Une série de chroniques en forme de cabinet des curiosités
Blue Roots Music
John Ellis : saxophones & clarinette basse
Gary Versace : piano
Reuben Rogers : contrebasse
Jason Marsalis : batterie
Carmen in Jazz, l’amour, l’enfance de la bohême, etc. Est-ce bien raisonnable ? En fait, oui. Il faut dire que John Ellis a fait appel à Gary Versace et Reuben Rogers. Ajoutez-leur Jason Marsalis, frère de Brandford, Wynton et Delfeayo, et vous avez un quartet de tueurs qui fait dans la haute couture. Ces quatre-là n’avaient même pas besoin de Bizet pour être excellentissimes. Ceci dit, la Carmen est bien dans ce disque et le tour de force du leader est d’avoir évité les embûches qu’un tel projet peut susciter et pour tout dire, le travail d’écriture est aussi étonnant que remarquable. Commande du festival de musique classique, avec un peu de jazz dedans, de Saint Barthélémy, et jouée à cette occasion, la musique de ce disque est donc l’enregistrement documentaire de l’événement live passé. On y retrouve parfaitement les influences franco-espagnoles originales, les mélodies, avec en sus les écarts jazzy nécessaires, sinon inévitables, avec en prime les rythmes des Antilles. D’un bout à l’autre du Cd, cela sonne impeccablement, les quatre lascars font preuve d’une homogénéité épatante, et le plaisir d’écoute est au rendez-vous. A découvrir, autant pour la musique que pour l’originalité du projet.
https://www.johnaxsonellis.com/
ZenneZ and Berthold Records
Mark lotz : flûte
Jeroen van Vliet : piano
Claudio Puntin : clarinette, clarinette basse
Jörg Brinkmann : violoncello, effets
Dirk-Peter Kölsch : batterie
Résultat d’une commande de l’organisation d’auteurs néerlandaise BUMA et de la Fédération des festivals de jazz néerlandais VNJJ, dédiée aux femmes d’Afghanistan, le titre du disque fait référence à Freshta Kohistani, activiste afghane assassinée en 2020 à l’âge de 29 ans. Le flûtiste Mark Lotz, élevé pour partie en Thaïlande et en Ouganda où il a vu comment était traitées les femmes sous Idi Amin Dada, ne pouvait qu’être sensible au sort des femmes d’Afghanistan. La musique qu’il a écrite en est un reflet musical au sein de laquelle l’influence orientalisante se mêle harmonieusement a une forme jazz aussi ouverte qu’attractive. Elle offre des mélodies quelquefois flottantes et introspectives, plus rythmées et combatives à d’autres moments, mais qui en toute occasion se révèle expressive. Les cinq membres du quintet font preuve d’une incontestable cohésion ; qui plus est le dialogue entre la flûte et la clarinette est inspiré, comme l’ensemble des soli d’ailleurs. Un beau disque qui mérite votre attention.
MCD
Franck Tortiller : vibraphone
Christophe Collette : violon
Emmanuel Bernard ! violon
Vincent Deprecq : alto
Cédric Conchon : violoncelle
Raphael Pommier, vigneron en son domaine, est persuade que la musique est bénéfique à la vinification. A cet effet, il a diffusé de la musique 24 heures sur 24 durant le processus. La dite musique a été composée par le bourguignon Franck Tortiller. A tant faire, autant prendre un gars du Cru. Toujours est-il que sa musique, interprétée avec le quatuor Debussy, ne manque pas de saveurs. Elle peut être vive et alerte, alanguie (longue en bouche), avec des parfums variés, et toujours empreinte de caractère. Elle célèbre les cépages, le travail du vigneron et son résultat avec une délicatesse non feinte. C’est parfaitement équilibré, les bouquets successifs sont gouleyants à souhait et la sapidité d’ensemble nous tire du côté des grands crus. A notre connaissance, la démarche est inédite et, rien que pour cela, vous devriez l’écouter. Quant à nous qui ne buvons pas d’alcool, nous nous posons la question suivante : quel goût le vin aurait-il eu si le vigneron avec passé du Peter Brötzmann en boucle durant la vinification ?
https://www.francktortiller.com/
Cellar Music
Adam Shulman : Rhodes, Wurlitzer, Orgue & synthétiseur
Jesse Levit – Saxophone alto & EW
Jason Muscat : basse
Jeff Marrs : batterie
Dans la série « Noël dans vos Oreilles », voici la version funky fusion made in San Francisco. La playlist est moins aventureuse que chez Lundgren, la musique est beaucoup moins jazz que chez Imani Records, mais le parti-pris à fond le funk est sympathique. Les musiciens sont excellents et ils sont visiblement enthousiastes quand à la teneur du projet, cela s’entend. Ils ne lésinent ni ne mégotent quand à l’engagement musical. Si vous êtes fan de funk, vous serez comblés. Si vous ne l’êtes pas, c’est assurément votre curiosité qui vous fera écouter cette galette vitaminée qui passe Noël à la moulinette groovy. Quant à nous, l’étrange impression d’être beaucoup plus jeune qu’en réalité, n’a pas été désagréable et retrouver des sonorités datées d’une époque lointaine ne nous a pas déplu. Pour la petite histoire, sachez que le disques a été enregistré dans le studio où Herbie Hancock a mis en boîte son « Headhunters ». A offrir aux gamins qui se vautrent dans la Star Academy.
https://adamshulman.bandcamp.com/album/we-wish-you-a-funky-christmas
