du piano. Le souffle épique est là, mais il n’est pas envahissant. Il tourne autour des lignes, il les porte, il suggère, il se donne dans l’instant musical et habite l’ensemble de l’album. Et là où la musique donne de l’espace, les résonances sont denses, et quand elle donne du temps au temps, elles augmentent la carnation du silence. Il en résulte un enregistrement limpide et quiet qui a immédiatement trouvé sa place sur nos étagères (ce qui n’est pas le cas de tous les disques que l’on reçoit, croyez-nous). Thierry Maillard nous un pan d’équanimité dans notre monde de brutes, une part de rêve à consommer sans modération.


https://www.thierrymaillard.com/


  TINA RAYMOND . Divinations

Imani Records

Tina Raymond : batterie
Andrew Renfroe : guitare
Karl McComas-Reichl : contrebasse

La batteuse Tina Raymond, basée à Los Angeles, aime à mêler les genres. Si son jeu est jazz (elle a étudié avec Joe LaBarbera et Jeff Hamilton, rien moins), il se fait l’écho des polyrythmies africaines comme des percussions classiques. Légère sur les cymbales et les fûts, elle n’envahit jamais les musiciens avec lesquels elle joue. Elle en donne un bon exemple dans ce disque en trio guitare/contrebasse/batterie. Ses compositions sont actuelles mais elles fleurent bon le jazz comme on l’aime : une once de swing, de l’espace, des soli discrets et efficaces et une cohérence musicale de tous les instants. Avant d’écouter ce disque, nous ne connaissions aucun des membres du trio et cela fut donc une belle découverte. Une de plus nous direz-vous. Il n’en demeure pas moins qu’avec le guitariste et le contrebassiste qui l’accompagnent cet album nous ont rappelé par certains côtés des trios jazz rock des années quatre-vingt (Abercrombie, Scofield, etc). Et pour tout dire, cela mérite le détour. Et puis il nous semble bon de continuer à découvrir, encore et encore, des musiciens d’où qu’ils viennent. Cela nous nous permet d’oublier que les programmateurs par chez manquent cruellement de curiosité.


www.tinaraymond.com


  GEORGE FREEMAN . The good life

HighNote Records

George Freeman : guitare
Joey DeFrancesco : orgue (1.2.3)
Lewis Nash : batterie (1.2.3)
Christian mcBride : contrebasse (4.5.6.7)
Carl Allen : Batterie (4.5.6.7)

Frère de Von et oncle de Chico, George Freeman n’est pas un lapin de trios semaines dans le monde du jazz puisqu’il est né en 1927 et qu’il a même joué avec Charlie Parker. Dans ce disque, on retrouve sur le trois premiers morceaux Joey DeFrancesco, peu de temps avant sa mort, et Lewis Nash, icône de la batterie mainstream au style caractéristique. Sur les quatre titres suivant, c’est Carl Allen qui reprend les fûts et Christian McBride qui tient la contrebasse. Un casting luxueux donc et, dans les deux cas, le trio qui prend la main tient la route. Le guitariste est très économe de ses notes mais chacune pèse son poids et ne doit rien au hasard. A l’écoute, tout se tient et le swing est bien là. On jette un œil du côté du blues ici, un petit coup de groove là. Le standard qui donne son nom à l’album, The good life, clôt les débats en beauté avec une approche guitaristique toujours proche du minimalisme. Mais il y a tant d’histoire du jazz dans les doigts de George Freeman que ça passe dans les ouïes comme une lettre à la poste.


https://www.facebook.com/GeorgeFreemanGuitarist/